Conditions météo : températures à la baisse avec des précipitations parfois modérées et variables. Développement de la culture : croissance végétative active ou stabilisée; bon grossissement des tubercules. Insectes : pression généralement stable ou à la baisse de l’ensemble des ravageurs. Maladies : aucun cas de mildiou, progression graduelle de la brûlure hâtive et évolution variable d’autres pathogènes.
CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES
Pour la période du 23 au 29 juillet 2021, le mercure s’est maintenu plutôt près des moyennes de saison, mais avec une baisse marquée à partir du 27 juillet. Quelques nuits ont été très fraîches en fin de période, dans des secteurs du centre et du nord de la province en particulier, avec près de 3 oC à Saint-Ambroise, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, et 4 à 5 oC localement, dans Portneuf, le 28 juillet (sommaire agrométéorologique). Les précipitations ont été plutôt hétérogènes selon la région, se concentrant davantage les 25 et/ou 26 juillet. Des secteurs comme la grande région de Québec et l’Abitibi-Témiscamingue ont été plus arrosés avec des accumulations supérieures à 40 mm dans plusieurs localités. Des orages ont éclaté un peu partout, avec des épisodes de grêle rapportés, sans avoir affecté les parcelles suivies par les collaborateurs du RAP (carte des précipitations des 7 derniers jours). Pour la prochaine semaine (soit du 30 juillet au 5 août), Environnement Canada prévoit des températures sous les moyennes saisonnières qui augmenteront graduellement en cours de période. Peu de précipitations sont attendues; elles auront lieu principalement aujourd’hui le 30 juillet et/ou demain, selon la région.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
La majorité des champs présente encore une belle allure, avec des rangs qui se touchent ou qui sont bien fermés. On rapporte une végétation plutôt stabilisée ou qui a tendance à s’évaser dans les régions plus au sud, mais encore active ailleurs, selon les précipitations reçues et le cultivar. Le stade « fin floraison » est de plus en plus généralisé en province. Un début de sénescence pour des cultivars mi-saison est visible là où moins de précipitations ont eu lieu (feuillage du bas de plants qui pâlit) (photo 1). Le grossissement des tubercules continue à être bon, peut-être un peu moins rapide que la semaine dernière par endroits; aucun défaut anormal rapporté pour le moment. Dans les secteurs où les précipitations ont été insuffisantes, l’irrigation a repris pour soutenir la croissance des plants. À noter que des producteurs de certaines régions (ex. : Capitale-Nationale) n’ont pas encore irrigué depuis le début de la présente saison. Dans des régions plus centrales de la province, on rapporte des accumulations récurrentes en eau dans des secteurs de champs avec une texture de sol plus lourde. Lorsque des tubercules demeurent plus de 48 heures consécutives dans une telle situation, le développement de pourritures augmente grandement. On ne rapporte pas, pour le moment, d’effet de la fumée de feux de forêt (en provenance de l’Ouest canadien) sur la croissance des plants. Finalement, du côté des récoltes, les chantiers se sont activés de la région de Québec vers l’ouest, et ce, pour plusieurs types de marchés. Le rendement et la qualité des tubercules sont à la satisfaction des producteurs suivis.
INSECTES
La deuxième génération des adultes du doryphore de la pomme de terre s’est activée dans les régions du sud et du centre de la province. De jeunes larves apparaissent également sur le feuillage, le plus souvent dans les bordures de champs. Il y a encore de grosses larves de la 1re génération qui trainent par endroits. Les collaborateurs rapportent des populations bien variables selon le champ. Comme nous l'avons déjà mentionné, la biomasse foliaire plus importante cette année permet de tolérer un plus grand nombre de larves, ce qui explique que moins d’interventions ont été réalisées dernièrement. Un dépistage approprié permet de déterminer si un contrôle est nécessaire ou non, localement ou de manière plus généralisée.
Selon les données du Réseau de piégeage provincial du MAPAQ (Tableau 1) et de celles en provenance de certains collaborateurs, l’activité des adultes de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) a diminué en cours de période, sauf localement. Le même constat est signalé pour les nymphes (sauf en régie biologique). Cela pourrait être lié à de récentes interventions réalisées par les producteurs. Peu de symptômes foliaires associés à leur activité sont mentionnés encore pour cette semaine, la bonne croissance des plants et le temps moins chaud aidant. Par rapport à la saison dernière, les captures continuent à être moins élevées. La saison n’est pas encore terminée pour ce bioagresseur, et le suivi par piège ainsi que visuellement au champ doit continuer.
Tableau 1 : Moyenne des adultes de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) et de la cicadelle de l'aster (CA), par piège, en date du 30 juillet 2021
Moyenne /piège | Date de prélèvement | |||||||||||||||
2021-06-06 - 2021-06-12 | 2021-06-13 - 2021-06-19 | 2021-06-20 - 2021-06-26 | 2021-06-27 - 2021-07-03 | 2021-07-04 - 2021-07-10 | 2021-07-11 - 2021-07-17 | 2021-07-18 - 2021-07-24 | 2021-07-25 - 2021-07-31* | |||||||||
Région | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA | CPT | CA |
Bas-Saint-Laurent | 0,5 | 10,3 | 7,8 | 10,5 | 6,5 | 57,3 | 2,0 | 36,5 | 10,5 | 7,8 | 3,5 | 8,5 | 3,5 | 4,3 | ||
Capitale-Nationale | 29,3 | 15,1 | 11,7 | 14,1 | 16,3 | 15,7 | 81,7 | 9,1 | 50,5 | 8,9 | 66,9 | 5,8 | 81,1 | 8,1 | 20,8 | 8,0 |
Chaudière-Appalaches | 23,3 | 5,3 | 12,0 | 25,8 | 10,3 | 7,5 | 17,0 | 12,3 | 17,3 | 9,7 | 1,8 | 4,8 | 19,8 | 11,3 | 13,0 | 17,8 |
Lanaudière | 6,5 | 4,0 | 21,4 | 5,0 | 21,5 | 3,4 | 21,5 | 2,4 | 23,8 | 0,5 | 19,7 | 1,6 | 10,5 | 1,5 | ||
Laurentides | 31,0 | 71,5 | 45,0 | 65,5 | 102,0 | 35,0 | 33,5 | 2,5 | 5,5 | 2,0 | 14,5 | 2,5 | ||||
Mauricie | 12,0 | 19,5 | 9,0 | 36,0 | 19,0 | 51,5 | 6,0 | 6,5 | 9,0 | 6,0 | 34,5 | 43,0 | 42,0 | 23,0 | ||
Montérégie-Est | 7,0 | 3,0 | 16,0 | 23,0 | 22,0 | 3,5 | 47,5 | 6,5 | 37,5 | 4,5 | 0,0 | 9,0 | 52,0 | 59,0 | ND | ND |
Montérégie-Ouest | 15,5 | 5,5 | 9,5 | 1,0 | 18,0 | 0,5 | 9,5 | 0,5 | 4,5 | 0,0 | 5,5 | 0,0 | ND | ND | ||
Outaouais | 87,0 | 2,0 | 16,5 | 1,0 | 3,0 | 1,0 | 18,0 | 2,5 | 4,5 | 0,5 | 6,0 | 1,5 | 3,0 | 0,5 | ||
Saguenay–Lac-Saint-Jean | 0,0 | 3,0 | 4,0 | 1,8 | 2,5 | 4,0 | 0,8 | 1,5 | 0,0 | 0,8 | 1,0 | 0,3 | ||||
Total général | 24,4 | 10,6 | 15,8 | 14,0 | 15,3 | 13,1 | 34,5 | 16,4 | 29,4 | 10,5 | 24,8 | 3,9 | 31,6 | 9,9 | 13,4 | 6,5 |
ND : données non disponibles.
Collaboration : Jean-Philippe Légaré, biologiste-entomologiste, MAPAQ.
Remarque : Chaque champ est différent et les données présentées dans le tableau ci-dessus le sont à titre indicatif seulement. Elles ne doivent pas servir de justification pour intervenir contre les cicadelles dans votre région.
Des adultes de l’altise à tête rouge (photo 2) sont un peu plus présents en bordure de champs, mais cela ne cause pas de problèmes avec la présence d’une forte biomasse foliaire. Cependant, un suivi est en cours dans certains secteurs plus à risque (ex. : Mauricie, Centre-du-Québec, Capitale-Nationale).
Des adultes de la punaise terne sont actifs par endroits, mais ils ne causent pas de dommages.
Les populations de divers pucerons continuent à augmenter graduellement dans les régions du sud et du centre de la province, principalement dans des parcelles sans insecticide appliqué au semis ou récemment en traitement foliaire. Des individus sont observés dans le haut des plants par endroits, ce qui mérite un suivi plus serré. Ailleurs, leur présence est maintenant rapportée dans plus de champs, avec des migrations récentes (formes ailées), mais à un niveau encore faible. En régie biologique, des pucerons momifiés sont de plus en plus observés, ce qui indique une activité à la hausse des auxiliaires (ex. : guêpes parasitoïdes).
Aucune activité ou dommage associés aux tétranyques n’est encore rapporté.
MALADIES
Aucun cas de mildiou de la pomme de terre n’est à signaler au Québec depuis le début de la présente saison ni ailleurs au Canada. Cependant, le site du USA Blight mentionne les deux premiers cas de la saison, dans l’État de Géorgie (26 juillet, dans la tomate) et au Wisconsin (28 juillet, dans la pomme de terre). Des collaborateurs du RAP ne mentionnent aucune capture de spores du mildiou pour quelques régions de notre province. Au cours de la semaine qui se termine, des conditions favorables à la maladie ont été identifiées par des modèles prévisionnels, comme MILÉOS, et ce, dans plusieurs régions. Pour la semaine à venir, même si peu de précipitations sont annoncées, les conditions climatiques plus fraîches pourraient être à nouveau favorables à une possible sporulation du champignon, à la suite d’une hygrométrie nocturne et/ou matinale élevée, entre autres. Phytophthora infestans se développe souvent sur le nouveau feuillage ou celui le plus vert de l’étage du haut des plants et dans les rangs où passent la machinerie (ex. : pulvérisateur). Il est important de détecter tôt les symptômes de mildiou (avant de voir des foyers) en marchant bien les champs. Il faut également maintenir une protection fongicide jusqu’au défanage complet de la culture.
La maturation et/ou la sénescence de plants favorisent le développement de la brûlure hâtive dans certaines régions, avec un début d’observation dans l’étage médian de plants. Cependant, son contrôle est rapporté comme bon dans la majorité des champs. Plusieurs autres symptômes parfois similaires sont présentement observables sur des plants, et ce, dans plusieurs parcelles (ex. : carences minérales, brûlure par des polluants, phytotoxicité, désordres abiotiques). En cas de doute, une analyse en laboratoire peut être nécessaire pour confirmer ou non la présence du champignon (Alternaria solani qui est l’espèce pathogénique ou Alternaria alternata qui est celle dite de faiblesse).
Aucun nouveau cas de jambe noire (causée par Pectobacterium spp. ou Dickeya spp.) n’est signalé. Cependant, pour les cas déjà connus et suivis, on rapporte une variabilité de l’activité selon le cultivar et les conditions climatiques régionales de la dernière semaine. On rappelle qu’une identification en laboratoire est nécessaire pour confirmer l’organisme responsable, car d’autres pathogènes peuvent causer des symptômes parfois similaires.
Sans surprise, l’activité de la moisissure grise (Botrytis cinerea) et de la moisissure blanche ou pourriture sclérotique (Sclerotinia sclerotiorum) augmente dans plusieurs champs, principalement dans le fond des allées, à la suite du tassement du feuillage (photo 3). Actuellement, les infections varient de faibles à légères.
Les cas de dartrose rapportés dernièrement en Montérégie et dans Lanaudière auraient peu évolué.
Concernant le flétrissement verticillien, quelques nouveaux champs porteurs ont été identifiés dans plus de régions, mais le temps moins chaud ralentit la progression du champignon responsable de la maladie.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures (GIEC) et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO) et révisé par Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.