Reprendre une ferme, plus qu’une transaction… un processus humain avant tout
Publié le 25 mars 2020
Aurélie Munger
Chargée de projets au CRAAQ.
CRAAQ
Chargée de projets au CRAAQ.
CRAAQ
Contribuant au dépeuplement des territoires agricoles, le démantèlement des fermes est un phénomène dont l’impact est considérable sur la pérennité de l’agriculture et le dynamisme des régions. Un transfert d’entreprise, à l’opposé d’un démantèlement, permet à la relève de bénéficier du savoir des propriétaires et favorise le démarrage de nouvelles entreprises viables.
Le Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec (CRAAQ) mène actuellement un projet visant à sensibiliser les producteurs et la jeune relève aux enjeux de l’entrepreneuriat agricole et du transfert de fermes. Au-delà des volets technico-économiques, juridiques et légaux, c’est l’aspect humain qui est garant du succès d’un maillage entre un aspirant agriculteur et un propriétaire en voie de céder son entreprise.
Dans le cadre de la Journée intergénérationnelle organisée par le CRAAQ le 20 novembre dernier, les conférencières Martine Deschamps et Cynthia Doyon, toutes deux conseillères en transfert d’entreprises, se sont succédé pour mettre en lumière l’importance de l’aspect humain dans le processus de transmission d’une ferme à une relève non apparentée.
Il faut savoir qu’un propriétaire agricole devient un cédant aussitôt qu’il réfléchit à la continuité de sa ferme. Il s’avère qu’environ 66 % des propriétaires d’entreprises agricoles n’ont pas de plan de transfert. Les entrepreneurs consacrent en moyenne 80 000 heures pour bâtir leur entreprise et de 6 à 10 heures pour planifier leur retrait de l’agriculture. Il y a de la sensibilisation à faire, car le processus demande réflexions et planification. Mais pourquoi parle-t-on de transfert de ferme et non de vente ou de succession? C’est que les différences sont notables entre les deux processus : alors que la vente est axée sur l’aspect transactionnel, le transfert implique la passation du pouvoir, du savoir et évidemment des biens. La démarche de transfert est plus longue et les deux parties doivent cheminer ensemble dans ce processus. C’est à ce moment que tout l’environnement psychosocial prend toute son importance.
Au cœur de la démarche de transfert se situe la volonté du propriétaire que son entreprise perdure. C’est pourquoi il investit temps et énergie dans cette démarche. Le cédant doit mettre à profit ses habiletés de communication pour communiquer clairement avec la relève, exprimer ses émotions et faire preuve d’ouverture lorsque la relève prendra plus de décisions sur la ferme. Si les défis sont nombreux pour le cédant, ceux-ci peuvent être facilement surmontés avec une relève bien préparée. Les conférencières ont mis l’accent sur l’importance de bien s’entourer dans le processus de reprise d’une ferme. C'est que cet accompagnement implique une multitude de professionnels : comptable, fiscaliste, planificateur financier, groupe de relève et assureur sont tous des alliés pour vous aider à préciser votre projet d’entreprise. Vous trouverez sur Agri-Réseau une page consacrée au transfert d’entreprises avec des capsules de conférences, des outils et des événements.