Cicadelle de la pomme de terre (luzerne, trèfle, soya); ver-gris occidental des haricots (maïs); tétranyques à deux points (soya); pourriture à sclérotes (soya); chrysomèle du haricot et autres insectes défoliateurs (soya) et puceron du soya.
CICADELLE DE LA POMME DE TERRE DANS LA LUZERNE : DÉPISTAGE RECOMMANDÉ
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM), Stéphanie Mathieu, agr. (MAPAQ) et Huguette Martel, agr. (MAPAQ)
Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM), Stéphanie Mathieu, agr. (MAPAQ) et Huguette Martel, agr. (MAPAQ)
Les populations de cicadelles de la pomme de terre continuent d’être une menace pour le rendement et la qualité des luzernières de plusieurs régions du Québec. Les conditions climatiques demeurent propices à la multiplication de l’insecte, et dans certains champs, les populations demeurent à des seuils élevés.
Considérant l’impact que cet insecte peut avoir sur le rendement et la qualité du fourrage, les producteurs sont invités à dépister leurs prairies, en particulier les luzernières en implantation, dans lesquelles les impacts à long terme de l’insecte sont les plus importants. Pour optimiser les interventions, le dépistage doit se faire avant l’apparition des symptômes.
Bien que la fauche ait permis de diminuer considérablement les populations au champ, les adultes, qui ont la capacité de se déplacer, peuvent infester à nouveau les champs. Un dépistage est à faire quand la repousse a atteint 5 à 10 cm.
Si des symptômes ont été observés avant la fauche du champ, si les champs voisins démontrent des symptômes ou si des populations de cicadelles sont observées dans les cultures voisines de vos champs, il est fortement recommandé de procéder à un dépistage à l’aide d’un filet fauchoir.
Veuillez vous référer à la fiche technique La cicadelle de la pomme de terre dans la luzerne pour connaître les stratégies d’intervention, les méthodes de dépistage et en savoir plus sur la biologie de l’insecte.
L’impact de la cicadelle de la pomme de terre sur le trèfle a été traité dans l’avertissement No 13 du 9 juillet 2020, et l’impact sur le soya, dans l’avertissement No 14 du 17 juillet 2020.
Ennemis naturels
Les conditions fraîches et humides affectent négativement la cicadelle, puisqu’elles permettent le développement de champignons qui s’attaquent au ravageur et font ainsi chuter les populations.
VER-GRIS OCCIDENTAL DES HARICOTS : LES CAPTURES DE PAPILLONS EN HAUSSE
ET LE DÉPISTAGE DES MASSES D’ŒUFS SE POURSUIT
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les papillons
ET LE DÉPISTAGE DES MASSES D’ŒUFS SE POURSUIT
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les papillons
Le nombre de captures a considérablement augmenté cette semaine. Le nombre maximal de papillons a été observé à Shawville (Outaouais), où il y avait 446 papillons dans le piège. Le piégeage des papillons mâles nous permet de connaître le moment de leur arrivée dans un secteur où les femelles pourraient éventuellement pondre. Cela est également utile pour déterminer quand commencer le dépistage des masses d’œufs. Sur 47 champs dépistés via le RAP Grandes cultures, 5 champs, incluant celui mentionné dans l’avertissement de la semaine passée, ont atteint le seuil d’intervention de 5 % de plants porteurs de masses d’œufs : 3 champs dans le secteur de Saint-Anicet (Montérégie Ouest) et 2 champs en Outaouais (Shawville et Clarendon). Les larves sortant de ces œufs vont se diriger vers les épis pour s’y développer, et leurs dommages peuvent affecter le rendement et la qualité du maïs.
Le dépistage des œufs et des ennemis naturels est indispensable pour juger de la nécessité d’intervenir. Le nombre de papillons capturés dans un piège à phéromone ne permet pas de juger de la pertinence d’une intervention dans le champ où ce piège est installé. À titre d’exemple, aucune masse d’œufs n’a pour le moment été observée dans un champ à Berthierville (Lanaudière) dans lequel 348 papillons ont été capturés, alors que dans un champ, à Saint-Anicet, sans aucune capture de papillons, 4 % des plants portaient des masses d’œufs. Plusieurs ennemis naturels exercent un certain contrôle. C'est notamment le cas des coccinelles, de larves de chrysope et de punaises prédatrices qui peuvent s’alimenter des œufs et des larves de VGOH. Surveillez également la couleur des œufs. Si ces derniers sont complètement gris ou noirs (et non mauves), ils pourraient être parasités par des guêpes parasites. Un traitement insecticide pourrait tuer les ennemis naturels.
Les champs les plus à risque, donc à surveiller en premier, sont ceux situés dans des zones où les sols sont sableux, qui ont déjà subi des dommages par le passé et qui présentent une croissance irrégulière.
Attention! Tous les hybrides de maïs Bt ne sont pas protégés contre le VGOH. Seuls les champs semés avec un hybride doté de la technologie Bt Viptera sont moins à risque de subir des dommages. Des masses d’œufs peuvent tout de même être observées dans ces champs, mais cette technologie Bt offre normalement une protection suffisante, et il n’est pas nécessaire d’appliquer un insecticide. Comme c’est le seul trait Bt efficace, il est toutefois recommandé de faire un suivi des larves matures à l’automne, afin de signaler tout dommage laissant craindre le développement de résistance (il faut garder en tête qu’il y a 5 % des semences servant de refuge non Bt). Comme il existe peu de méthodes de lutte disponibles, favorisez leur rotation plutôt que l’utilisation simultanée du Bt Viptera et de l’insecticide. Cela pourrait en effet favoriser le développement plus rapide de la résistance de l’insecte face à ces technologies.
Si un traitement insecticide est envisagé, ce dernier doit être réalisé dans les 5 à 7 jours suivant l’éclosion de la majorité des œufs.
Consultez l’évolution des captures sous forme de cartes interactives regroupant également les données d’autres provinces canadiennes et États américains.
Pour en savoir plus sur le sujet, en particulier sur la technique de dépistage des masses d’œufs, veuillez vous référer à l’avertissement No 14 du 17 juillet 2020 et à la vidéo ci-dessous.
PRÉSENCE DU TÉTRANYQUE À DEUX POINTS
DANS PLUSIEURS CHAMPS DE SOYA EN MONTÉRÉGIE :
LA VIGILANCE EST TOUJOURS DE MISE
Sébastien Boquel, entomologiste et Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM)
Les conditions chaudes et sèches observées au mois de juillet ont été favorables au développement du tétranyque à deux points, un ravageur qui peut rapidement causer d’importants dommages dans le soya. Le tétranyque à deux points se nourrit du contenu des cellules des feuilles et réduit la capacité photosynthétique des plantes. Cela peut conduire à des pertes de rendement tant que des gousses vertes en formation sont présentes.
Puisque plusieurs cas de tétranyques à deux points ont été rapportés au RAP Grandes cultures cette semaine, la vigilance est de mise dans les champs de soya qui sont situés en sols secs et/ou bien drainés et/ou qui ont un historique de dommages causés par le tétranyque. La présence de ce ravageur est souvent limitée en bordure de champ, mais il peut se multiplier rapidement et se répandre si les conditions lui sont favorables.
La décision de traiter repose notamment sur l’évolution de la météo qui a une grande influence sur les populations de tétranyques, sur le contrôle exercé par leurs ennemis naturels, ainsi que sur le stade et le potentiel de rendement de la culture. La présence d’ennemis naturels (coccinelles, thrips prédateurs, acariens prédateurs, etc.) aide à maîtriser efficacement les populations de tétranyques. S’il y a de fortes probabilités de pluie, associées à un temps frais et à une humidité relative élevée, retardez la décision de traiter. Dépistez de nouveau vos champs quelques jours après la pluie. Les champs qui ont dépassé le stade R5 et qui ne présentent pas de symptômes ne bénéficieraient pas d’un traitement acaricide.
Ainsi, la pluie des derniers jours et les températures plus clémentes des prochains jours pourraient ralentir le développement de l’insecte et favoriser la propagation des ennemis naturels (coccinelles, thrips, acariens prédateurs et champignons entomopathogènes) susceptibles de contrôler les tétranyques.
Pour en savoir plus sur les seuils d’intervention et sur les méthodes de dépistage, référez-vous à l’avertissement N° 14 du 17 juillet 2020. Pour obtenir plus d’information sur l’identification, la biologie, les dommages, les traitements acaricides et des photos, consultez la fiche technique Le tétranyque à deux points.
POURRITURE À SCLÉROTES DANS LE SOYA : ÉTAT DE LA SITUATION
Yves Dion, agr. (MAPAQ), Yvan Faucher, agr. (MAPAQ) et Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM)
C’est au stade floraison que le soya peut être infecté par la pourriture à sclérotes et que la maladie a le plus fort potentiel de causer des dommages. Selon la région et les dates de semis, les stades du soya varient présentement de R2 à R5. Parmi la soixantaine de champs dépistés par le RAP Grandes cultures pour suivre le puceron du soya, les cultures de soya sont au stade R3 ou plus développées.
Les précipitations des derniers jours ainsi que celles à venir, associées à des températures plus fraîches sont plus favorables au développement du champignon. Aussi, lorsque les rangs se referment, l’humidité et la fraîcheur au sol ajoutent aux conditions favorables au champignon et à l’infection.
Dans le cours d’un projet de recherche, on assure le suivi du développement du champignon et de l’infection dans une vingtaine de sites de différentes régions. Les observations de cette semaine montrent maintenant le développement d’apothécies dans 17 des 18 sites. Cependant, le risque doit être évalué pour chaque champ. Le risque d’infection et l’impact de la maladie sont étroitement associés au stade de développement de la culture de soya, et d’autres facteurs peuvent aussi moduler le risque et l’effet de la maladie. Consultez l’avertissement No 15 du 24 juillet dernier pour plus de détails. On y mentionne, notamment, que l’efficacité et la pertinence d’un traitement avec un fongicide pour lutter contre la maladie dépendent du stade de développement de la culture du soya, et qu’il n’y aurait pas de bénéfice économique à traiter après le stade R4 du soya (D.L. Smith, Université du Wisconsin). Cliquez ici pour accéder à un guide visuel permettant d’identifier précisément le stade d’un champ de soya.
Pour connaître les traitements fongicides homologués pour lutter contre la pourriture à sclérotes dans la culture du soya (incluant des biofongicides) et les indices de risques pour la santé et l’environnement qui y sont associés, consultez les liens suivants provenant de SAgE pesticides :
- Fongicides homologués en application foliaire terrestre.
- Fongicides homologués en application foliaire aérienne.
DEUXIÈME VAGUE D’ADULTES DE CHRYSOMÈLE DU HARICOT
ET D'AUTRES DÉFOLIATEURS DANS LE SOYA
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les ravageurs du soya
La génération de chrysomèle du haricot issue des adultes ayant pondu plus tôt au printemps émerge après la mi-juillet. Ces adultes vont se nourrir, ces prochaines semaines, du feuillage et des gousses du soya. Des observations de cette deuxième vague d’adultes sont rapportées au RAP Grandes cultures depuis la semaine passée. La plupart des cas ne nécessitent pas d'intervention. Un champ situé à Saint-Denis, en Montérégie-Est, présente cette semaine des populations qui se rapprochent du seuil d’intervention (15 % de défoliation).
En plus de la chrysomèle du haricot, différents insectes défoliateurs du soya peuvent être observés à cette période de la saison : scarabée japonais, méloé cendré, belle dame, criquets, altise à tête rouge, etc. Afin d’évaluer l’impact des insectes défoliateurs dans la culture du soya, on recommande d’évaluer le pourcentage total de défoliation ainsi que le stade de croissance de la culture, et ce, quel que soit l’insecte. Au Québec, aucun seuil d’intervention n’a été validé. Toutefois, le seuil utilisé en Ontario est de 15 % de défoliation, du début de la floraison (R1) jusqu’au remplissage des gousses (R4).
Afin d’estimer le pourcentage de défoliation d’un champ de soya, prélevez, dans 10 zones du champ, de 1 à 3 feuilles trifoliées dans le milieu du feuillage de 5 plants (au moins 50 feuilles par champ au total). Les 10 zones doivent être bien réparties dans le champ, puisqu'il est normal de voir plus de dommages en bordure de champ. Pour chaque feuille examinée, jetez la foliole la moins endommagée et la foliole la plus endommagée. Comparer la foliole restante au montage photographique ci-dessous pour déterminer le pourcentage de défoliation. Finalement, faites la moyenne de toutes les folioles évaluées.
Aux stades R5 et R6, le seuil d’intervention est de 25 % de défoliation ou 10 % des gousses endommagées. L’évaluation des dommages aux gousses et des gousses coupées se fait sur 2 plants par station, pour un total de 10 stations. Le pourcentage de gousses endommagées est déterminé en faisant le ratio du nombre de gousses coupées et/ou présentant des dommages sur le nombre de gousses totales sur les plants. Un traitement pourrait être justifié si le seuil de défoliation est atteint ou si 10 % des gousses présentent des dommages. Enfin, il faut aussi tenir compte du nombre et de l’activité des chrysomèles (s’alimentant sur les gousses).
Dans le cas particulier de la chrysomèle du haricot, bien qu’il n’existe pas de tels seuils d’intervention au Québec, le site internet de l'Université Purdue propose un tableau d’intervention en fonction des dommages aux gousses, du nombre de chrysomèles actives dans le champ, et de la maturité des plants. Les chrysomèles sont collectées à l’aide d’un filet fauchoir, et ce, sur un seul rang de soya semé au 30 pouces, en faisant un mouvement pendulaire.
Pour connaître les insecticides homologués contre la chrysomèle du haricot, consultez cette liste sur le site de SAgE pesticide.
PUCERON DU SOYA : POPULATIONS ENCORE FAIBLES CETTE SEMAINE
La moyenne provinciale de pucerons par plant, dans 61 champs de soya suivis par le RAP Grandes cultures, est de 24 pucerons par plant (dépistages réalisés le 27 et le 28 juillet). La densité maximale a été observée en Montérégie-Est, à La Présentation, avec 109 pucerons/plant en moyenne, le 28 juillet. Le seuil d’alerte est de 250 pucerons/plant.
Le dépistage du puceron du soya n’est donc pas nécessaire pour le moment.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |
Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseuse du réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite. Le Réseau d'avertissements phytosanitaires (RAP) a pour mission d'informer les producteurs et autres intervenants du domaine agroalimentaire québécois au sujet de la présence et de l'évolution des ennemis des cultures dans leurs régions respectives, et des meilleures stratégies pour les gérer. Les communiqués du RAP Grandes cultures sont diffusés gratuitement par ces trois canaux : par courriel, via le site Web d’Agri-Réseau et via Twitter.