Conditions climatiques : enfin des précipitations et fin de la canicule. Développement de la culture : reprise végétative et cas d’insolation plus visibles. Insectes : doryphore et cicadelle de la pomme de terre à surveiller. Maladies : activité réduite ou nulle, début de traitements préventifs contre certaines maladies.
CONDITIONS CLIMATIQUES
Pour la période du 19 au 25 juin 2020, les hautes températures se sont poursuivies jusqu’au 24 juin, avec plusieurs records de maximum qui ont été battus en province. On peut mentionner un mercure qui a atteint les 34-35 oC durant 5 jours consécutifs, dans le sud et le centre de la province; du rarement vu en juin (voir sommaire agrométéorologique). Le passage de deux perturbations, les 23 et 24 juin, a enfin arrosé plusieurs secteurs de la province, mais on note des quantités variables à l’intérieur d'une localité. Des orages forts ont eu lieu, mais cela ne semble pas avoir affecté la culture, selon les derniers rapports (voir carte des précipitations). Pour les 7 prochains jours (soit du 26 juin au 2 juillet), Environnement Canada annonce des températures de saison jusqu’à mardi, puis fortement en hausse par la suite, pour atteindre à nouveau 30 oC et plus. À partir d'aujourd’hui jusqu'à mardi prochain, des risques de précipitations sont prévus sur l’ensemble des secteurs, ce qui pourra apporter des quantités plutôt notables par endroits.
DÉVELOPPEMENT DE LA CULTURE
Les précipitations significatives reçues en plusieurs endroits ont permis la reprise végétative des plants dans des parcelles qui avaient ralenti leur croissance à la suite du temps trop chaud et sec. L’irrigation qui était alors intensive ou prévue par endroits a été mise sur pause, mais pas partout. Des collaborateurs rapportent une levée qui s’est (enfin) améliorée tout dernièrement. Des désordres abiotiques ont été signalés récemment dans différentes parcelles en province, le tout étant relié au temps très chaud, sec et ensoleillé des 10 derniers jours. On peut mentionner des cas de germes brûlés près de la surface du sol (photo 1), du flétrissement prononcé de plants (photo 2), des taches d’insolation sur des feuilles (photo 3) et l’apparition hâtive du bouton floral avec une biomasse foliaire limitée, ce qui n’est pas désiré (photo 4). Malgré le sol qui a été chaud et sec, on ne rapporte pas de cas de stolons allongés (heat runners) comme ce fut le cas certaines années dans pareilles circonstances. Les chantiers (sarclage, side dressing et buttage) se font sans problème partout, et un sol un peu plus humide permet d’améliorer ces travaux. Dans les champs de primeurs du sud de la province, la tubérisation est en cours avec de petites patates de 3 à 4 cm en moyenne par endroits, ce qui représenterait un léger retard sur la normale.
Tableau 1
Développement de la culture (primeurs) pour des producteurs types selon les collaborateurs du RAP
(en date du 25 juin 2020)
Région | Stade de la culture (primeur) |
Montérégie-Ouest et Montérégie-Est | Floraison, tubérisation 3-4 cm |
Outaouais | Début floraison |
Lanaudière | Floraison, tubérisation 3-4 cm |
Centre-du-Québec, Mauricie, Capitale-Nationale, Chaudière-Appalaches | Début floraison |
Gaspésie, Bas-Saint-Laurent, Saguenay–Lac-Saint-Jean, Abitibi-Témiscamingue | 10-15 cm |
INSECTES
Le temps chaud a fait progresser l’activité de certains d’entre eux. Parmi ceux-ci, les larves du doryphore sont maintenant présentes dans les régions de Québec vers l’ouest, dans des champs sans insecticide au semis (photo 5). Des interventions sont prévues sous peu. Il est suggéré de profiter du temps moins chaud pour intervenir, si cela est nécessaire, afin d’améliorer l’efficacité et la rémanence du produit choisi. Les applications d’insecticides réalisées au semis sont encore efficaces selon les collaborateurs au RAP, sauf dans quelques secteurs de Lanaudière et de la Montérégie où la pression des adultes du doryphore est plus élevée. On rappelle qu'il faut opter pour un insecticide d'un groupe chimique différent de celui utilisé au semis afin de ne pas favoriser le développement d'une résistance, mais aussi pour obtenir une meilleure efficacité de l'intervention. Il est possible que la sortie des adultes soit plus étalée, les récentes précipitations pouvant favoriser une nouvelle émergence.
Selon le réseau provincial de piégeage du MAPAQ, les captures de la cicadelle de la pomme de terre (CPT) ont continué de progresser en cours de période, surtout dans des régions du centre et du sud de la province. Des décomptes variant de 0 à 244 adultes/piège/semaine ont été réalisés. Cela représente des populations importantes par endroits pour un début de saison. Les champs sans application d’un insecticide au semis devraient faire l’objet d’un suivi plus intensif pour déterminer ou non la nécessité d’une intervention. Rappelons que c'est le dépistage des champs pour y observer des nymphes sous le feuillage qui détermine le seuil de traitement. Pour connaître le seuil de traitement et la technique de dépistage des nymphes, consultez ce bulletin d’information.
Finalement, concernant d’autres insectes sous surveillance par le RAP, l’activité des pucerons, des altises, de la pyrale du maïs et des vers gris (noctuelles) demeure plutôt faible ou localisée.
En raison de la crise de la COVID-19, le Québec pourrait faire face à une perturbation de son approvisionnement d’équipements de protection individuelle (EPI) au cours de l’été 2020, laquelle perturbation pourrait mener à une pénurie. En toute circonstance, le respect des étiquettes des pesticides et le port d’EPI approprié sont obligatoires (article 36 du Code de gestion des pesticides). La meilleure protection contre l’exposition aux pesticides est de porter un équipement de protection individuelle. Si vous n’êtes pas en mesure de vous procurer un EPI :
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Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |
Cet avertissement a été rédigé par Patrice Thibault, agronome (RLIO). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l'avertisseur du réseau Pomme de terre ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.