Cucurbitacées, Avertissement No 12, 14 août 2024

Réseau d'avertissements phytosanitaires Avertissement - Cucurbitacées
Pourriture noire dans plusieurs champs de courge Butternut. Tache plectosporienne dans la citrouille et la courgette. Phytophthora capsici en augmentation à la suite des pluies torrentielles. Mildiou présent dans le concombre et le melon brodé. Plants virosés dans certains champs. Cultures de couverture après les récoltes.
 

ÉTAT DES CULTURES

C’est le passage de la tempête Debby qui aura marqué la période s’échelonnant du 7 au 13 août. Dans certaines municipalités, comme celle de Lanoraie, dans Lanaudière, ce sont 220 mm de pluie qui sont tombés vendredi dernier. En plus de cette région, les Laurentides et la Mauricie ont été particulièrement touchées par les pluies torrentielles. Ailleurs au Québec, les précipitations ont atteint entre 40 et 125 mm de pluie. Dans les secteurs ayant eu moins de 100 mm d'eau, celle-ci n'est pas demeurée stagnante trop longtemps à la surface du sol, car beaucoup de champs étaient en déficit hydrique important avant le passage de Debby.  

Bien que le portrait soit encore partiel, la croissance et le mûrissement des cucurbitacées semblent bons dans les régions de la Capitale-Nationale, de la Chaudière-Appalaches et du Centre-du-Québec. Pour les autres régions, le portrait est très variable chez les entreprises selon la quantité de précipitations reçues, le type de sol, la présence ou non de Phytophthora capsici et d'autres maladies dans les champs.
   
Le sommaire agrométéorologique cucurbitacées vous présente le tableau des précipitations et des degrés-jours cumulés pour chacune des régions. 

 
 POURRITURE NOIRE DANS PLUSIEURS CHAMPS DE COURGE BUTTERNUT
 
On signale un fort pourcentage de courges Buttenut atteintes de pourriture noire dans des champs de la Montérégie et de Lanaudière. Les symptômes de la maladie sont apparus subitement en début de semaine. Seulement trois jours suffisent entre l'infection et l'apparition de la maladie au champ. 
 
Les conditions actuelles sont très propices au développement de la pourriture noire sur les courges Butternut et spaghetti. La maladie se développe à partir de blessures, des cicatrices florales ou de fruits en contact avec le sol. Les infections se transmettent également d’un fruit infecté à un fruit sain. Les spores sont dispersées par le vent et l’eau (éclaboussure, pluie, rosée). Les infections se produisent lorsque la température varie entre 20 et 25 °C, sous une humidité relative élevée et une période de mouillure sur les feuilles d’au moins une heure. L’humidité est le facteur prépondérant pour les infections et le développement de la maladie. 

Afin de minimiser tout risque d’infection, dès que la maturité des courges est atteinte, il est important de sortir rapidement les fruits d’apparence saine des champs. Attendez dans la journée que les fruits soient secs avant de débuter la récolte, puisqu'en absence de pellicule d’eau, les champignons pathogènes risquent moins de se développer lors de l'entreposage.
 
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Pourriture noire sur une courge Butternut

Photo : Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)



FOYERS DE TACHE PLECTOSPORIENNE SUR PLANTS DE CITROUILLE ET COURGETTE 

En plus des quelques champs de courgette en Estrie et en Montérégie, la tache plectosporienne (Plectosphaerella cucumerina/Plectosporium tabacinum) a été observée dans un champ de citrouille, en Montérégie. 
 
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Symptômes de la tache plectosporienne dans la citrouille, 13 août 2024. 

Photo : Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)

 
Plectosporium tabacinum est un champignon commun dans les sols et sur le matériel végétal en décomposition. Les souches phytopathogènes, elles, peuvent se maintenir sur les résidus de culture et survivre quelques années dans le sol en absence d’hôte. Les spores de P. tabacinum entrent en contact avec leurs plantes hôtes par les éclaboussures d'eau et par le vent.
 
En conditions pluvieuses, la tache plectosporienne se développe sur les plantes hôtes. Les lésions prennent l’apparence de taches blanchâtres. Celles-ci sont très sporulantes et enclenchent de nombreux cycles secondaires propices à la contamination d’autres plants. Une fois la maladie installée dans un champ, le vent est très efficace pour disperser les spores sur de longues distances.
 
Les cucurbitacées les plus sensibles à la maladie sont les citrouilles et les courgettes. Plus récemment, aux États-Unis, la tache plectosporienne a aussi fait son apparition sur les courges Butternut et sur des cucurbitacées appartenant aux Cucurbita maxima (Hubbard, Buttercup, Ambercup, citrouilles géantes) et sur quelques gourdes.
 
D’après des suivis menés au Connecticut, sans traitements fongicides, les pertes de rendement peuvent se chiffrer entre 50 et 100 % dans un champ où la maladie est présente. Les symptômes sont heureusement facilement reconnaissables et la maladie peut être contrôlée efficacement par des fongicides protectants. Bien qu'aucun produit ne soit homologué contre cette maladie au Canada, elle peut être contrôlée en même temps que d'autres maladies qui peuvent être présentes. Selon les références américaines, le chlorothalonil (BRAVO ZN, ECHO 720) et les strobilurines (CABRIO, QUADRIS TOP, PRISTINE) sont les plus efficaces pour contrôler la tache plectosporienne en régie conventionnelle. En régie biologique, les données d'efficacité ne sont pas disponibles.
 
Dans les champs où le pathogène est dépisté, une rotation d'au moins 2 ans sans citrouille ni courgette est nécessaire pour minimiser le risque de la maladie.
  
 
FOYERS DE PHYTOPHTHORA CAPSICI SUR LES FRUITS 
 
On nous rapporte plusieurs cas de pourriture de fruits causée par le champignon du sol Phytophthora capsici. Dans les champs les plus à risque, récoltez rapidement les fruits d’apparence saine dès l’atteinte de la maturité et évitez de les entreposer. Optez plutôt pour une vente rapide.

En présence de la maladie, nettoyez l’équipement agricole avant de passer d’un champ à l’autre. P.  capsici se propage très facilement avec les particules de sol qui collent aux roues de la machinerie agricole. Aussi, pour éviter toute propagation de la maladie, n’enfouissez jamais des fruits malades dans un champ sain.
 
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Pourriture de fruits causée par le Phytophthora capsici dans la courge spaghetti

Photo : Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)



PRÉSENCE DE PLANTS VIROSÉS DANS CERTAINS CHAMPS 
 
Dans les régions de la Montérégie, du Centre-du-Québec, de Lanaudière et des Laurentides, on rapporte quelques champs avec des plants virosés. Le pourcentage de plants atteints est, dans certains cas, élevé. La situation n'a toutefois rien à voir avec celle de 2022, où un très grand nombre de champs et de cultures avaient été infectés par le virus de la mosaïque du concombre. 
 
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Plant avec présence confirmée du virus de la mosaïque du concombre (CMV), 8 août 2024

Photo : Isabelle Couture, agr. (MAPAQ)



QUELQUES NOUVEAUX CAS DE MILDIOU DANS LE CONCOMBRE 

 

Depuis quelques jours, d'autres foyers de mildiou du concombre (Pseudoperonospora cubensis) ont été dépistés dans le concombre frais en Montérégie, en Estrie, au Centre-du-Québec, en Chaudière-Appalaches et dans la région de Québec. On signale aussi la maladie dans quelques champs de melon brodé de la Montérégie.

 
Pour les champs de concombre de transformation, de concombre frais et de melon brodé du sud du Québec et pour les autres champs qui sont aux prises avec le mildiou ou qui ont des antécédents de mildiou et où vous prévoyez encore récolter pour plus d’une semaine, nous vous conseillons fortement de poursuivre les pulvérisations de fongicides avec des produits spécifiques contre cette maladie.

Pour les autres champs de concombre et de melon brodé dont la récolte est terminée ou sur le point de l’être, il est essentiel de les détruire dès qu’elle sera complétée afin de ne pas laisser de plants sans protection fongique, car ceux-ci pourraient servir de source de contamination pour les autres champs.

 

 
IMPLANTATION DE CULTURES DE COUVERTURE
 
Après la récolte de vos cultures ou l'abandon d'un champ, il est recommandé de déchiqueter et d’enfouir les résidus. Cette opération permet d'empêcher les ravageurs et les maladies de se développer et/ou de compléter leur cycle, ce qui constitue une stratégie efficace pour limiter leur impact sur les cucurbitacées avoisinantes, mais également sur les cucurbitacées qui seront cultivées dans les années à venir. 
 
Après la destruction des résidus de culture, il est aussi recommandé de couvrir les sols en semant des plantes de couverture (culture simple ou mélange de plusieurs espèces de plantes). En plus d'améliorer la santé et la conservation des sols, leur implantation contribue à la valorisation des éléments fertilisants et à la bonne gestion des ennemis des cultures, notamment en compétitionnant avec les mauvaises herbes et en interférant dans le cycle de développement de certains ravageurs et de certaines maladies. Il faut toutefois attendre les bonnes conditions de sol et météorologiques pour semer les cultures de couverture afin qu'elles germent rapidement et puissent croître de manière optimale. Faites appel à votre conseiller horticole pour vous aider dans votre choix de culture de couverture à implanter.



 

Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.


 
Cet avertissement a été rédigé par Isabelle Couture, agronome, M. Sc. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du sous-réseau Cucurbitacées ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Cindy Ouellet (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.