Maïs génétiquement modifié : évolution des rendements au Québec de 2007 à 2022
Publié le 04 mars 2024
Gilles Tremblay
Agronome
Agronome
En 2017, j’avais écrit un texte de blogue sur Agri-Réseau qui avait comme titre Bilan OGM : 20 ans déjà !1. Les données de l’ISQ (Institut de la Statistique du Québec) m’avaient permis d’analyser ce qui s’était réellement passé dans les champs québécois de 2000 à 2015 autant pour le maïs-grain que pour le soya. Dans le présent texte, je me limiterai au maïs-grain.
En 2017, je me demandais si les cultures de maïs génétiquement modifiées avaient tenu leurs promesses de meilleurs rendements comparativement aux hybrides conventionnels. J’en étais arrivé à la conclusion que oui, et ce avec une augmentation annuelle moyenne de 339 kg/ha (kilogramme/hectare), bien que cette augmentation n’était pas stable dans le temps au cours de la période de 2000 à 2015.
Les données de l’ISQ disponibles en ligne2 en ce début d’année 2024 portent sur la période de 2007 à 2022. Puisque cela correspond à une période totale de 16 années, j’ai subdivisé les données en quatre cycles de quatre années pour faciliter l’analyse de celles-ci. En 2007, les superficies de maïs génétiquement modifié et de maïs conventionnel étaient pratiquement similaires avec respectivement 52 et 48 % de la superficie totale de maïs-grain. La proportion du maïs génétiquement modifié n’a sans cesse progressé depuis en passant de 60 % en 2008 à plus ou moins 90 % en 2018 pour se stabiliser à cette proportion jusqu’en 2022. Les plus petites proportions de maïs conventionnels, soit autour de 10 %, représentent tout de même une superficie de plus de 30 000 hectares pour estimer les rendements annuels moyens.
De 2007 à 2010, les rendements moyens des hybrides génétiquement modifiés ont été inférieurs de 270 kg/ha aux rendements des hybrides conventionnels. C’est la seule période de quatre ans durant laquelle les hybrides génétiquement modifiés ont affiché des rendements moyens inférieurs aux hybrides conventionnels. Il faut noter que les rendements des hybrides conventionnels ont été supérieurs par plus de 800 kg/ha aux hybrides génétiquement modifiés au cours de l’année 2009. Cette saison de croissance a été caractérisée par des conditions météorologiques plutôt difficiles. C’est la seule année où les rendements moyens provinciaux ont été sous la barre des 8 tonnes à l’hectare au cours de la période 2007 à 2022.
Au cours de la période 2011 à 2014, les rendements moyens des hybrides génétiquement modifiés ont été supérieurs par plus de 650 kg/ha aux rendements des hybrides conventionnels. Ce gain de rendements des hybrides génétiquement modifiés vis-à-vis des rendements des hybrides conventionnels a presque doublé pour la période de 2015 à 2018. Il a en effet passé de 650 kg/ha pour la période 2011 à 2014 à 1270 kg/ha pour la période de 2015 à 2018.
Au cours de la dernière période, soit celle de 2019 à 2022, les rendements moyens des hybrides génétiquement modifiés ont encore été supérieurs par plus de 900 kg/ha aux rendements des hybrides conventionnels. Il y a toutefois un bémol avec l’année 2019. Les rendements moyens des hybrides conventionnels ont été supérieurs par plus de 600 kg/ha aux rendements des hybrides génétiquement modifiés. Au cours des neuf dernières années, soit depuis 2014, c’est la seule année où les rendements moyens des hybrides conventionnels aient été supérieurs à ceux des hybrides génétiquement modifiés. Que s’est-il passé en 2019? Il faut se rappeler que les conditions météorologiques ont été difficiles en fin de saison et particulièrement lors de la récolte. Les années 2009 et 2019 sont donc caractérisées par des conditions météorologiques qui ont plutôt été défavorables pour la croissance ou la récolte du maïs. Il semblerait donc que les hybrides conventionnels se soient mieux tirés d’affaire comparativement aux hybrides génétiquement modifiés lorsque les conditions météorologiques ont eu tendance à être défavorables. Ce n’est pas une certitude mais bien une hypothèse que j’avance et qui demeure à être confirmée.
En conclusion, selon les données de l’ISQ correspondant à la période de 2007 à 2022, les rendements moyens des hybrides de maïs-grain génétiquement modifiés ont été supérieurs de 640 kg/ha aux rendements des hybrides de maïs-grain conventionnels. Des conditions météorologiques défavorables sembleraient toutefois favoriser les hybrides conventionnels.
Référence 1
Bilan OGM : 20 ans déjà ! Blogue Agri-Réseau du CRAAQ.
Référence 2
Superficie des grandes cultures, rendement à l'hectare et production (quebec.ca)
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