Temps chaud et sec. Les plantations se poursuivent dans toutes les régions. Dommages de vent en Montérégie-Ouest, parfois accompagnés de moisissure grise. Début du retrait des bâches. Peu d’activité des insectes et des maladies de sol. Les désordres physiologiques sont à surveiller.
RÉSUMÉ CLIMATIQUE ET RISQUES ASSOCIÉS
La dernière semaine (du 20 au 26 mai) a été marquée par la chaleur et du temps anormalement sec pour la saison (voir la carte des précipitations). Dans plusieurs régions, le mercure a avoisiné ou atteint les 30 °C et un scénario similaire est encore prévu pour les prochains jours.
La chaleur a enfin permis au sol de se réchauffer, mais le développement des cultures n’est pas encore optimal en raison des conditions trop sèches. L’irrigation est nécessaire sur certains sites pour assurer la croissance normale des cultures déjà établies. Elle est en général essentielle pour assurer un bon démarrage des nouvelles implantations (semis et plantations). En raison des températures trop élevées ou des sols trop secs, plusieurs producteurs retardent leurs plantations en attendant de meilleures conditions. Des recommandations sur la gestion des sols et de l’eau en période sèche sont présentées dans l’avertissement Nº 1 du 14 mai 2020. Les sols secs en surface compliquent aussi la gestion des herbicides qui ont besoin d’humidité pour être activés.
AVANCEMENT DES SEMIS ET DES PLANTATIONS
En Montérégie-Ouest, la majorité des producteurs ont retiré les bâches, les laitues pommées les plus avancées ayant atteint le stade 14 feuilles. Hors bâche, on retrouve des laitues pommées et romaines jusqu’à 8 feuilles seulement. Dans cette région, on accuse un léger retard de croissance par rapport à la normale, avec ou sans bâches. Les plantations se poursuivent dans toutes les régions.
On note encore plusieurs cas d’étranglement au collet en Montérégie-Ouest, particulièrement dans les plantations qui n’avaient pas été bâchées. Dans certains champs semés, les jeunes plantules ont aussi été « déshydratées » par le vent, causant une légère perte de densité.
INSECTES
En Montérégie-Ouest, certains insectes commencent à être plus actifs, mais causent peu de dommages : quelques adultes de punaises ternes et brunes, des larves de tipules, des vers gris, des vers fil-de-fer ainsi que des collemboles. À cette même période en 2018, les fortes populations de collemboles avaient causé des inquiétudes (avertissement N° 3 du 31 mai 2018). Cependant, une intervention contre cet insecte est rarement justifiée. On ne rapporte aucun ravageur dans les autres régions.
MALADIES DE SOL
En Montérégie-Ouest, on commence à observer quelques cas d’affaissement pythien, d’affaissement sclérotique et de moisissure grise. Plusieurs cas de moisissure grise ont été retrouvés sur des plants ayant été affectés par l’étranglement au collet. Les dommages au collet ne semblent pas avoir été suffisamment importants pour causer la mort du plant, mais ont pu servir de porte d’entrée à la maladie. Quelques producteurs ont effectué un traitement fongicide dans les plantations à risque. Aucune maladie n’est rapportée dans les autres régions.
À noter que les traitements fongicides pour préserver les laitues des maladies de sol doivent être faits au plus tard au stade 10 feuilles des laitues afin de s’assurer que la pulvérisation atteigne le collet à la base des plants. Les champs qui ont subi des conditions difficiles (excès d’humidité, feuillage endommagé, etc.) seront les plus à risque.
Avec l’augmentation des températures, davantage de symptômes d’affaissement pythien ou affaissement sec devraient être observés durant les prochains jours, surtout en Montérégie-Ouest. Cette maladie cause le flétrissement des laitues, mais sans qu’il y ait de pourriture visible au collet. Le signe qui permet d’identifier la maladie est un brunissement des faisceaux vasculaires visible lorsqu’on coupe les racines ou la base du plant. La laitue pommée est plus affectée et les symptômes peuvent être observés du semis ou de la plantation, jusqu’au stade début pommaison. Les champs présentant un historique de dommages élevés sont davantage à surveiller.
Le temps sec et les températures caniculaires que l’on connaît présentement sont favorables à la brûlure de la pointe (tip burn) et l’assèchement marginal. Les plus grosses laitues venant d’être débâchées sont présentement les plus à risque.
La brûlure de la pointe (tip burn) est reliée à l’absorption et au transport du calcium dans la plante. Les symptômes apparaissent sur les bordures des feuilles en croissance rapide. La meilleure façon de prévenir ce désordre physiologique est d’irriguer avant que le sol ne devienne trop sec et d’appliquer du calcium sur le feuillage lorsqu’on prévoit des poussées de croissance. Les laitues qui ont été exposées à des excès d’eau (système racinaire peu développé ou endommagé) sont aussi plus susceptibles d’être affectées. Plus les laitues approchent de la maturité, plus elles sont susceptibles d’être atteintes. Les chicorées frisées sont particulièrement sensibles. Les laitues en feuilles et romaines sont également plus sensibles que les laitues pommées. Pour plus de détails sur les symptômes, les causes et la prévention de la brûlure de la pointe, consultez la « Stratégie d’intervention contre la nécrose marginale dans la laitue (tip burn) et le cœur noir dans le céleri » aux pages 4 et 5 de l’avertissement N° 4 du 2 juin 2005.
L’assèchement marginal est pour sa part relié à de très faibles taux d’humidité de l’air. Le dommage apparaît sur les bordures de feuilles matures ou presque matures exposées au-dessus du plant, ce qui est différent de la brûlure de la pointe. La laitue romaine approchant de la maturité est particulièrement sensible à ce désordre. Les autres types de laitue peuvent aussi être affectés.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |
Cet avertissement a été rédigé par Carl Dion Laplante, agronome (PRISME), Mario Leblanc et Eve Abel, agronomes (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseurs du réseau Laitue et chicorée ou le secrétariat du RAP . La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.