Conditions climatiques : baisse des températures et précipitations variables. Développement de la culture : poursuite de la sénescence ou du dépérissement, défanage en cours pour la récolte d’entreposage. Insectes et acariens : rien de spécial à signaler, avec fin plutôt généralisée des interventions. Maladies : aucun cas de mildiou et progression constante de certaines maladies de faiblesse.
CONDITIONS CLIMATIQUES
Pour la période du 27 août au 2 septembre 2021, des températures plus fraîches ou de saison ont surtout dominé, ce qui a représenté tout un contraste avec la période précédente. Le mercure a atteint une valeur plus élevée pour une seule journée, soit le 30 août avec 27 à 29 °C. Quelques nuits ont été très fraîches dans certains secteurs, mais cela se produit souvent à la toute fin du mois d’août (sommaire agrométéorologique). Des précipitations fort attendues sont survenues les 29 et 30 août principalement, mais avec un cumul variable selon la région. Les secteurs du Témiscamingue, du sud de la Montérégie, de la région de Québec et tout dernièrement de la Gaspésie ont été les plus arrosés (carte des précipitations des sept derniers jours). Pour la période du 3 au 9 septembre, les prévisions d’Environnement Canada mentionnent du temps humide à venir, avec des averses plus fréquentes à partir de dimanche (toutefois, avec le passage des restants de l’ouragan Ida, les secteurs plus à l’est sont déjà sous les averses ou le seront sous peu). Les températures devraient se maintenir près des valeurs de saison.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
La sénescence ou le dépérissement des plants se poursuit plus ou moins rapidement dans les champs, même dans ceux avec des cultivars plus tardifs comme Russet Burbank. Cependant, le temps moins chaud et plus humide à venir pourrait permettre aux plants avec encore une certaine biomasse en santé de poursuivre une croissance. L’irrigation est terminée ou en voie de l’être selon la région, les sources en eau disponibles et/ou l’état du champ.
Les opérations de défanage pour les récoltes destinées à l'entreposage se poursuivent dans les régions du sud de la province et viennent de débuter dans celles plus centrales. Le tout se déroule à un rythme graduel afin de permettre aux tubercules d'atteindre un maximum de calibre, selon la vigueur des plants. Cette année, on rapporte un plus grand nombre de parcelles avec un défanage naturel de plants. Cela ne nécessitera donc pas l’usage d’un défanant, ce qui représente un gain environnemental intéressant. Mais dans d’autres champs, un tel produit pourrait être quand même nécessaire pour lutter contre des mauvaises herbes trop envahissantes (en nombre élevé cette année par endroits) et qui pourraient causer une problématique à la récolte selon le type de machinerie utilisé. En régie biologique, le broyage mécanique des plants est en cours ou a déjà été fait.
Les récoltes de primeurs se poursuivent avec un rythme variable, et un meilleur rendement est constaté dans les régions situées plus au sud. On ne rapporte pas de problème en particulier concernant la qualité des tubercules. Un peu plus de précipitations seraient souhaitées par endroits, afin de limiter les blessures aux tubercules lors de récoltes pour l’entreposage à plus long terme.
INSECTES et ACARIENS
La sénescence ou le dépérissement de la majorité des parcelles rend les plants moins attirants pour la grande majorité des insectes. Les adultes du doryphore de la pomme de terre demeurent encore actifs par endroits, mais le défanage prochain ne justifierait pas d'intervention. Un défanage bien ciblé peut contrôler des larves avant que ces dernières ne deviennent trop grosses en leur enlevant leur nourriture, brisant ainsi leur cycle de développement et diminuant les populations pour la saison prochaine.
Dans les champs où elle est encore dépistée, les captures de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) varient de faibles à légères, sans hausses notables sur la semaine dernière. Des nymphes sont également observées, mais plus localement, ces dernières se concentrant dans des sections de parcelles avec des plants plus en santé.
L’activité des principaux autres bioagresseurs n’a pas ou peu évolué en cours de période. Ils demeurent faiblement présents selon les collaborateurs du RAP. Toutefois, un peu plus localement (ex. : régions de l’est de la province), des populations de pucerons sont un peu plus nombreuses, mais sans causer de dommages à la culture et en nombre beaucoup moins élevé que la saison dernière à la même période.
MALADIES
Aucun cas ou symptôme de mildiou de la pomme de terre n’a été signalé au Québec depuis le début de la présente saison par les différents observateurs ou par les collaborateurs du RAP. Cela représente une bonne nouvelle et indique, entre autres, une bonne régie de contrôle de la part des producteurs au cours de la saison. Un peu partout en province, les conditions climatiques de la période qui se termine n’ont pas été très favorables au champignon. Cependant, celles à venir pourraient l’être avec les risques d’averses prévus sur plusieurs jours. Le maintien de la protection fongicide serait donc nécessaire jusqu'au défanage complet, en particulier pour les parcelles à maturité tardive avec encore du feuillage plutôt sain. Le site Web du USA Blight ne mentionne pas de nouveau cas de mildiou en Amérique du Nord au cours des 7 derniers jours, ce qui limite à 6 le nombre de mentions pour cette année, dont seulement 2 dans la pomme de terre.
Concernant d’autres maladies d’intérêt, le flétrissement verticillien et surtout la dartrose se développent de plus en plus avec la sénescence de la culture et cela accentue également le dépérissement des plants par endroits. Ce sont la plupart du temps des maladies de faiblesses ou de fin de cycle de la culture. À peu près le même constat est rapporté du côté de la brûlure hâtive (ou tache alternarienne), mais avec une intensité généralement moindre, sans impact négatif sur la culture. Avec l’évasement des plants dans des champs, on rapporte l'apparition d'un peu plus de cas de rhizoctone, principalement pour le cultivar Goldrush, ce qui peut contribuer également au dépérissement (voir les photos ci-dessous).
Cas de rhizoctone sur plant (avec des tubercules aériens se développant à l’aisselle des feuilles) et sur tubercule (pustules noires) de pomme de terre
Source : Maxime Brière, collaborateur au RAP Pomme de terre, 30 août 2021
Source : Maxime Brière, collaborateur au RAP Pomme de terre, 30 août 2021
On ne rapporte toujours pas de cas anormal de pourritures de tubercules (ex. : pourriture molle bactérienne, pourriture rose ou pourriture aqueuse), mais le tout est en suivi aux endroits où de plus fortes précipitations ont eu lieu à la fin juin et en juillet (ex. : régions du centre de la province). À ce moment, des baisseurs ont été inondées durant une certaine période. Il serait opportun d’identifier ces zones (avec des drapeaux) pour les récolter en dernier, en entreposant les tubercules plus près de l’entrée de l’entrepôt, ce qui permettra ainsi de faire un meilleur suivi au cas où de la pourriture se déclarerait.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures (GIEC) et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO) et révisé par Louise Thériault, agronome (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.