Pomme de terre, Avertissement No 17, 4 septembre 2020

Conditions climatiques : températures généralement fraîches avec des précipitations significatives. Développement de la culture : poursuite de la sénescence ou du dépérissement de la végétation, défanage en cours, désordres abiotiques sur tubercules. Insectes et acariens : encore de l’activité pour certains d’entre eux, mais en général, c'est la fin des interventions. Maladies : aucun cas de mildiou; dartrose, verticilliose et brûlure hâtive en progression variable.

 
Pour la période du 28 août au 3 septembre 2020, les températures ont été généralement fraîches, mais ont atteint 25 ºC dans le sud de la province à la fin de la période. Quelques nuits ont été très fraîches, ce qui se produit souvent à la fin du mois d’août. De possibles gels au sol ont pu se produire dans des régions plus au nord, comme en Abitibi-Témiscamingue et au Saguenay-Lac-Saint-Jean (voir le sommaire agrométéorologique). De bonnes averses et des orages ont laissé des quantités significatives en précipitations pratiquement partout en province, principalement les 29 août et 2 septembre. Certaines régions ont été plus arrosées, comme celles situées le long de la vallée du fleuve Saint-Laurent, avec plus de 60 mm à plusieurs endroits, comme à Saint-Laurent-de-l’Île-d’Orléans qui a enregistré 72 mm en cours de période (voir la carte des précipitations). Pour les sept prochains jours (soit du 4 au 10 septembre), Environnement Canada annonce principalement du beau temps de vendredi à dimanche avant la venue de plusieurs jours de précipitations par la suite. Les températures devraient se maintenir autour des moyennes de saison selon le secteur.

 
La sénescence des plants se poursuit dans les cultivars de mi-saison et elle débute ou progresse dans ceux plus tardifs. La présence de certaines maladies se mêle à ce phénomène, ce qui accélère le dépérissement dans des champs. La présence de moins de tubercules par plant pourrait aussi avoir été un élément conduisant à du vieillissement prématuré de la végétation par endroits. Des champs de quelques cultivars tardifs montrent encore un bon développement foliaire dans les régions plus centrales. Les précipitations significatives reçues vont aider à terminer le remplissage des tubercules, mais des parcelles étaient déjà trop en déclin pour pouvoir profiter pleinement de ces meilleures conditions de croissance. Le défanage pour la récolte destinée à l’entreposage se poursuit dans les régions du sud de la province et il débute dans celles plus centrales. Lors d’échantillonnages, des collaborateurs signalent la présence de certains désordres abiotiques ou physiologiques sur des tubercules, dont leur incidence reste encore à bien quantifier. On peut mentionner des cas de difformités (ex. : crevasse de croissance ou malformation, surtout dans les types Russet; voir les photos 1, 2 et 3), du cœur creux, des repousses physiologiques plutôt légères (ex. : regermination) ainsi que du « déterrage » de tubercules sur buttes pouvant conduire éventuellement à du verdissement (photo 4). Les récoltes de primeurs se poursuivent à une cadence variable selon la région et les marchés, avec des rendements améliorés sur la semaine précédente.
 
Les températures plus fraîches associées à la diminution de la photopériode et à la sénescence des plants dans plusieurs parcelles ont fortement diminué l’activité de la plupart des insectes, incluant le doryphore. Cependant, pour des champs de cultivars plus tardifs et présentant une biomasse foliaire encore verte, des collaborateurs rapportent à nouveau une hausse de l’activité des pucerons (photo 5), ce qui cause des foyers de dépérissement de plants dans des champs. Aussi, la présence de tétranyques est fréquente dans plus de parcelles, avec des dommages typiques en bordure des champs. Toutefois, le défanage plus généralisé sous peu ne justifie plus d'intervention, sauf très localement. Du côté de la cicadelle de la pomme de terre (CPT), des collaborateurs qui poursuivent le dépistage des adultes à l’aide de pièges collants rapportent des captures nettement à la baisse au cours des sept derniers jours.
   
Aucun symptôme ou cas de mildiou de la pomme de terre n’a été recensé au Québec depuis le début de la saison, par les différents observateurs ou collaborateurs associés au RAP. Plusieurs autres maladies foliaires ou désordres abiotiques sont présents dans des parcelles, ce qui peut compliquer le diagnostic. Il est important de rester vigilant en cette fin de saison et de poursuivre le dépistage des champs afin d’identifier la présence possible de la maladie. Cela permettra ainsi de prendre, au besoin, les mesures nécessaires afin de limiter une possible contamination des tubercules à la suite de fortes précipitations. Le temps moins chaud en cours, combiné aux précipitations plus fréquentes et à l'hygrométrie nocturne et matinale plus élevée, représente des conditions favorables à la sporulation du champignon. Le maintien de la protection fongicide est donc nécessaire jusqu'au défanage complet, en particulier pour les champs avec une biomasse foliaire plus verte. Selon le site Web du USA Blight, un seul nouveau cas de mildiou a été rapporté récemment, soit dans l’État de la Géorgie, ce qui porte le total à sept pour la saison selon ce site. Au Canada, la zone affectée en Colombie-Britannique serait à nouveau active, tandis que celle dans le sud de l’Ontario serait sous contrôle (parcelle défanée). On ne mentionne aucun autre cas de mildiou dans les autres provinces canadiennes. 

La sénescence des plants dans plusieurs parcelles a fait progresser plusieurs maladies, mais de manière graduelle et variable d’un champ à l’autre, ainsi que d’une région à l’autre. C’est le cas de la brûlure hâtive, de la dartrose, du flétrissement verticillien, de la moisissure grise et de la pourriture sclérotique. De ces cinq maladies, seule une intervention contre la brûlure hâtive pourrait être justifiable à cette période-ci de la saison, et ce, pour une parcelle plus à risque qui ne sera pas défanée avant quelques semaines. Les cas de jambe noire qui avait repris une activité récemment n’ont pas évolué selon les collaborateurs. De premiers cas de pourritures de tubercules ont été signalés par endroits. En effet, des envois réalisés au Laboratoire d’expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ ont confirmé la présence de la pourriture rose et de la pourriture molle bactérienne. Finalement, des symptômes de la gale commune sont rapportés par des collaborateurs de plusieurs régions. L'intensité des attaques est cependant variable selon le champ et le cultivar, avec des cas parfois modérés par endroits.

 

Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides.