Conditions météo : temps généralement frais avec peu de précipitations, plus de chaleur à venir. Développement de la culture : bonne croissance en général, irrigation à la hausse. Insectes : pression variable de plusieurs ravageurs. Maladies : aucun cas de mildiou, hausse graduelle de la brûlure hâtive et de la dartrose, évolution variable d’autres pathogènes.
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Pour la période du 30 juillet au 5 août 2021, du temps frais s’est poursuivi, mais un retour à des valeurs plus de saison a été observé à partir du mardi 3 août, et ce, un peu partout en province. Quelques nuits particulièrement fraîches ont été enregistrées avec un mercure aussi bas que 5 à 7 oC dans des localités de plusieurs régions, principalement les 30 et 31 juillet (sommaire agrométéorologique). Du côté des précipitations, elles ont été faibles à légères dans la plupart des secteurs de production de pommes de terre, hormis le secteur plus à l’est de la province (carte des précipitations des 7 derniers jours). Pour les 7 prochains jours (soit du 6 au 12 août), Environnement Canada prévoit des températures généralement au-dessus des moyennes de saison, avec même des 30 oC à venir dans le sud de la province. Le temps devrait être plutôt humide avec des risques d’averses ou d’orages.Toutefois, les quantités de pluie devraient être plutôt légères, et davantage dans les secteurs de l’ouest de la province.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
Malgré les carences notables en précipitations, les températures plutôt fraîches en cours de période ont permis de maintenir un bon développement, selon les collaborateurs. Pour la récolte principale d’automne, l'état de la végétation varie de plutôt stabilisé à encore actif, selon le cultivar et la date du semis. Du tassement est de plus en plus observé dans les allées pour les cultivars de mi-saison en particulier. Cependant, de la sénescence et même un début d’échaudage s’accentuent par endroits (ex. : feuillage plus pâle, jaunissement de l’étage foliaire du bas). L’irrigation s’est poursuivie régulièrement dans les secteurs plus au sud et a démarré ou s’est accentuée ailleurs, là où des sources en eau sont disponibles. La combinaison du temps plus frais et de l’irrigation permet un bon grossissement des tubercules : des collaborateurs mentionnent une avance de près de 7 jours sur la saison dernière. Quelques défauts sont rapportés par endroits, avec un peu de cœur creux, de la gale commune et un début de pourritures. On retrouve ces désordres dans les zones de champs qui étaient asphyxiées à la suite de fortes pluies, ce qui était à prévoir. Les récoltes pour la primeur se poursuivent rondement par endroits, avec une bonne demande et des rendements intéressants. De plus en plus de producteurs procèdent au défanage des champs de certains cultivars plus hâtifs afin d’améliorer la consistance de la pelure des tubercules, et ce, en vue de réduire les risques de développement de certaines maladies en situation post-récolte, notamment.
INSECTES
L’activité de la majorité des insectes a évolué lentement en cours de période à la suite du temps plus frais, mais aussi à la suite d’interventions réalisées au cours de la semaine dernière. La situation pourrait changer avec le temps plus chaud annoncé pour les prochains jours.
Des adultes estivaux du doryphore de la pomme de terre sont de plus en plus présents dans des parcelles de différentes régions en province; la ponte et une quantité accrue de larves sont observées également par endroits. Comme mentionné dans un précédent avertissement, une biomasse foliaire plus imposante dans plusieurs champs cette année permet de supporter plus d’individus. Cependant, selon les résultats de dépistage, des populations localement plus élevées, pour des cultivars à maturité plus tardive, pourraient justifier une intervention.
Selon les données du Réseau de piégeage provincial du MAPAQ (Tableau 1) et de celles en provenance de certains collaborateurs, l’activité des adultes de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) a peu varié, excepté pour le secteur de la Montérégie-Est, où les niveaux de captures sont élevés. Les coupes de foin en cours par endroits pourraient avoir provoqué la migration des adultes de la CPT vers d’autres cultures, comme celles de la pomme de terre. Une attention particulière devrait donc être portée lorsque des parcelles de ces cultures sont à proximité. Des dommages foliaires de la CPT (adultes et nymphes) sont maintenant plus visibles dans des champs en régie biologique, principalement en bordure, à un niveau tolérable ainsi que dans quelques champs en régie conventionnelle, où leur contrôle aurait été déficient. La saison n’est pas encore terminée, surtout si les températures redeviennent plus chaudes et sèches. Le suivi par piège collant ainsi que par des observations visuelles au champ doit donc se poursuivre, particulièrement pour les cultivars à maturité plus tardive.
Tableau 1 : Moyenne des adultes de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) et de la cicadelle de l'aster (CA), par piège, en date du 5 août 2021
Moyenne / Piège | Date de prélèvement | |||||||||||||||||
2021-06-06 2021-06-12 |
2021-06-13 2021-06-19 |
2021-06-20 2021-06-26 |
2021-06-27 2021-07-03 |
2021-07-04 2021-07-10 |
2021-07-11 2021-07-17 |
2021-07-18 2021-07-24 |
2021-07-25 2021-07-31 |
2021-08-01 2021-08-07 * |
||||||||||
Région | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA |
Bas-Saint-Laurent | 0,5 | 10,3 | 7,8 | 10,5 | 6,5 | 57,3 | 2,0 | 36,5 | 10,5 | 7,8 | 3,5 | 8,5 | 3,5 | 4,3 | 2,8 | 9,3 | ||
Capitale-Nationale | 29,3 | 15,1 | 11,7 | 14,1 | 16,3 | 15,7 | 81,7 | 9,1 | 50,5 | 8,9 | 66,9 | 5,8 | 81,1 | 8,1 | 20,8 | 8,0 | 12,6 | 5,6 |
Chaudière-Appalaches | 23,3 | 5,3 | 12,0 | 25,8 | 10,3 | 7,5 | 17,0 | 12,3 | 17,3 | 9,7 | 1,8 | 4,8 | 19,8 | 11,3 | 13,0 | 17,8 | 5,0 | 41,8 |
Lanaudière | 6,5 | 4,0 | 21,4 | 5,0 | 21,5 | 3,4 | 21,5 | 2,4 | 23,8 | 0,5 | 19,7 | 1,6 | 10,5 | 1,5 | 35,1 | 0,3 | ||
Laurentides | 31,0 | 71,5 | 45,0 | 65,5 | 102,0 | 35,0 | 33,5 | 2,5 | 5,5 | 2,0 | 14,5 | 2,5 | 11,0 | 5,5 | ||||
Mauricie | 12,0 | 19,5 | 9,0 | 36,0 | 19,0 | 51,5 | 6,0 | 6,5 | 9,0 | 6,0 | 34,5 | 43,0 | 42,0 | 23,0 | 46,0 | 9,5 | ||
Montérégie-Est | 7,0 | 3,0 | 16,0 | 23,0 | 22,0 | 3,5 | 47,5 | 6,5 | 37,5 | 4,5 | 0,0 | 9,0 | 52,0 | 59,0 | 174,5 | 128,0 | 347,5 | 128,5 |
Montérégie-Ouest | 15,5 | 5,5 | 9,5 | 1,0 | 18,0 | 0,5 | 9,5 | 0,5 | 4,5 | 0,0 | 5,5 | 0,0 | 9,0 | 0,0 | ND | ND | ||
Outaouais | 87,0 | 2,0 | 16,5 | 1,0 | 3,0 | 1,0 | 18,0 | 2,5 | 4,5 | 0,5 | 6,0 | 1,5 | 3,0 | 0,5 | 3,0 | 0,0 | ||
Saguenay–Lac-Saint-Jean | 0,0 | 3,0 | 4,0 | 1,8 | 2,5 | 4,0 | 0,8 | 1,5 | 0,0 | 0,8 | 1,0 | 0,3 | 0,0 | 0,0 | ||||
Total général | 24,4 | 10,6 | 15,8 | 14,0 | 15,3 | 13,1 | 34,5 | 16,4 | 29,4 | 10,5 | 24,8 | 3,9 | 31,6 | 9,9 | 21,2 | 12,2 | 35,4 | 16,0 |
* Données partielles en date du 5 août.
ND : données non disponibles.
Collaboration : Jean-Philippe Légaré, biologiste-entomologiste, MAPAQ.
Remarque : Chaque champ est différent et les données présentées dans le tableau ci-dessus le sont à titre indicatif seulement. Elles ne doivent pas servir de justification pour intervenir contre les cicadelles dans votre région.
ND : données non disponibles.
Collaboration : Jean-Philippe Légaré, biologiste-entomologiste, MAPAQ.
Remarque : Chaque champ est différent et les données présentées dans le tableau ci-dessus le sont à titre indicatif seulement. Elles ne doivent pas servir de justification pour intervenir contre les cicadelles dans votre région.
Des collaborateurs mentionnent une certaine progression de l’activité des adultes de l’altise à tête rouge en Montérégie, Mauricie, Centre-du-Québec et Capitale-Nationale, généralement sous le seuil de nuisibilité, sauf localement où une intervention a été jugée nécessaire.
Le même constat est rapporté du côté des pucerons alors que des populations augmentent par endroits, mais moins vite que prévu (sauf pour des secteurs de l’est de la province) et surtout dans des champs qui n’ont pas reçu d’insecticide lors du semis. Le temps chaud et sec est généralement plus propice à leur activité. En régie biologique, des observateurs signalent un contrôle satisfaisant des pucerons par les auxiliaires, présents en nombre significatif.
Les collaborateurs rapportent une activité plutôt faible d’autres insectes comme la punaise terne, la pyrale du maïs et le tétranyque.
MALADIES
Aucun cas de mildiou de la pomme de terre n’est à signaler au Québec depuis le début de la présente saison, autant en régie conventionnelle que biologique. Le site du USA Blight ne mentionne pas de nouveaux cas pour les 7 derniers jours, ce qui limite à deux déclarations (soit dans les États de la Géorgie et du Wisconsin) depuis le début de la saison. C’est le génotype US-23 qui a été identifié au Wisconsin. Concernant les réseaux de capteurs de spores en activité au Canada, aucune nouvelle capture de mildiou n’a eu lieu en Ontario ni au Manitoba, depuis le 12 juillet; et aucune capture n’a été faite dans les provinces maritimes (Île-du-Prince-Édouard et Nouveau-Brunswick) depuis le début de la saison. C’est également le même constat rapporté par des collaborateurs du RAP pour certaines régions de la province. Pour la semaine à venir, du temps plus humide et des averses par moments sont prévus. Cela pourrait représenter des conditions plus favorables à une possible sporulation du champignon. On rappelle que même s'il y a moins de nouveau feuillage produit dans les champs, la maladie peut se développer à la suite du tassement des plants, dans des parcelles en sénescence; des conditions plus humides et propices au champignon sont ainsi créées. Plusieurs taches abiotiques peuvent être confondues avec le mildiou. Pour aider à la bonne identification, l’assistance d’un conseiller expérimenté peut s’avérer utile. Il faut maintenir une protection fongicide jusqu’au défanage complet de la culture.
Des collaborateurs de plusieurs régions rapportent une hausse plus ou moins importante de l’activité de la brûlure hâtive. Par endroits, surtout pour les secteurs de l’ouest de la province, il y a une migration des taches vers l’étage médian de plants, principalement pour ceux en sénescence et/ou en début de stress hydrique. Il est intéressant de mentionner que des champs d’un même producteur peuvent être porteurs de la maladie et d’autres pas du tout, selon le cultivar et/ou la rotation pratiquée, entre autres. On rappelle que le dépistage régulier des champs s'avère nécessaire afin de déterminer si c’est bien la présence du champignon qui cause les taches en présence (et qu’elles ne sont pas d’origine abiotique, par exemple) et quelle espèce est responsable (Alternaria alternata et/ou Alternaria solani).
La dartrose est une autre maladie fongique qui a profité de la sénescence des plants pour s’y développer, particulièrement sur les tiges. Des symptômes sont un peu plus fréquents dans des secteurs de la Montérégie et de Lanaudière. On retrouve également un début de maladie dans la Capitale-Nationale. Un diagnostic de la maladie en laboratoire a été fait récemment, alors qu’aucun symptôme typique n'était visible dans la parcelle échantillonnée. Une fois présente dans un champ, la dartrose est difficilement contrôlable par la suite, en cours de saison.
Le temps plus frais en cours de période a ralenti, mais n'a pas arrêté le développement du flétrissement verticillien pour des parcelles plus à risque. On en signale maintenant dans un peu plus de régions. Il n’y a aucune intervention possible à cette période-ci. Une meilleure régie de culture (choix de rotation, cultivar, etc.) serait à favoriser dans l’avenir, pour améliorer le contrôle de la maladie.
Les nombreux cas de jambe noire recensés depuis le début de la saison ont généralement peu progressé en cours de période, à la suite du temps plus sec et frais. Toutefois, cela pourrait changer avec la pratique de l’irrigation par temps plus chaud ou avec la venue d’averses orageuses.
Des cas de rhizoctone ont été rapportés sur des tiges, juste sous le niveau du sol, principalement dans des secteurs qui ont reçu plus de précipitations en juin et juillet (ex. : Capitale-Nationale). Cela cause, entre autres, un flétrissement de plants et aussi la formation de tubercules aériens.
Le temps plus sec a également ralenti l’activité de la moisissure grise et de la moisissure blanche (pourriture sclérotique), avec des infections qui demeurent encore surtout concentrées sur le feuillage du fond des allées de parcelles plus végétatives.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures (GIEC) et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO) et révisé par Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.