Pomme de terre, Avertissement No 11, 23 juillet 2021

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Pomme de terre
Conditions météo : températures plutôt saisonnières avec des précipitations variables. Développement de la culture : bonne croissance végétative avec une tubérisation active. Insectes : adultes du doryphore de retour; activité variable de la cicadelle de la pomme de terre. Maladies : aucun cas de mildiou; progression plutôt lente de la brûlure hâtive; début d’activité d’autres maladies.


CONDITIONS MÉTÉOROLOGIQUES

Pour la période du 16 au 22 juillet 2021, des températures plutôt saisonnières ont été enregistrées, peut-être un peu sous les moyennes par endroits, avec des nuits parfois douces et surtout humides. De nouveau cette semaine, le mercure est demeuré sous les 30 oC le jour (sommaire agrométéorologique). Les précipitations ont été hétérogènes sur le territoire, avec des accumulations plutôt légères en général et plus importantes par endroits, à la suite d’averses et d'orages localisés (carte des précipitations des 7 derniers jours). Pour les 7 prochains jours (soit du 23 au 29 juillet), les prévisions émises par Environnement Canada indiquent des températures généralement sous les moyennes de saison. Du côté des précipitations, elles s’annoncent fréquentes dans certains secteurs, notamment plus au nord, mais avec des quantités de pluie plutôt légères. Une perturbation un peu plus importante est également prévue le 25 et/ou 26 juillet, selon la région.

 
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
 
La croissance demeure bonne à peu près partout à la faveur du fond d’air humide et des températures modérées. La plupart des parcelles sont en floraison ou en début de sénescence plus au sud, et surtout en floraison ou début floraison dans celles plus au nord. La biomasse foliaire est généralement saine sauf dans certains champs où des taches, des décolorations ou des brûlures apparaissent ou se développent sur les feuilles (voir photos). La ou les causes sont toujours à l’étude, avec des analyses en cours par endroits (phytotoxicité par un pesticide, carences minérales dont en potassium, désordres abiotiques ou physiologiques, etc.). Les tubercules grossissent rapidement partout en province, et leur nombre par plant est mentionné comme supérieur à la saison dernière. La pratique de l’irrigation se poursuit dans le sud de la province et a débuté par endroits, ailleurs en terrains légers, pour compléter les précipitations et soutenir le développement des plants. Au stade du grossissement des tubercules (bulking), les plants ont besoin d’un équivalent en eau de 30 à 45 mm/semaine (selon le type de sol et la température) pour bien nourrir les tubercules, mais aussi pour diminuer le développement de certains pathogènes (ex. : gale, brûlure hâtive) et de malformations. Les récoltes continuent à s’intensifier pour le marché de la table, avec de bons rendements et une belle qualité. Pour la transformation (ex. : croustille), les chantiers devraient débuter au cours des prochains jours.
 
Image Agri-Réseau

Photo 1. Brûlure foliaire sur un plant de pommes de terre, avec origine qui reste à déterminer,
mais en lien avec les conditions climatiques en cours depuis le début du mois de juillet.
Crédit photo : Maxime Brière (collaborateur au RAP), 19 juillet 2021.

 
 
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Photo 2. Symptômes associés à de l'œdème foliaire, à la suite de fortes périodes de rosées par temps très humides; cultivar 'Campagna'.

Cédit photo : Geneviève Lachance, stagiaire (RLIO), 21 juillet 2021

  
 
INSECTES
 
Le suivi des populations du doryphore de la pomme de terre demeure toujours d’actualité par endroits. De nouveaux adultes d’été commencent à être plus actifs dans des secteurs du sud. Ces derniers peuvent causer des dommages rapidement, principalement en bordure des champs. Leur pression est plus forte aux endroits où le contrôle de la première génération a été déficient ou près de champs en rotation, à la suite d’une migration en provenance de volontaires. Une intervention est nécessaire seulement si les données du dépistage l’indiquent et selon le stade d’avancement de la culture.

Selon les données du Réseau de piégeage provincial du MAPAQ (Tableau 1) et de celles en provenance de certains collaborateurs, l’activité des adultes de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) s’est stabilisée ou a augmenté en cours de période (avec encore localement plus de 250 adultes/piège/semaine). Cependant, plus de nymphes qu'à la période précédente sont rapportées, par des collaborateurs, dans des parcelles sans intervention insecticide récente. Un peu plus de symptômes foliaires associés à leur présence sont aussi notés, mais encore faiblement. On rappelle que la forte biomasse foliaire de cette année permet aux plants de mieux supporter des populations de CPT. Avant de déclencher une intervention, il faut justifier la présence des CPT dans le champ. Concernant le suivi des adultes, on rappelle qu’il est important d’ajuster la hauteur des pièges collants en fonction de celle de la canopée pour une efficacité optimale (en plus de les changer régulièrement). Il faut que les pièges soient également visibles pour un humain, à une certaine distance.
 
Tableau 1 : Moyenne des adultes de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) et de la cicadelle de l'aster (CA), par piège, en date du 23 juillet 2021
Moyenne / piège Date de prélèvement
2021-06-06 - 2021-06-12 2021-06-13 -2021-06-19 2021-06-20 - 2021-06-26 2021-06-27 - 2021-07-03 2021-07-04 - 2021-07-10 2021-07-11 - 2021-07-17 2021-07-18 - 2021-07-24*
Région CPT CA CPT CA CPT CA CPT CA CPT CA CPT CA CPT CA
Bas-Saint-Laurent     0,5 10,3 7,8 10,5 6,5 57,3 2,0 36,5 10,5 7,8 3,5 8,5
Capitale-Nationale 29,3 15,1 11,7 14,1 16,3 15,7 81,7 9,1 50,5 8,9 66,9 5,8 81,1 8,1
Chaudière-Appalaches 23,3 5,3 12,0 25,8 10,3 7,5 17,0 12,3 17,3 9,7 1,8 4,8 19,8 11,3
Lanaudière     6,5 4,0 21,4 5,0 21,5 3,4 21,5 2,4 23,8 0,5 19,7 1,6
Laurentides         31,0 71,5 45,0 65,5 102,0 35,0 33,5 2,5 5,5 2,0
Mauricie     12,0 19,5 9,0 36,0 19,0 51,5 6,0 6,5 9,0 6,0 34,5 43,0
Montérégie-Est 7,0 3,0 16,0 23,0 22,0 3,5 47,5 6,5 37,5 4,5 0,0 9,0 52,0 59,0
Montérégie-Ouest     15,5 5,5 9,5 1,0 18,0 0,5 9,5 0,5 4,5 0,0 ND ND
Outaouais     87,0 2,0 16,5 1,0 3,0 1,0 18,0 2,5 4,5 0,5 6,0 1,5
Saguenay–Lac-Saint-Jean         0,0 3,0 4,0 1,8 2,5 4,0 0,8 1,5 0,0 0,8
Total général 24,4 10,6 15,8 14,0 15,3 13,1 34,5 16,4 29,4 10,5 24,8 3,9 33,1 10,5
* Données partielles en date du 22 juillet.
ND : données non disponibles.
Collaboration : Jean-Philippe Légaré, biologiste-entomologiste, MAPAQ.
Remarque : Chaque champ est différent et les données présentées dans le tableau ci-dessus le sont à titre indicatif seulement. Elles ne doivent pas servir de justification pour intervenir contre les cicadelles dans votre région.


 
Les populations de pucerons ont augmenté par endroits, surtout dans des champs sans insecticide appliqué au semis, et pour des secteurs du sud de la province. Un contrôle, si nécessaire, et en lien avec les données du dépistage, est parfois réalisé conjointement contre les pucerons et la CPT.

Les adultes de l’altise à tête rouge sont présents en bordure des champs, mais cela ne cause pas de problèmes grâce à la bonne biomasse foliaire. C’est à peu de chose près la même situation pour les adultes de la punaise terne.

Concernant la pyrale du maïs, seulement quelques dommages sur tiges sont mentionnés dans le secteur du Saguenay–Lac-Saint-Jean. Cependant, la ponte des papillons se poursuit, ce qui nécessite un suivi encore serré des champs.

Aucune activité ou dommages associés aux tétranyques n’a été signalé.
 
 
MALADIES

Aucun cas de mildiou de la pomme de terre sur des plants n’est à signaler au Québec, depuis le début de la présente saison, ainsi qu’ailleurs au Canada. La même situation prévaut en Amérique du Nord également, selon le site du USA Blight. Concernant des réseaux de capteurs de spores en place au Canada, aucune nouvelle capture n’a eu lieu en Ontario et au Manitoba (il y en avait eu localement, la semaine dernière). Aucune capture n’a été faite dans les provinces maritimes (Île-du-Prince-Édouard, Nouveau-Brunswick). Pour plusieurs secteurs de notre province, les conditions climatiques ont été favorables à une sporulation du champignon au cours de la présente semaine. On rappelle que même sans précipitations significatives, le champignon peut se développer lors de conditions humides (ex. : longue période de mouillure du feuillage, hygrométrie élevée au-dessus de 85 % la nuit, sur une certaine période), surtout sur des plants en santé comme présentement. Il faut porter une attention en particulier aux jeunes pousses végétatives sur les plants, pour y détecter toute trace de la maladie, car ces dernières sont parfois moins bien « protégées ». Il faut maintenir une protection fongicide jusqu’au défanage complet de la culture.

La brûlure hâtive demeure contrôlée dans les champs dont les collaborateurs effectuent un suivi. Cependant, on note une hausse d’activité constante et graduelle dans des parcelles à maturation hâtive, mais encore principalement dans l’étage inférieur des plants. Cela représente donc, pour l’instant, une pression moins élevée que la normale. Une intervention peut être plus justifiable si des premiers signes de la maladie sont dépistés dans l’étage du milieu des plants.

L’activité de la jambe noire (causée par Pectobacterium spp. ou Dickeya spp.) est de nouveau rapportée à la hausse par des collaborateurs, et ce pour des cultivars plus sensibles. Les orages localisés et le temps humide représentent des conditions propices à cette maladie bactérienne. Une identification en laboratoire est souvent nécessaire pour confirmer l’organisme responsable, car d’autres maladies peuvent causer des symptômes plutôt similaires (ex. : flétrissement fusarien).

L’activité de la moisissure grise (Botrytis cinerea) et de la moisissure blanche (ou pourriture sclérotique) est à la hausse dans plusieurs régions, à la suite de la forte humidité qui se prolonge dans les entre-rangs bien fermés. Les chutes de fleurs, qui pourrissent par la suite, conduisent souvent au développement de ces champignons.

Un tout début d’activité associée au flétrissement verticillien est signalé dans quelques parcelles des régions de la Capitale-Nationale et de la Montérégie, le tout étant en lien avec les précédents culturaux.

Finalement, des premiers cas de dartrose ont été rapportés en Montérégie et dans Lanaudière, mais encore à une faible incidence pour le moment.
 
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures (GIEC) et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides.


 
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO) et révisé par Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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