LÉGIONNAIRE D'AUTOMNE : vigilance recommandée pour toutes les grandes cultures, en particulier les prairies, les céréales d'automne et les cultures de couverture. Maïs : FRAGILISATION DES TIGES CAUSÉE PAR LA SÉCHERESSE et DÉPISTAGE DES MALADIES. Soya : c'est la période idéale pour dépister l'AMARANTE TUBERCULÉE.
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LÉGIONNAIRE D’AUTOMNE : VIGILANCE RECOMMANDÉE DANS PLUSIEURS CULTURES
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les papillons
En Ontario, des dommages de légionnaire d’automne ont été signalés dans des champs d’avoine, de seigle, de prairies et de céréales récemment semés. Des champs de luzerne dans l’est de l’État de New York ont aussi été sévèrement infestés par des larves. Les captures de papillons du RAP Maïs sucré au Québec sont actuellement élevées. La vigilance est donc de mise au Québec, et ce, dans plusieurs cultures jusqu’à la fin septembre.
Les papillons pondent sur de jeunes plants, incluant des mauvaises herbes. Même si le maïs de grandes cultures et certains champs de soya semés tardivement pourraient être menacés par les larves de la légionnaire d’automne, le risque est plus grand pour les prairies, les cultures de couverture et les céréales d’automne. Le développement larvaire s’étend sur deux à trois semaines. La légionnaire d’automne peut causer des dégâts de grignotement importants, creuser des galeries et couper des tiges.
Tout comme la légionnaire uniponctuée, la légionnaire d’automne peut migrer d’un champ à l’autre. Il est donc important d’éviter de semer les céréales d’automne ou une culture de couverture près d’un champ infesté. Si un resemis est envisagé après une infestation, il est nécessaire d’attendre 14 jours avant de procéder pour s’assurer que les larves ne s’attaquent pas à la nouvelle culture. Si la quantité de larves observées dans une prairie justifie une intervention, il peut être envisagé de devancer la fauche, mais il faut s’assurer de conditionner le foin rapidement afin d’éviter que les larves ne continuent à s’alimenter du foin. Dans tous les cas, un traitement insecticide ne devrait pas être appliqué sur des larves dont la taille est supérieure à 2,5 cm (1 po), puisque le traitement n’est plus efficace. Les larves peuvent cependant faire des dégâts jusqu’à leur maturité (lorsqu’elles mesurent 4 cm). Ainsi, il est nécessaire de visiter régulièrement les champs à risque dans les prochaines semaines afin de s’assurer de pouvoir intervenir sur des jeunes larves non parasitées si le seuil économique d’intervention est atteint. La présence d’œufs, blancs et ovales, derrière la tête est un des signes de parasitisme les plus faciles à observer.
Culture | Seuil économique d’intervention | Insecticides homologués |
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Céréales | 4 larves ou plus par zone de 30 cm X 30 cm (1 pi2) | Listes des insecticides homologués : blé d’automne et seigle d’automne |
Cultures fourragères au stade plantule | 2 ou 3 larves (1 po) par zone 30 cm X 30 cm (1 pi2) | Listes des insecticides homologués : prairie de légumineuses et graminées, prairie de graminées, prairie de luzerne, prairie de trèfle et prairie d’autres légumineuses |
Cultures fourragères implantées | 5 larves (1 po) par zone de 30 cm X 30 cm (1 pi2) | Listes des insecticides homologués : prairie de légumineuses et graminées, prairie de graminées, prairie de luzerne, prairie de trèfle et prairie d’autres légumineuses |
Soya dont le stade n’a pas dépassé R5 | 25 % de défoliation | Liste des insecticides homologués dans le soya |
Dans le maïs-grain, il est rarement justifié d’intervenir contre la légionnaire d’automne, d’autant plus que plusieurs technologies Bt protègent la culture contre cet insecte. Pour savoir si un hybride agit contre l’insecte, consultez le tableau Maïs Bt disponibles au Canada (avril 2021). Il est trop tard pour appliquer un insecticide dans le maïs-grain, puisque les larves sont protégées par les feuilles des épis. Comme les larves peuvent créer une porte d’entrée pour certaines maladies, un dépistage des moisissures des champs atteints est recommandé. Pour plus d’information sur la légionnaire d’automne dans le maïs-grain, consultez l’avertissement Nº 16 du 13 août 2021.
MAÏS : FRAGILISATION DES TIGES CAUSÉE PAR LA SÉCHERESSE et DÉPISTAGE DES MALADIES
Groupe de travail sur les maladies des grandes cultures
Pendant la période de remplissage des grains de maïs, des stress importants, tels que la chaleur extrême et la sécheresse qui ont sévi dans certaines régions du Québec, peuvent compromettre la santé des tiges de maïs. Ces stress réduisent la photosynthèse et donc la production de glucides nécessaires au remplissage des grains. Les glucides emmagasinés dans la tige sont alors réacheminés vers les grains, aux dépens de la tige. Cela peut affaiblir la tige, la rendant sensible à la verse et aux pourritures des tiges.
Évaluation de la verse et dépistage des maladies affectant la tige
Ces évaluations devraient être faites entre les stades R5 (grains généralement dentés) et R6 (maturité : accumulation maximale de matière sèche, formation d’un point noir à la base des grains). Les champs présentant les caractéristiques suivantes sont plus à risque et devraient être dépistés en priorité :
- Système racinaire peu développé et peu profond, ou tout autre facteur ayant restreint la croissance des racines telle la compaction;
- Sols sableux, sols ayant une faible capacité de rétention d’eau;
- Maladies foliaires et dommages aux feuilles en début de saison.
Le dépistage peut se faire selon deux méthodes, soit le test de la poussée ou le test de la pincée.
Test de la poussée
- Choisir au hasard 20 plants à 5 endroits bien répartis dans le champ, pour un total de 100 plants;
- Pousser la partie supérieure du plant, de manière à l’écarter de 15 à 20 cm (6 à 8 po) de l’axe vertical pour voir si la poussée cause de la verse ou non;
- Déterminer le pourcentage de tiges pourries.
Test de la pincée
- Choisir au hasard 20 plants à 5 endroits bien répartis dans le champ, pour un total de 100 plants;
- Enlever les feuilles inférieures et pincer la tige au-dessus des racines échasses. Si elle peut facilement être écrasée, la pourriture de la tige se développera probablement. Les symptômes peuvent aussi être observés en coupant la tige en deux sur la longueur;
- Déterminer le pourcentage de tiges pourries.
Les dommages attribuables aux pourritures de la tige sont principalement causés par trois champignons, soit Cladosporium, Colletotrichum ou Gibberella/Fusarium. Ces champignons pathogènes affectent le transport des éléments minéraux dans la plante, ce qui peut nuire au remplissage des grains et rendre les tiges plus sujettes à la verse. Le genre Fusarium est un des principaux producteurs de mycotoxines.
Les plantes infectées flétrissent et les feuilles passent d’un vert clair à un gris vert terne, comme si elles avaient souffert d’un gel ou de la sécheresse. Dépendamment de l’espèce, le tissu intérieur des tiges paraît effiloché et sa couleur peut varier du blanc, rose, saumon, jaune ou orangé. Il se produit alors une coloration jaune à orangée aux entre-nœuds inférieurs et une coloration rose à rougeâtre à l’intérieur de la tige (voir la photo ci-dessous). Tard en saison, il est possible aussi de voir des lésions brun clair à noires près des nœuds, à l’extérieur des tiges. Des conditions de stress, telle la sécheresse, peuvent les rendre plus vulnérables face à l’espèce Fusarium verticillioides.
En plus d’évaluer la solidité des tiges, il est pertinent de dépister les maladies du maïs à cette période de l’année pour identifier les maladies présentes au champ et prendre des actions préventives, notamment pour la récolte, mais aussi pour les saisons à venir. Par exemple, les champs ayant des tiges affaiblies, et donc à risque de verse, devraient être récoltés en premier. Le dépistage permet aussi d’évaluer la tolérance de différents hybrides aux maladies et l’efficacité d’un traitement fongicide effectué plus tôt en saison, s’il y a lieu.
Dépistage des maladies foliaires
Selon une récente enquête réalisée au Québec, les principales maladies foliaires du maïs sont : la rouille commune, le dessèchement, la kabatiellose et l’anthracnose, laquelle peut s’attaquer tant aux feuilles qu’à la tige. Pour accéder à des photos et à la description des symptômes concernant ces maladies, consultez l’avertissement Nº 21 du 3 septembre 2020.
Dépistage des maladies affectant les épis
Certains champignons peuvent provoquer le développement de moisissures sur les épis. C’est aussi aux stades R5 et R6, soit vers la mi-septembre ou quelques semaines avant la récolte, que les épis devraient être examinés pour déceler la présence des champignons. Récoltez à la main au moins 30 épis à différents endroits au hasard dans le champ. Les spathes (feuilles qui recouvrent l’épi) doivent ensuite être retirées afin d’observer la présence de moisissures à la surface des grains. La fiche technique Les moisissures de l’épi du maïs-grain permet d’en savoir plus sur les symptômes de ces maladies et leur potentiel ou non de produire des mycotoxines. Si des moisissures sont observées, il est recommandé de faire analyser les grains pour détecter la présence et les niveaux de mycotoxines.
Devancer la récolte et prévenir la prolifération des mycotoxines lors de l’entreposage
En Ontario, il est recommandé de récolter le plus tôt possible un champ dont 10 % des épis sont atteints de moisissures. Si des dommages par les oiseaux sont évidents (souvent en bordure de champs), récolter séparément les rangs endommagés et, idéalement, conserver et manipuler le grain de ces rangées à part. De même, si un champ de maïs comporte de 10 à 15 % de tiges pourries ou de plants versés, il est préférable de devancer et de faire rapidement la récolte afin de freiner la progression de la maladie et la production éventuelle de mycotoxines. Les éventuels frais supplémentaires de séchage seront compensés par la plus grande facilité de récolte et la moins grande perte au champ.
Le séchage des grains doit être réalisé immédiatement après la récolte afin que l’humidité des grains ne dépasse pas 14 %, car au-delà de ce taux, les moisissures et les mycotoxines continuent de se développer. Il faut également s’assurer de vérifier souvent la température, l’humidité et l’état du grain entreposé. Consultez le guide Ventilation et conservation des grains à la ferme pour obtenir plus d’information sur l’entreposage des grains.
Pour ce qui est du maïs ensilage, une fois mis en silo, les champignons ne devraient pas se développer et produire de toxines, mais pour cela, les conditions doivent être complètement anaérobies (absence d’oxygène). Ainsi, un tassage insuffisant de l’ensilage, une couverture qui n’est pas étanche ou un faible taux de désilage favorisent la production de mycotoxines dans l’ensilage. Il faut également viser à ce que la taille du silo convienne à la taille du troupeau afin que le rythme de consommation quotidienne d’ensilage soit plus rapide que la détérioration qui survient inévitablement lors du désilage. L’emploi d’un inoculant, qui permet d’abaisser rapidement le pH de l’ensilage, contribue aussi à diminuer le risque de formation de toxines une fois l’ensilage récolté. Renseignez-vous auprès de votre agronome pour connaître les conditions de récolte et d’entreposage adaptées au contexte de l’entreprise.
C’EST LA PÉRIODE IDÉALE POUR DÉTECTER L'AMARANTE TUBERCULÉE DANS LES CHAMPS DE SOYA
Groupe de travail du RAP Grandes cultures en malherbologie
Groupe de travail du RAP Grandes cultures en malherbologie
À cette période de la saison, des plants de certaines espèces de mauvaises herbes dépassent le soya, ce qui facilite leur observation. Si vous voyez de tels plants, il est important de les examiner de près pour les identifier correctement. Contactez votre conseiller agricole en cas de doute. Soyez particulièrement vigilant afin de détecter la présence d’amarante tuberculée tôt, avant qu’elle ne se propage sur l’entreprise. Il s’agit d’une mauvaise herbe récemment introduite au Québec, qui résiste à un ou plusieurs groupes d’herbicides et qui est très prolifique.
L’amarante tuberculée est souvent confondue avec d’autres espèces, notamment l’amarante à racine rouge et l’amarante de Powell (voir les photos ci-dessous). L’amarante tuberculée se distingue par les caractéristiques suivantes : des feuilles plus étroites, une tige complètement glabre (sans poils) et une inflorescence moins compacte et comportant plus de branches. De plus, l’amarante tuberculée est la seule amarante au Québec dont les fleurs mâles et femelles se trouvent sur des plants différents, ce qui peut donner l’impression d’avoir affaire à deux espèces différentes.
À cette période de la saison, plusieurs plants d’amarante tuberculée portent déjà des graines viables. Si vous soupçonnez la présence d’amarante tuberculée dans un champ, appliquez rigoureusement les mesures de biosécurité qui s’imposent afin d’éviter la dispersion des graines qui se trouvent sur les plants et celles qui se trouvent dans le sol. Par exemple, portez des bottes de plastique et un habit de protection jetables, stationnez votre véhicule à l’extérieur du champ, etc.
D’autres espèces de mauvaises herbes sont parfois confondues avec l’amarante tuberculée, notamment le chénopode blanc, la petite herbe à poux et l’armoise bisannuelle (voir les photos ci-dessous). Au besoin, n’hésitez pas à consulter votre conseiller(ère), à envoyer des photos à mauvaiseherbe@mapaq.gouv.qc.ca ou à envoyer un échantillon au Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ.
Si vous trouvez de l’amarante tuberculée pour la première fois sur votre entreprise, vous pouvez vous inscrire au Plan d'intervention phytosanitaire pour lutter contre l'amarante tuberculée au amarantetuberculee.ca. Ce plan vous donnera accès à de l’accompagnement et à de l’aide financière pour la gestion de cette mauvaise herbe (ex. : arrachage manuel).
Pour plus d’information
- Fiche Amarante tuberculée : ayez à l’œil cette nouvelle mauvaise herbe résistante et envahissante
- Fiche technique Amarante tuberculée
- Fiche technique Différenciation entre les espèces d’amarantes
- Votre trousse « Résistance des mauvaises herbes » pour 2021
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |
Cet avertissement a été révisé par Pierre-Antoine Thériault, agr., M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.