Pomme de terre, Avertissement No 13, 7 août 2020

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Pomme de terre
Conditions climatiques : des précipitations marquées sur presque l’ensemble de la province. Développement de la culture : rythme toujours variable, amélioration du remplissage des tubercules. Insectes et acariens : 2e génération du doryphore; altises et cicadelle de la pomme de terre à surveiller. Maladies : aucun cas de mildiou et conditions plus propices au développement de certains pathogènes.

 
CONDITIONS CLIMATIQUES

Du 31 juillet au 6 août 2020, les températures ont été chaudes en début de période, atteignant parfois 30 °C et plus dans certains secteurs du Québec. Puis elles sont redescendues à des valeurs saisonnières par la suite (voir sommaire agrométéorologique). Toutefois, c’est le début en force des précipitations qui retient l’attention. Des averses ont eu lieu le 2 août, puis le passage de la tempête tropicale Isaias les 4 et 5 août a laissé d’importantes quantités d’eau, particulièrement dans les régions du sud (35-80 mm) et du centre (50-100 mm) de la province. Localement, le total des précipitations a même dépassé la moyenne mensuelle pour tout le mois d’août, comme dans les secteurs de Trois-Rivières et de Roberval. Des pointes de vent jusqu’à 91 km/h ont été enregistrées sur l’île d’Orléans. Mais, encore une fois, les secteurs situés plus à l’est (Bas-Saint-Laurent, Gaspésie) ont été « épargnés » avec moins de 15 mm au total pour la période (voir carte des précipitations). Pour les 7 prochains jours (soit du 7 au 13 août), Environnement Canada prévoit du temps généralement ensoleillé et plutôt chaud, mais entrecoupé de quelques averses principalement de dimanche à mardi selon la région, sauf pour les régions de l’est du Québec.

 
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
 
Les récentes précipitations significatives ont fait du bien. Cela a permis à la culture de maintenir et même d’améliorer sa croissance, et ce, dans la majorité des régions. L'apparence visuelle de plusieurs parcelles demeure variable. Elle est belle dans les régions plus centrales avec une floraison qui continue à s'étirer par endroits pour des cultivars plus tardifs. On observe toutefois plus de tassement de plants dans des parcelles, après le passage de la récente tempête. Le grossissement des tubercules pour la récolte d'automne s’est amélioré, à la suite des nuits moins chaudes et du temps plus humide. La pratique de l’irrigation a maintenant pris une pause dans les secteurs plus au sud où moins de précipitations avaient été enregistrées depuis le début de la saison. Des collaborateurs rapportent la présence de cœur creux (photo 1) et de fente de croissance (photo 2) par endroits, dans certaines parcelles du centre de la province. La sénescence de la culture dans des champs avec une biomasse foliaire moins développée a fait ressortir plus de mauvaises herbes dans les allées (et parfois même sur les rangs). Les récoltes de primeurs se poursuivent à une cadence variable selon la région. Certains producteurs retardant un peu le tout, si le marché le permet, afin d’obtenir un meilleur rendement. La qualité des tubercules est rapportée comme belle, sauf pour quelques cas de gale commune par endroits.
 
Image Agri-Réseau

Photo 1. Cœur creux (et même un « double » cœur creux) dans un tubercule de pomme de terre, cultivar Atlantic.
Photo : Patrice Thibault, agronome, RLIO inc., 5 août 2020

 
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Photo 2. Fente de croissance sur des tubercules de pommes de terre, cultivar Viking.

Photo : Maxime Brière, Mauricie, 28 juillet 2020



INSECTES

Les températures chaudes ont gardé le doryphore actif en cours de période. Des adultes de la 2e génération sont de plus en plus présents dans les régions allant de Québec vers l'ouest, avec une ponte en cours. De jeunes larves ont fait leur apparition dans des secteurs de la région de Montréal et du centre de la province, ce qui a nécessité une intervention locale. La venue des précipitations a revigoré les plants, ce qui permet de tolérer plus d’individus par endroits, mais le dépistage régulier des champs demeure nécessaire. Dans les secteurs plus à l'est, on mentionne maintenant un bon contrôle de ce bioagresseur.

Selon les données du Réseau provincial de piégeage du MAPAQ, la pression de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) se maintient à des niveaux élevés par endroits. C’est le cas, particulièrement, dans les secteurs de Lanaudière, des Laurentides et de la Capitale-Nationale. Les captures demeurent toujours bien au-dessus d’une saison dite normale pour la période. Une 2e coupe de foin de la saison est en cours par endroits, et cela pourrait provoquer la migration des adultes de la CPT vers d’autres cultures comme celle de la pomme de terre. Une attention particulière doit donc être portée sur les parcelles à proximité. À la suite des interventions pratiquées dans plusieurs endroits, les symptômes foliaires associés à l’activité des CPT demeurent plutôt limités. Cependant, ils progressent graduellement et sont bien visibles en production biologique. Les captures de la cicadelle de l’aster (CA) continuent d'être en hausse par endroits, mais cela ne menace pas la culture.

Les adultes de l’altise à tête rouge continuent à nécessiter un suivi serré dans des parcelles de certaines régions (ex. : Mauricie, Capitale-Nationale, Montérégie).

L’activité des pucerons progresse graduellement un peu partout en province, principalement dans des parcelles qui n’ont pas reçu un traitement insecticide au semis. Des interventions localisées ont eu lieu en production commerciale de pomme de terre, souvent en visant le contrôle d’autres insectes (ex. : altises, CPT).

Les collaborateurs rapportent une activité plutôt faible d’autres insectes comme la punaise terne et la pyrale du maïs. Du côté des tétranyques, des populations localement élevées ont à nouveau exigé une intervention dans le secteur de la Montérégie.

 
MALADIES

Aucun cas de mildiou de la pomme de terre n’a été rapporté au Québec depuis le début de la saison. Cela vaut autant pour les parcelles suivies en régie biologique que celles en régie conventionnelle. Plusieurs taches abiotiques peuvent être confondues avec du mildiou. Pour aider à la bonne identification, l’assistance d’un conseiller expérimenté peut s’avérer utile. La venue des récentes précipitations, l’hygrométrie en hausse durant la nuit, la reprise végétative dans des champs et/ou le tassement des plants dans des parcelles en sénescence peuvent créer des conditions favorables à la maladie. Une protection fongicide régulière devrait donc se poursuivre. Un suivi réalisé dans certaines régions de la province indiquait l'absence de spores de mildiou en date du 31 juillet dernier. Selon le site du USA Blight, peu de cas ont été rapportés depuis le début de la saison et aucun au cours des 7 derniers jours. Au Canada, le seul cas de mildiou répertorié en 2020 dans la pomme de terre provient de la Colombie-Britannique, à la fin juillet, selon des sources externes consultées.

Les symptômes reliés à la brûlure hâtive sont en augmentation plus ou moins importante selon la région (plus marquée dans les secteurs de l’ouest de la province) et ils sont maintenant un peu plus généralisés. On en observe principalement dans des champs avec des plants qui ont subi un stress plus prononcé et dans des parcelles de primeurs (avec une migration vers les étages supérieurs des plants par endroits). On rappelle que le dépistage régulier des champs s'avère nécessaire afin de déterminer si c’est bien la présence du champignon qui cause les taches et quelle espèce est présente (Alternaria alternata et/ou Alternaria solani).

Les cas de dartrose rapportés la semaine dernière (Montérégie, Lanaudière, Mauricie) ont peu progressé, mais les récentes précipitations combinées au vieillissement de la culture devraient amplifier les symptômes. Un début d’activité a été recensé dans la Capitale-Nationale. Une fois présente dans un champ, la dartrose est difficilement contrôlable par la suite en cours de saison.

Les symptômes reliés à la présence de flétrissement verticillien continuent à être rapportés à la hausse dans quelques régions. Des cas ont été diagnostiqués en laboratoire, tandis que d’autres le seront sous peu. Il n’y a aucune intervention possible à cette période-ci. Une meilleure régie de culture (choix de rotation, cultivar, etc.) serait à favoriser dans l’avenir pour améliorer le contrôle de la maladie.

Sans surprise, l’activité de la moisissure grise et de la pourriture sclérotique est à la hausse dans le fond des allées pour des champs avec une plus forte biomasse foliaire et où il y a plus d’humidité qui perdure en journée. Le tout demeure cependant bien tolérable présentement.

Les cas de rhizoctone et de jambe noire mentionnés la semaine dernière ont continué à progresser plutôt lentement par endroits.

 
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides.


 
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.
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