Grandes cultures, Avertissement No 15, 24 juillet 2020

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Grandes cultures
Premières masses d'oeufs du ver-gris occidental des haricots (trois régions). Oscinie des céréales : ravageur observé dans deux champs de blé au Bas-Saint-Laurent et en Chaudière-Appalaches. Insectes s'alimentant sur les soies du maïs. Pourriture à sclérotes dans le soya. Tétranyques à deux points et autres insectes défoliateurs dans le soya.

 
VER-GRIS OCCIDENTAL DES HARICOTS : FAIBLES CAPTURES DE PAPILLONS, MAIS PREMIÈRES MASSES D’ŒUFS EN ESTRIE, EN OUTAOUAIS ET EN MONTÉRÉGIE-OUEST
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les papillons
 
Même si le maximum de spécimens capturés dans un piège est peu élevé cette semaine, soit 47 papillons à Nicolet (Centre-du-Québec), suivi de 12 papillons capturés à Shawville (Outaouais), les premières masses d’œufs de ver-gris occidental des haricots (VGOH) ont été observées dans 7 champs dépistés par le RAP Grandes cultures. Des masses d’œufs ont été repérées en Estrie (Standstead-Est), en Outaouais (L’Isle-aux-Allumettes, Shawville et Clarendon) et en Montérégie-Ouest (dans trois champs situés dans le secteur de Saint-Anicet). Le seuil d’intervention de 5 % de plants infestés n’a été atteint que dans un seul de ces champs, à Saint-Anicet. Les larves de ce ravageur pourraient affecter le rendement et la qualité du maïs.

Le dépistage des œufs et des ennemis naturels est indispensable pour juger de la nécessité d’intervenir. Le nombre de papillons capturés dans un piège à phéromone ne peut pas permettre de juger de la pertinence d’une intervention dans le champ où ce piège est installé. Le piégeage des papillons sert plutôt à connaître le moment de leur arrivée dans un secteur où les femelles pourraient pondre. Cela est également utile pour déterminer quand commencer le dépistage des masses d’œufs.

Les champs à surveiller sont ceux situés dans des zones où les sols sont sableux, et qui ont déjà subi des dommages par le passé et qui présentent une croissance irrégulière. Les champs semés avec un hybride doté de la technologie Bt Viptera sont moins à risque, puisque c’est actuellement le seul trait Bt qui offre une protection contre ce ravageur (cliquez ici pour vérifier si votre technologie Bt assure une protection contre le VGOH). Plusieurs ennemis naturels exercent un certain contrôle. C'est notamment le cas des coccinelles, de larves de chrysope et de punaises prédatrices (ex. Podisius maculiventris) qui peuvent s’alimenter des œufs de VGOH. Si un traitement insecticide est envisagé, ce dernier doit être réalisé dans les 5 à 7 jours suivant l’éclosion de la majorité des œufs.

Au Québec, en 2020, plus de 100 pièges ont été installés dans des champs de maïs de grandes cultures et de maïs sucré pour suivre les papillons. L’évolution des captures est disponible sous forme de cartes interactives regroupant également les données d’autres provinces canadiennes et états américains.  

Pour en savoir plus sur le sujet, en particulier sur la technique de dépistage des masses d’œufs, veuillez vous référer à l’avertissement No 14 du 17 juillet 2020, et à la vidéo ci-dessous.
 
 

L’OSCINIE DES CÉRÉALES : UN RAVAGEUR DU BLÉ ET DE L’ORGE SIGNALÉ DANS DEUX CHAMPS SITUÉS AU BAS-SAINT-LAURENT ET EN CHAUDIÈRE-APPALACHES
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les ravageurs du blé

Un champ d’orge situé à La Pocatière et un champ de blé situé à Saint-Charles-de-Bellechasse ont subi des dommages causés par des larves de l’oscinie des céréales (Oscinella pusilla), une mouche rarement observée au Québec qui, dans ces cas, semble avoir causé des dommages importants. Alors qu’au début de la saison les champs étaient bien établis, des dommages, principalement sur les tiges secondaires des plants, ont été constatés. Ces champs présentent un développement très inégal.

L’oscinie des céréales hiverne sous forme de larve presque mature. Les adultes émergent en mai ou juin et, une dizaine de jours plus tard, les femelles pondent sur des graminées, de préférence le blé ou l’orge. Les larves se développent dans la tige de la céréale et aux points de croissance, provoquant le jaunissement et le flétrissement des tiges (photo 1). Une seconde génération d’adultes est présente de la fin du mois de juillet jusqu’en septembre.

La présence d’un autre insecte ravageur du blé, la mouche de Hesse, peut aussi expliquer qu’un champ de céréales soit clairsemé ou inégal. Attention de ne pas confondre ces deux insectes ainsi que leurs dommages. Seul un dépistage vous permettra d’établir lequel est responsable des dommages observés. La fiche technique du RAP Grandes cultures sur la mouche de Hesse comprend une section sur le dépistage des larves, et la technique proposée peut aussi s’appliquer à l’oscinie des céréales. En cas de doute sur l’identification, il est suggéré d’envoyer des plants entiers au Laboratoire d'expertise et de diagnostic en phytoprotection du MAPAQ.

Comme l'oscinie des céréales est rarement rapporté au Québec, on en connaît peu concernant la stratégie d'intervention.
 
Image Agri-Réseau

Photo 1. Dommages causés par la larve d'Oscinella pusilla

B. Duval (MAPAQ)

 
 
IMPACT DE CERTAINS INSECTES (CHRYSOMÈLE DES RACINES DU MAÏS, ALTISE À TÊTE ROUGE ET SCARABÉE JAPONAIS) SUR LA POLLINISATION DU MAÏS
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les ravageurs des semis

Les adultes des chrysomèles des racines du maïs émergent du sol et sont visibles depuis mi-juillet. Les altises à tête rouge et les scarabées japonais adultes sont également présents à cette période de la saison. Ces trois espèces peuvent s’alimenter sur les feuilles du maïs, mais leur impact est plus important lorsqu’elles s’attaquent aux soies, ce qui peut affecter la pollinisation.

Dans quelles situations y aurait-il un impact notable sur le rendement du maïs grain?
L’impact pourrait être important si toutes les conditions suivantes sont rencontrées lors du dépistage :
  • Moins de la moitié du champ est pollinisée (pour évaluer l’état d’avancement de la pollinisation, consultez la méthode décrite dans l'avertissement No 35 du 27 juillet 2016).
  • La portion de soies sortant de l’épi mesure moins d’un demi-pouce (1,3 cm).
  • Les ravageurs sont présents et s’alimentent sur les soies (selon les insectes, il existe peu ou pas de seuils d’intervention) :
    • Altise à tête rouge : pas de seuil économique d’intervention disponible.
    • Chrysomèle des racines du maïs : l’Université de l’Iowa utilise un seuil de 5 individus ou plus par plant.
    • Scarabée japonais : certains États américains utilisent un seuil d’intervention de 3 adultes et plus par épi.

Pour déterminer si les ravageurs exercent une pression et s’alimentent sur les soies, l’utilisation de plaquettes collantes est plus simple et moins coûteuse que de dénombrer les insectes en marchant dans un champ.
 
Image Agri-Réseau

Piège collant jaune sur un plant de maïs



Dans la culture du maïs, un seul insecticide foliaire est homologué contre l’altise à tête rouge, mais il ne serait pas disponible en grandes cultures selon nos informations. Aucun n’est homologué pour lutter contre les adultes du scarabée japonais et de la chrysomèle de racines du maïs. Toutefois, il est rare que toutes les conditions soient réunies pour justifier un traitement insecticide.

Dans le cas des chrysomèles des racines du maïs, si les populations observées cette année sont abondantes et causent des dommages aux soies et au niveau des racines (apparition de cols d’oie), la meilleure stratégie pour l’année prochaine est de semer une plante non hôte, comme le soya, permettant de briser efficacement le cycle de développement de l’insecte.
 
Image Agri-Réseau

Altise à tête rouge grignotant une feuille de maïs

 J. Saguez (CÉROM)

  

Image Agri-Réseau

Chrysomèle des racines du maïs de l'ouest (adultes) s’alimentant sur une feuille de maïs

J. Saguez (CÉROM)

 

Image Agri-Réseau

Chrysomèle des racines du maïs du nord (adulte)

LEDP (MAPAQ)

 
 
LA POURRITURE À SCLÉROTES DANS LE SOYA : ÉTAT DE LA SITUATION
Yves Dion, agr. (MAPAQ), Yvan Faucher, agr. (MAPAQ) et Isabelle Fréchette, agr. (CÉROM)

C’est au stade floraison que le soya peut être infecté par la pourriture à sclérotes et que la maladie a le plus fort potentiel de causer des dommages. Selon la région et les dates de semis, les stades du soya varient présentement entre R1 et R4. Parmi la soixantaine de champs dépistés par le RAP Grandes cultures pour suivre le puceron du soya, le stade le plus représenté est R3.

Des dépôts de sclérotes (des structures permettant à la maladie de se conserver dans le sol) ont été enterrés dans une vingtaine de sites de différentes régions et permettent de suivre l’évolution du champignon et, par la suite, le développement de la maladie. Il ne peut y avoir d’infection des plants si les sclérotes ne produisent pas d’apothécies (organes du champignon produisant les spores). En date du 21 juillet, les observations les plus récentes de 15 sites montrent la présence d’apothécies sur un site en Montérégie-Est, et deux sites en Estrie.

Les précipitations des derniers jours ainsi que les températures plus fraîches ont pu favoriser le développement du champignon. Les semaines précédentes, les conditions très sèches et les températures élevées étaient très défavorables à la fructification des sclérotes. Il faut donc surveiller à la fois les conditions locales favorables au développement des apothécies et les stades de développement du soya. Un autre critère déterminant est la fermeture des rangs de soya, lequel crée un milieu ombragé, plus humide et plus frais, favorable au développement du champignon.

Faut-il faire usage d’un fongicide et comment en retirer un bénéfice ?
Pour juger de la pertinence d’appliquer ou non un fongicide pour lutter contre l’infection, l’appréciation du risque doit être faite pour chaque champ. Voici différents éléments à considérer :
  • Les conditions météorologiques : des conditions fraîches (25 °C et moins sous le couvert végétal) et humides favorisent la pourriture à sclérotes.
  • Le cultivar : aucun cultivar n’offre une résistance totale contre la maladie, mais plusieurs cultivars offrent une certaine protection. Consultez le Guide RGCQ pour connaître le niveau de sensibilité des cultivars (cochez la case « Afficher les détails » en haut de page à droite pour voir apparaître la cote « Scérotiniose »).
  • La fermeture des rangs et la luxuriance du feuillage ont un impact important sur la fructification du champignon et le risque d’infection des plants : lorsque les rangs ne sont pas fermés ou que le feuillage n’est pas abondant, l’aération nuit à la fructification du champignon, à l’infection des plants et au développement de la maladie.
  • L’historique du champ : si le champ a déjà été fortement infesté par le passé, les risques d’infection sont plus élevés.

L’efficacité du fongicide selon le moment de l’application
Si la culture est en floraison (R1-R3) et que les signaux météorologiques sont favorables à l’infection, l’application d’un fongicide peut être considérée. Moins la culture est avancée (R1) lorsque le risque d’infection est réel, plus il peut s’avérer profitable d’utiliser le fongicide pour réduire l’impact de la maladie. Cependant, il est inapproprié d’arroser à ce stade hâtif du soya si le risque n’est pas présent à ce stade, puisque la durée de l’effet protecteur du fongicide varie, selon le produit utilisé, de quelques jours à deux semaines.

Certaines matières actives des fongicides visent à empêcher la germination des spores qui se déposeraient sur le plant. D’autres matières actives permettent, si l’infection a débuté, de réprimer le développement dans les tissus non atteints par le champignon et dans les nouveaux tissus de la plante. Ils n'auront toutefois pas d’effet curatif sur les tissus déjà infectés. C’est la raison pour laquelle une application tardive ne corrigera pas la situation et aura peu d’effets pour réduire l’impact de la maladie si l’infection est survenue au début de la période de floraison et que la base du plant est envahie par le champignon. Selon D.L. Smith de l’Université du Wisconsin, il n’a pas été possible de démontrer que des applications de fongicides effectuées après le stade R4 du soya se traduisaient par un bénéfice économique. Pour en savoir plus sur la question de la rentabilité des traitements fongicides, veuillez vous référer à la fiche technique Avons-nous besoin de fongicides pour le soya au Québec?

Choix du fongicide et conditions d’applications
Pour connaître les traitements fongicides homologués pour lutter contre la pourriture à sclérotes dans la culture du soya (incluant des biofongicides) et les indices de risques pour la santé et l’environnement qui y sont associés, consultez les liens suivants provenant de SAgE pesticides :
  • Fongicides homologués en application foliaire terrestre.
  • Fongicides homologués en application foliaire aérienne.

La qualité de la couverture des plants lors du traitement fongicide est primordiale. Pour le meilleur contrôle de l’infection et la meilleure répression, le fongicide doit couvrir toutes les parties de la plante, incluant les parties basses. Des volumes d’eau suffisants et des buses adaptées à la situation sont importants.

Les fongicides sont un outil de gestion parmi d’autres dans la lutte à la pourriture à sclérote du soya, puisque le contrôle n’est que partiel et difficile à optimiser. Il est important de mettre à profit et de cumuler l’ensemble des moyens qui forment une gestion intégrée de lutte contre cette maladie. Pour accéder à plus d’informations les différentes stratégies à l'égard de cette maladie, consultez la fiche technique du RAP Grandes cultures sur la pourriture à sclérotes du soya.

 
PUCERON DU SOYA : POPULATIONS ENCORE FAIBLES CETTE SEMAINE

La moyenne provinciale de pucerons par plant, dans 61 champs de soya suivis par le RAP Grandes cultures, est de 9 pucerons par plant (dépistages réalisés le 20 et le 21 juillet). La densité maximale a été observée dans les Laurentides, à Blainville, avec 80 pucerons/plant en moyenne, le 21 juillet. Le seuil d’alerte est de 250 pucerons/plant.

Le dépistage du puceron du soya n’est donc pas nécessaire pour le moment.

 
TÉTRANYQUE À DEUX POINTS ET INSECTES DÉFOLIATEURS : MAINTENEZ LA SURVEILLANCE
DES CHAMPS DE SOYA À RISQUE

Brigitte Duval, agr. (MAPAQ)

Les conditions météorologiques actuelles sont toujours favorables au tétranyque à deux points dans la culture du soya. Surveillez surtout les champs (ou secteurs de champs) qui ont un historique de dommages causés par ce ravageur et qui subissent un stress hydrique. Les bordures de champs sont un bon endroit pour observer les tétranyques. La pluie peut toutefois faire diminuer les populations. De plus, rappelons qu’à partir de la mi-août, les populations vont diminuer naturellement. Pour plus d’information sur ce ravageur et la méthode de dépistage, consultez l’avertissement No 14 du 17 juillet 2020 ainsi que la fiche technique Le tétranyque à deux points dans le soya.

Différents insectes défoliateurs du soya peuvent être observés à cette période de la saison : scarabée japonais, méloé cendré, belle dame, criquets, altise à tête rouge, etc. L’impact de ces ravageurs peut être évalué en estimant le pourcentage de défoliation, en fonction du stade du soya. Pour tous les détails, consultez l’avertissement No 13 du 9 juillet 2020. Veuillez noter que cet avertissement traite aussi de la gestion des criquets dans les autres cultures.

 
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides.
 


Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseuse du réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite. Le Réseau d'avertissements phytosanitaires (RAP) a pour mission d'informer les producteurs et autres intervenants du domaine agroalimentaire québécois au sujet de la présence et de l'évolution des ennemis des cultures dans leurs régions respectives, et des meilleures stratégies pour les gérer. Les communiqués du RAP Grandes cultures sont diffusés gratuitement par ces trois canaux : par courriel, via le site Web d’Agri-Réseau et via Twitter. 
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