INSECTES
Très peu de captures de pyrale encore cette semaine, tant dans le sous-réseau Solanacées que dans le sous-réseau Maïs sucré. Les traitements sont rarement justifiés et, en général, un seul traitement contre la race univoltine suffit.
Le contrôle des autres insectes se poursuit. Les punaises ternes, les tétranyques et les cicadelles dépassent les seuils à certains endroits, alors que les populations de pucerons et de doryphores sont contrôlées et en diminution.
L’altise n’est généralement pas un ravageur important dans les cultures de solanacées. Mais, cette semaine, les altises ont été rapportées en nombre suffisant pour justifier des traitements en Montérégie-Est. Le temps chaud et sec lui est favorable. Il est donc important de bien surveiller vos champs pour pouvoir intervenir si nécessaire. Il n’y a pas de seuil d’intervention au Québec, mais selon le recueil des seuils d'intervention en cultures maraîchères, le seuil utilisé dans le Nord-Est américain est une défoliation supérieure à 30 % ou 8 altises/plant à ce temps-ci de l’année, lorsque les plantes sont bien développées.
Tarsonème du fraisier dans le poivron
Les feuilles gaufrées et les cicatrices liégeuses sous le pédoncule indiquent la présence de tarsonème du fraisier.
Photo : Karine Fortier-Brunelle, agr. (MAPAQ)
La présence de tarsonème est signalée, dans la région de Québec, dans quelques champs de poivrons situés près de vieux champs de fraises. Cet acarien s’observe au niveau de la tête des plants. L’observation de la déformation des jeunes feuilles et des fruits par la suite, de même que la présence de cicatrices liégeuses à la base du pédoncule des fruits sont des signes de la présence du ravageur. L’insecte est plus facile à voir sous les sépales, avec une binoculaire (grossissement 40X).
Sous abri froid : sphinx de la tomate
Le seuil d’intervention pour ce ravageur en Ontario est de 1 larve par 30 plants. Ce ravageur peut causer des dommages importants dans les tomates en tunnel. L’insecte peut rapidement défolier les plants et peut aussi s’attaquer aux fruits.
MALADIES
Maladies bactériennes
Les maladies bactériennes ont continué de progresser légèrement dans la tomate et le poivron, ainsi qu’Alternaria dans la tomate et l’aubergine. Des fruits peuvent présenter des taches de chancre ou de moucheture bactérienne. De façon générale, la pression des maladies est faible cette année. Dans la tomate, les traitements contre les maladies bactériennes peuvent être combinés ou alternés avec les traitements contre les maladies fongiques. Assurez-vous de vérifier la compatibilité des mélanges.
Maladies fongiques
Mildiou (Phytophthora infestans) : la maladie n’a pas encore été déclarée chez nos voisins du Sud et en Ontario, et il n’y a aucun cas signalé, au Québec, dans la pomme de terre ou dans la tomate.
En tunnel : moisissure olive
Un premier cas de moisissure olive en tunnel a été signalé en Montérégie. Pour plus d’information sur la prévention et les moyens de luttes, veuillez consulter l'avertissement N° 8 du 26 juin 2020, du réseau Cultures maraîchères en serre. Cette maladie doit être traitée dès les premiers symptômes. Le choix de variétés résistantes peut faire une bonne différence dans le contrôle de la maladie. À cet effet, consultez le chapitre 4 du Guide de production Poivron et tomate biologiques sous abris. Les variétés Heirloom sont reconnues comme étant très sensibles.
Phytophthora capsici
La maladie est signalée dans le poivron en Montérégie, et elle est difficile à contrôler une fois établie. Dans les champs avec un historique de maladie, une stratégie d’intervention AVANT l’apparition des premiers symptômes peut aider à en freiner le développement. Lorsque les conditions sont favorables (apparition des fruits, temps chaud et humide, champ avec historique), les traitements préventifs peuvent débuter avant une pluie. Un dépistage hebdomadaire dans les champs à risque permettra de mieux cibler les traitements dès l’apparition des tout premiers symptômes. Voir l’avertissement No 8 du 16 juillet 2020 pour le dépistage de la maladie.
Les fongicides efficaces contre Phytophthora capsici ciblent spécifiquement les oomycètes (le mildiou Phytophthora infestans, par exemple). Selon l’Université du Massachusetts, les formulations d’ORONDIS (dont ORONDIS ULTRA) seraient les plus efficaces, alors que PRESIDIO, REVUS et ACROBAT 50 WP (poivron seulement), FORUM et ZAMPRO sont aussi de bons choix dans la rotation de produits.
Quelques consignes :
- L’utilisation de fongicides doit être combinée avec des pratiques culturales, principalement pour éviter la présence d’eau stagnante dans les champs.
- Pour contrôler la phase vasculaire de la maladie, certains fongicides peuvent être appliqués au sol ou dans l’irrigation au goutte-à-goutte. C’est le cas de REVUS, PRESIDIO. ORONDIS est homologué au sol uniquement dans l’eau de plantation.
- Pour protéger les fruits (contamination aérienne secondaire), utiliser les fongicides homologués pour application foliaire (REVUS, PRESIDIO, ORONDIS, ACROBAT, FORUM, ZAMPRO) en respectant les alternances de produits et les maximums permis par saison pour éviter le développement de résistance.
- Pour les produits contenant de l’oxathiapiproline (ORONDIS), ne pas combiner les applications foliaires et au sol dans la même saison.
- À des fins de gestion de la résistance, PRESIDIO doit être utilisé en mélange avec REVUS contre P. capsici.
INSOLATION SUR FRUITS
On observe des cas d’insolation sur fruits de poivron et de tomate qui se retrouvent soudainement exposés aux rayons solaires. Le feuillage joue un rôle important en protégeant les fruits des rayons du soleil. Les champs où l’on retrouve des fruits avec insolation présentent des plants dont le feuillage recouvre moins bien les fruits. L’épiderme réagit en chauffant et en changeant de couleur, en passant du vert blanchâtre à différentes teintes de brun (clair à foncé), et finalement au noir. Par la suite, un champignon de type Alternaria peut s’établir sur les parties de fruits affectées par l’insolation. Ce champignon secondaire profite des tissus morts, et il n’y a pas lieu d’intervenir avec un fongicide.
Plusieurs facteurs peuvent favoriser l’insolation des fruits :
- La fertilisation n’a pas été suffisante pour favoriser une bonne croissance végétative.
- La charge en fruits fait pencher les plants. Les variétés de poivron plus arbustives sont plus sensibles.
- Il y a eu bris d’une partie du plant lors de la récolte ou lors de temps violents (épisodes de forts vents et/ou orages).
- Certaines maladies ont détruit une partie du feuillage.
Comment distinguer l'insolation de la pourriture apicale ?
Un vieux dommage de pourriture apicale peut être confondu avec de l’insolation, surtout lorsque la lésion se retrouve sur le côté inférieur des fruits. Lorsque le calcium est en cause, la zone brune sur le fruit n’est pas nécessairement exposée aux rayons du soleil et peut se retrouver sur une partie du fruit ombragée par le feuillage.
CHUTE PHYSIOLOGIQUE DES JEUNES FRUITS
Dans des champs de poivron dont les plants sont chargés en fruits bien développés, jusqu’à 6 à 7 fruits par plant, on peut observer une chute généralisée des jeunes fruits en formation. La charpente foliaire des plants ne suffit pas à faire grossir tous les fruits, et la chute naturelle se produit. Pour faire la part des choses entre les dommages causés par la punaise terne et la chute physiologique, consultez l'avertissement No 6 et l'avertissement No 7 publiés récemment.
MAUVAISE POLLINISATION : TOMATE
On signale des fruits avec des cicatrices et aussi des zones enfoncées dans des grappes de tomate qui ont été pollinisées lors des épisodes de météo extrêmes (canicule, vents violents). Les dommages touchent toutefois peu de fruits.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |
Cet avertissement a été rédigé par Christine Villeneuve, agr. (MAPAQ) et Karine Fortier-Brunelle, agr. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseures du réseau Solanacées ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.