Malherbologie, Avertissement No 5, 20 novembre 2020

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Malherbologie

COMPLÉMENT D’INFORMATION SUR L’AMARANTE TUBERCULÉE RÉSISTANTE AUX HERBICIDES DU GROUPE 14

L’information suivante est un complément du bulletin d’information N° 1 Présence d’amarante tuberculée (Amaranthus tuberculatus) résistante aux herbicides du groupe 14 publié par le RAP Malherbologie le 28 janvier 2020.
 
En tout temps, une approche intégrée doit être préconisée pour lutter contre l’amarante tuberculée.

Il a été démontré que l’amarante tuberculée offre une résistance aux herbicides du groupe 14 utilisés en postlevée, donc sur des plantules en croissance active. Le mécanisme développé par cette mauvaise herbe pour résister aux herbicides du groupe 14 s'appelle la délétion G210 et consiste en une mutation de son génome qui implique la délétion complète d'un acide aminé. 

Toutefois, certains herbicides du groupe 14 sont utilisés en prélevée, donc appliqués sur le sol avant la levée de la culture et des mauvaises herbes. Au champ, il a été observé que ces derniers conservaient leur efficacité, et ce, même sur les populations d’amarantes tuberculées connues résistantes. Dans la littérature scientifique, le même phénomène est mentionné, mais plus nuancé.

À pleine dose, on observe que l’efficacité des herbicides du groupe 14, utilisés en prélevée, est intimement liée à l’herbicide utilisé. Certains procurent un excellent contrôle des populations résistantes, soit comparables à celles sensibles, tandis que d’autres ne réussissent pas à contrôler les individus résistants. La famille chimique du groupe 14, soit les éthers de diphényle, les N-Phényl-triazolinones, les N-Phényl-imides ou les N-Phényl-oxadiazolones, qui fournira le meilleur contrôle en prélevée des populations résistantes est variable d’une expérience à l’autre. Ceci témoigne d’une certaine variabilité de l’efficacité des différentes familles du groupe 14, en fonction du biotype d’amarante tuberculée.
 
À dose réduite, la germination des individus résistants est significativement plus grande que celle des individus sensibles. Cela démontre qu’à mesure que l’effet résiduel s’estompe dans le sol pendant la saison, et comme l’amarante tuberculée germe en continu toute la saison, ce sont les individus résistants au groupe 14 qui germeront en premier et produiront des semences. Il est donc possible qu'une population devienne résistante aux herbicides du groupe 14, et ce, sans jamais avoir utilisé de groupe 14 en postlevée.
 
L’utilisation en prélevée d’un herbicide du groupe 14 est donc possible dans les populations résistantes. Cependant, un second moyen de contrôle (soit un autre groupe d’herbicides ou un désherbage mécanique, par exemple) devra être utilisé pour maîtriser les plantules qui émergeront lorsque l’effet résiduel se dissipera ou dans le cas où le biotype d’amarante tuberculé n’est pas affecté par la famille chimique choisie.
 
Cela est aussi valable pour les populations sensibles traitées en prélevée ou en postlevée, car en raison de la très grande quantité de semences produites par plant (de 35 000 à 4 800 000 graines), un seul plant résistant est nécessaire pour créer une population résistante complète l’année suivante.


 
Cet avertissement a été rédigé par l’Équipe de malherbologie du Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection (LEDP) du MAPAQ. Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’équipe de malherbologie ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d’en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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