Les stades de développement du cultivar 'Patriot'. Sommaire météo. Dommages par le gel au sol. Images des effets des dernières gelées. Gel et risque de moisissure grise. Maladies à surveiller : anthracnose et phytoplasmes. Insectes à surveiller : grapholita et spongieuses.
STADES DE DÉVELOPPEMENT DU CULTIVAR 'PATRIOT'
Stades de développement
Régions | Bourgeons à feuilles | Bourgeons à fruits |
Montérégie | Expansion des pousses | Début fruit vert (early green fruit) |
Laurentides et Lanaudière | Expansion des pousses | Début fruit vert (early green fruit) |
Estrie, Centre-du-Québec et Mauricie | Expansion des pousses | Début fruit vert (early green fruit) |
Chaudière-Appalaches et Capitale-Nationale | Expansion des pousses | Chute des corolles (petal fall) |
Bas-Saint-Laurent | Déroulement des feuilles | Floraison (bloom) |
Liste et photos des stades du bleuet en corymbe : Highbush blueberry growth stages table (en anglais)
Note : Le tableau ci-dessus indique les stades atteints dans certaines bleuetières pour le cultivar 'Patriot'. Selon votre emplacement, les stades atteints par vos bleuetiers peuvent différer et être plus ou moins avancés.
Note : Le tableau ci-dessus indique les stades atteints dans certaines bleuetières pour le cultivar 'Patriot'. Selon votre emplacement, les stades atteints par vos bleuetiers peuvent différer et être plus ou moins avancés.
SOMMAIRE MÉTÉO
La chaleur du milieu de la dernière semaine fut suivie de journées sèches, froides et venteuses qui ont perduré jusqu'à mardi matin. Plusieurs secteurs ont vécu des épisodes de gel beaucoup plus sévères que prévu. Certaines bleuetières ont subi trois gelées consécutives dans les nuits de jeudi à dimanche. Le stade phénologique des plants a peu évolué pendant la période. Même si la saison demeure hâtive, l'avance sur l'année dernière s'est considérablement amenuisée. Pour plus de détails, vous pouvez consulter le sommaire agrométéorologique de la dernière semaine. Les prochains jours s'annoncent chauds et humides, avec un reverdissement des plants à prévoir.
DOMMAGES PAR LE GEL AU SOL
Les bleuetières favorablement situées, près du fleuve (ou dans des microclimats), ont évité des dommages importants. Mais pour d'autres, ces dommages sont considérables. Sans surprise, les bleuetières situées plus en altitude, en terrain vallonneux ou dans des baissières sont plus affectées. Quelques rares producteurs ont eu recours à des feux de barils ou à l'irrigation par aspersion dans l'espoir de réduire les pertes. Au moment du gel, pour une majorité des sites et des cultivars, le stade de développement des plants se situait entre la floraison et la nouaison (stades qui peuvent être endommagés entre -2 °C et 0 °C, respectivement). Des températures diminuant jusqu'à -5 °C et -6 °C ont été mesurées à certains endroits (Chaudière-Appalaches, Estrie, Mauricie, Capitale-Nationale). Dans ces secteurs, les pertes sont estimées entre 50 % et 75 % localement (plusieurs ont quand même évité le pire). Même dans les régions plus chaudes, comme la Montérégie et le sud des Laurentides, des températures entre -3 °C et -4 °C sont survenues localement. Dans ces secteurs, des pertes atteignant au moins 30 % sont rapportées. Attention cependant, car les chiffres mentionnés ne sont pas des moyennes régionales. Les dommages sont très variables d'une bleuetière à l'autre, et ils peuvent être difficiles à évaluer.
Lorsqu'une corolle brunit le lendemain d'un gel au sol, il est quasi certain que le jeune fruit à la base de la fleur a aussi gelé. Mais pour en être certain, il est possible de retirer la corolle afin de vérifier les structures de la fleur, notamment le pistil (tube central de la fleur) ainsi que le jeune fruit en nouaison. Le pistil et la chair du jeune fruit seront d'un beau vert s'ils ne sont pas gelés (photo ci-dessous).
Photo : Christian Lacroix (MAPAQ)
La photo ci-dessous montre cinq fleurs dont la corolle est plus ou moins roussie par le gel. Les jeunes fruits à la base des 2e et 5e fleurs sont assurément gelés. Pour les autres, c'est incertain.
Photo : Christian Lacroix (MAPAQ)
La photo ci-dessous montre les mêmes cinq fleurs dont les corolles ont été retirées afin d'en exposer le pistil. Les jeunes fruits à la base des fleurs ont également été coupés afin de vérifier la présence de brunissement interne. Le pistil et la chair des 2e, 4e et 5e fruits sont brunis. Les fruits ont donc gelé. Le pistil du 3e fruit est d'un beau vert, mais la chair du jeune fruit est légèrement brunie. Le développement normal de ce fruit est incertain. Seul le 1er fruit semble avoir été épargné par le gel. Il est sain et se développera normalement.
Photo : Christian Lacroix (MAPAQ)
En résumé, voici les principaux signes de gel observés :
- Brunissement des corolles. Ce brunissement survient rapidement, le lendemain d'une gelée. Il peut être partiel (face exposée vers le ciel seulement) ou total. S'il est total, les chances d'avortement des fruits sont élevées. S'il est partiel, alors la corolle aura servi d'enveloppe protectrice pour les fragiles pièces florales sous-jacentes. Dans ce dernier cas, la pollinisation pourra encore survenir, et le fruit pourra poursuivre son développement.
- Brunissement du pistil (tube central de la fleur) à l'intérieur de la corolle. Ce brunissement survient rapidement le lendemain d'une gelée. Un pistil bruni n'est plus fonctionnel. Si la pollinisation n'a pas déjà eu lieu, alors les fruits avorteront.
- Brunissement des fruits. L'oxydation des tissus verts gelés du jeune fruit provoque leur brunissement graduel, suivi d'un noircissement total du fruit. Ce brunissement peut être facilement observé dans les 2 à 4 jours suivant les gelées.
- Arrêt de croissance des fruits. Les fruits sains (non gelés) poursuivront leur croissance normale, contrairement à ceux gelés. Dans la semaine suivant le gel, une différence évidente de calibre pourra être observée entre les fruits sains et ceux avortés qui flétriront graduellement. Attention! Toutes les fleurs saines n'ouvrent pas simultanément : les fruits issus des premières fleurs ouvertes sont actuellement plus gros que ceux des dernières fleurs ouvertes. Dans ce cas, les plus petits fruits demeurent bien verts et ne flétrissent pas (ils sont seulement en retard).
IMAGES DES EFFETS DES DERNIÈRES GELÉES
Jeune pousse et nouveau feuillage grillés par le gel
Photo : Marie-Ève Dion (Consultante), 1er juin 2021
Technique des feux de barils en bleuetière, inspirée des vignobles.
L'efficacité demeure difficile à évaluer, mais n'est certainement pas nulle.
Photo : Christian Lacroix (MAPAQ), 28 mai 2021
GEL ET RISQUE DE MOISISSURE DES FRUITS
Les fruits avortés par le gel flétriront graduellement au cours des prochains jours. Les pousses gelées et les corolles brunies feront de même. Il serait logique de penser que ces tissus morts pourraient devenir des sources de moisissure grise pour les fruits encore sains. L'expérience des années passées montre que ce risque est faible. Le bleuet est beaucoup moins sensible à la moisissure grise que d'autres petits fruits comme la fraise et la framboise. Pour cette raison, malgré la situation actuelle, des traitements de protection contre la moisissure ne sont pas recommandés systématiquement en bleuetière. Toutefois, il sera important de bien surveiller les champs au cours des prochaines semaines, surtout si des conditions très humides devaient survenir.
ANTHRACNOSE
Pour les producteurs ayant un historique de présence d'anthracnose, rappelez-vous que le risque d'infection des fruits est le plus élevé durant la période qui s'étend de la floraison jusqu'au début du fruit vert (grosseur d'un petit pois). Ce risque est d'autant plus élevé que le temps est chaud et humide (comme cela est prévu au cours des prochains jours). Pour en savoir davantage, consultez le bulletin d’information N° 9 du 1er juin 2016.
Symptômes d'anthracnose sur fruit mûr
Photo : Christian Lacroix (MAPAQ)
PHYTOPLASME DU FLÉTRISSEMENT DU BLEUET
Nanisme du feuillage et des plants causé par un phytoplasme
Photo : Luc Urbain (MAPAQ)
INSECTES : GRAPHOLITA ET SPONGIEUSES
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |
Cet avertissement a été rédigé par Christian Lacroix, agronome (MAPAQ) et révisé par Mathieu Côté, agronome (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du réseau Bleuet en corymbe ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d’en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.