Lorsqu’on cherche à améliorer l’efficience des serres, le chauffage électrique s’avère une option intéressante, notamment pour des considérations environnementales. Divers incitatifs alimentent la réflexion des serristes : citons le tarif préférentiel proposé par Hydro-Québec pour le chauffage et l’éclairage de serre, ainsi que le programme d’extension du réseau triphasé dans les régions rurales mis sur pied par le ministère de l’Énergie des Ressources naturelles du Québec.
Le CRAAQ a présenté, en novembre 2021, la conférence Chauffage électrique – les défis pratiques, dans le cadre du Colloque maraîcher en serre. Les experts y ont notamment décrit trois principaux systèmes : par résistance électrique, par thermopompe aérothermique ou par la géothermie en circuits ouverts. Tous ont l’avantage de permettre des économies de chauffage.
Par exemple, le chauffage par résistance électrique a un taux d’efficacité d’équipement de 100 %, car 1 kWh électrique équivaudra à 1 kWh thermique de chauffage. En comparaison, les aérothermes au propane atteignent une efficacité comprise entre 70 % et 90 % seulement. Le coût d’investissement initial pour ce système de chauffage est abordable, cependant, son coût d’opération est plus important que les autres types de chauffage électrique.
Pour sa part, la thermopompe a un taux d’efficacité supérieur à 100 %, car elle transfère l’énergie d’un milieu froid vers un milieu chaud en utilisant très peu d’électricité. La quantité d’énergie thermique produite est donc supérieure à la quantité d’énergie électrique utilisée pour la pomper. Cette technologie a quelques inconvénients : tout d’abord, la puissance thermique de la thermopompe diminue lors des périodes de froid. Ensuite, une protection contre le gel est nécessaire pour les thermopompes de type air-eau : dans ce cas, le réseau doit fonctionner avec de l’eau glycolée. De plus, il est recommandé d’avoir un réservoir tampon pour limiter le cyclage, on évitera ainsi d’endommager les équipements.
Parmi les trois technologies citées, la géothermie en circuits ouverts est certainement la plus exigeante du point de vue technique et économique; son application dans le domaine serricole est encore embryonnaire. Son principe consiste à utiliser la chaleur contenue dans les nappes d’eau souterraines. Elle nécessite une planification à long terme et plusieurs étapes de mise en œuvre, dont l’identification des puits d’énergie thermique et des travaux géophysiques. De plus, une autorisation environnementale est requise. Avant de se lancer dans ce genre d’installation, il faut s’assurer que le type de réseau électrique de notre région le permet. Si une extension du réseau est nécessaire, prévoir pour cela un délai d’un an à un an et demi. Toutefois, le principal avantage d’un système géothermique est qu’il conservera la température de l’eau stable peu importe la période de l’année, ce qui se traduit par une économie sur le coût de chauffage.
Aucun type de chauffage électrique utilisé ne pourra répondre à 100 % de la demande. On prévoira donc un chauffage d’appoint pour couvrir les périodes de pointe, ainsi qu’en cas de panne électrique. De plus, il est fortement recommandé de trouver un fournisseur qui pourra réaliser les travaux du début à la fin du projet.
Consultez le catalogue du CRAAQ pour accéder à de nombreuses références disponibles concernant les cultures en serre.
Ce texte a été publié originalement dans le magazine L'UtiliTerre nous en avril 2022.
Lire le billet précédent Lire le billet suivant
Le chauffage électrique : une source d'énergie efficace pour les serres?
Publié le 19 octobre 2022
Anne-Marie Gignac
CRAAQ
CRAAQ