Grandes cultures, Avertissement No 13, 12 juillet 2024

Nématode à kyste du soya : période idéale pour les symptômes au champ. Puceron du soya : le dépistage doit s'intensifier par endroits, populations faibles. Risques variables pour la pourriture à sclérotes. Fusariose de l'épi (blé de printemps) : peu de risque, sauf dans les champs plus tardifs. VGOH : faibles captures de papillons, planification du dépistage des masses d'oeufs et des larves. Chrysomèles des racines du maïs : cols d'oie et dommages. Cécidomyie du chou-fleur : stades sensibles dépassés. Le dépistage et le désherbage de mauvaises herbes en prérécolte et postrécolte des céréales d'automne.
 
 
NÉMATODE À KYSTE DU SOYA : JUILLET ET AOÛT, PÉRIODE IDÉALE POUR OBSERVER DES SYMPTÔMES AU CHAMP
M.-E. Cuerrier1, A. Dionne2, H. Brassard1, T. Copley3, B. Duval1 et V. Samson1
1. Agronome (MAPAQ); 2. Phytopathologiste (LEDP-MAPAQ); 3. Chercheuse (CÉROM)

Le nématode à kyste du soya (NKS) est reconnu comme étant l’un des plus importants parasites de la culture du soya à travers le monde. Sa présence a été confirmée au Québec en 2013. Depuis cette confirmation, selon les dépistages réalisés par le RAP Grandes cultures, le nombre de champs aux prises avec le NKS augmente, de même que le niveau des populations dans les champs infestés (tableau). On en retrouve désormais dans toutes les principales régions productrices de soya au Québec, et même dans les régions périphériques. Depuis quelques années, les niveaux de populations de NKS sont suffisamment élevés pour causer des symptômes visibles dans certains champs. Un tel cas, montrant des zones affectées au champ (jaunissement et diminution de la vigueur des plants), a d’ailleurs récemment été rapporté au Centre-du-Québec.
 
Comment détecter des champs aux prises avec le NKS?
Le NKS est un ver microscopique invisible à l’œil nu. Il endommage le système racinaire et utilise l’eau et les nutriments disponibles au détriment de la culture. Bien que la plupart du temps aucun symptôme ne soit visible, il est possible d’observer certains symptômes en juillet et en août, période idéale pour le dépistage du NKS. Lorsque l’infestation est sévère, les symptômes suivants peuvent être observés :
  • Rabougrissement et jaunissement des plants;
  • Ralentissement du développement des plants et retard dans la fermeture de la canopée;
  • Nodulation réduite;
  • Sénescence hâtive.
  
Les symptômes apparaissent généralement deux mois après le semis, d’abord à l’entrée du champ et dans les endroits sujets aux stress hydriques (élévations, baissières et sols compactés). Les symptômes sont distribués en foyers, formant des plaques jaunes irrégulières arrondies ou ovales et s’allongeant dans le sens du travail du sol. La présence de kystes sur les racines permet de confirmer le diagnostic. Ces kystes sont beaucoup plus petits (moins de 1 mm) que les nodules de fixation de l’azote et sont blancs, jaunes ou bruns (photo). Pour les observer, une pelle doit être utilisée pour déterrer les plants délicatement, au lieu de tirer sur ceux-ci, afin de ne pas déloger les kystes des racines.

Même en l’absence de symptômes visibles sur les plants, le rendement d’un champ peut être réduit jusqu’à 30 %, d’où l’importance de demeurer vigilant et de confirmer la présence du ravageur dans les champs présentant des risques. Un champ est considéré particulièrement à risque s’il répond à un ou plusieurs de ces critères :
  • Soya démontrant des symptômes qui ressemblent à ceux causés par le NKS;
  • Soya cultivé année après année, sans rotation avec des cultures non hôtes;
  • Utilisation de cultivars non résistants ou utilisation répétée de cultivars avec la même source de résistance;
  • Présence récurrente de certaines mauvaises herbes dans le champ pouvant servir de plantes hôtes, telles que lamier pourpre, lamier amplexicaule, tabouret des champs, céraiste vulgaire, stellaire moyenne ou bourse à pasteur;
  • Travaux à forfait fréquents dans le champ (source possible de contamination);
  • Champ situé dans une zone où la présence du NKS a été confirmée.

Il est important de connaître l’état de la situation de chaque champ afin d’implanter des pratiques permettant de limiter la dispersion et l’augmentation des populations du NKS. Son éradication n’est pas possible. En cas de détection, la meilleure approche consiste à effectuer une rotation avec des cultures non hôtes (ex. : maïs, céréales, canola, luzerne, trèfle, prairie de graminées) et de varier l’utilisation de cultivars de soya résistants au NKS (se référer au Guide RGCQ disponible ici).

Ne pas confondre avec :
  • Phytotoxicités causées par les herbicides
  • Carence en manganèse et en potassium
  • Pourriture phytophthoréenne

Pour plus d’information sur le NKS, notamment sur la méthode d’échantillonnage, les stratégies d’intervention et les mesures de biosécurité à mettre en place, consulter la fiche technique intitulée Le nématode à kyste du soya.
 
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Kyste de nématode à kyste du soya (flèche rouge) et nodule du soya (flèche verte) sur racines de soya

Photo : LEDP (MAPAQ)


 
PUCERONS DU SOYA : LE DÉPISTAGE DOIT S'INTENSIFIER DANS CERTAINS CHAMPS
 S. Mathieu1, J. Saguez2, B. Duval1 et S. Boquel2
1. Agronome (MAPAQ); 2. Chercheur (CÉROM)

Cette semaine, des pucerons du soya ont été observés dans 80 % des champs dépistés dans le cadre du RAP Grandes cultures, mais à des niveaux variables (voir tableau 1). Pour consulter les données par site, cliquez ici. Quelques champs en Montérégie ont atteint le seuil d’alerte de 250 pucerons par plant, ce qui signifie qu’il est nécessaire de dépister tous les 3 à 7 jours pour suivre l’évolution des populations en comptant le nombre moyen de pucerons par plant et en notant l’abondance des ennemis naturels.
 
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Tableau 1 : Sommaire des populations de pucerons du soya pour 62 sites du réseau de surveillance pour la semaine du 8 juillet 2024



Présentement, le stade physiologique du soya varie du stade végétatif à R3. Cliquez ici pour accéder à un guide sur les stades du soya. À partir du début de la floraison et jusqu’au stade R5, le soya peut subir des pertes de rendement si le seuil d’alerte de 250 pucerons par plant est atteint ET que la population de pucerons est en augmentation. Toutefois, l’atteinte du seuil d’alerte ne signifie pas qu’il faille traiter, mais plutôt qu’un dépistage plus soutenu est nécessaire (tous les 3 à 7 jours). Il est primordial de faire au moins deux dépistages avant de prendre la décision de traiter afin de vous assurer que la population de pucerons est en hausse. La prise de décision quant à une intervention doit aussi tenir compte de la présence des ennemis naturels.

Puisque les populations sont variables d’un site à un autre, le dépistage doit être fait pour chacun des champs.
 
En plus du nombre de pucerons par plant, différents facteurs sont à considérer pour la prise de décision quant à un traitement insecticide, tels que l’état de santé de la culture. Certaines variétés de soya peuvent être résistantes ou tolérantes aux pucerons. La pluie peut aussi réduire le nombre de pucerons sur les plants.

Le schéma ci-dessous résume la stratégie d’intervention sous forme d’arbre décisionnel afin de savoir si un traitement insecticide est nécessaire ou non.
  
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Arbre décisionnel pour savoir si un traitement insecticide est nécessaire ou non

 

Les ennemis naturels sont des alliés efficaces!
Dans plusieurs champs, des coccinelles, des larves de cécidomyie aphidiphage et de syrphes ont été observées. La chaleur et l’humidité devraient aussi favoriser le développement des champignons entomopathogènes.

Pour bien identifier les ennemis naturels, consultez le Carnet de champ du dépisteur du RAP Grandes cultures, la brochure Lutte intégrée contre le puceron du soya et la section Description des ennemis naturels du Guide d’identification des ravageurs des grandes cultures et des cultures fourragères et de leurs ennemis naturels et mesures de lutte applicables à l’Ouest canadien.

Les ennemis naturels sont généralement très efficaces pour contrôler les pucerons. Les pesticides pourraient causer la mort des ennemis naturels et induire une réinfestation du puceron et d’autres ravageurs comme le tétranyque à deux points.
 
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Larve de cécidomyie aphidiphage

Source : Whitney Cranshaw, Colorado Ste University, Bugwood.org

 
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Quelques ennemis naturels du puceron du soya

Photos : J. Saguez (CÉROM)

 

 

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Larves de coccinelles prédatrices de pucerons

Photos : J. Saguez (CÉROM)


Pour consulter la liste des insecticides homologués contre le puceron du soya et leurs indices de risque, consultez SAgE pesticides.

Pour en savoir plus, vous pouvez visionner la vidéo (4 minutes) Le dépistage du puceron du soya en cinq points.


RISQUES DE POURRITURE À SCLÉROTES VARIABLES SELON LA RÉGION
T. Copley1, B. Duval2, H. Brassard2 et V. Samson2
1. Chercheuse (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)

Dans la majorité des régions du Québec, selon les modèles prévisionnels, les températures élevées et les vents persistants contribuent à un risque faible pour l’apparition des apothécies et l’infection par la pourriture à sclérotes, et ce, jusqu’au 18 juillet 2024. De premières apothécies ont toutefois été observées les 9 et 10 juillet à Saint-Isidore dans la région de Chaudière-Appalaches dans des champs où la canopée était fermée. 

Les apothécies, champignons produisant les spores infectieuses de la pourriture à sclérotes, nécessitent des conditions fraîches (< 25 °C) et humides. Selon les modèles prévisionnels, les températures maximales supérieures à 25 °C et une vitesse de vent supérieure à 10 km/h assèchent la surface du sol, réduisant les risques d’apparition des apothécies.

Les risques d’apparition d’apothécies sont présentement élevés pour les secteurs suivants : Saint-Éphrem-de-Beauce et Beauceville en Chaudière-Appalaches, Victoriaville au Centre-du-Québec, La Pêche et Saint-André-Avellin en Outaouais, Frelighsburg en Montérégie-Est, secteur de Matawinie dans Lanaudière, Mont-Tremblant dans les Laurentides et Deschambault dans la Capitale-Nationale. Le secteur de Saint-Bruno-de-Montarville en Montérégie-Est est à risque modéré à élevé. Les secteurs de Saint-Prosper et East Broughton (Chaudière-Appalaches), de Papineau-Labelle (Laurentides), de Saint-Hilaire (Montérégie-Est) et de Saint-Grégoire (Montérégie-Ouest) sont à risque modéré. Les autres secteurs et régions sont à faible risque selon les modèles prévisionnels, et ce jusqu'au 18 juillet, en raison des températures chaudes prévues cette semaine.

Les modèles prévisionnels utilisent uniquement des facteurs climatiques pour prédire la présence d’apothécies. Une évaluation de l’état du champ et des pratiques agricoles aidera à préciser le niveau de risque du champ et la pertinence d’utiliser un fongicide. Un historique de la maladie, l’utilisation d’un cultivar sensible ou sans cote de résistance, un écartement de rang étroit (7 pouces ou rangs jumelés), des rangs fermés à plus de 60 %, un taux de semis élevé et un sol fertile (ex. : utilisation de lisier ou de fumier, un sol riche en matière organique) contribuent à augmenter le niveau de risque d’un champ. À noter qu’un champ sans historique de la maladie est à faible risque d’avoir la maladie. Si un fongicide est envisagé, il est important de respecter les étiquettes et les délais avant la pluie pour maximiser l'efficacité, surtout avec la période de forte pluie qu'on connaît actuellement. Pour de plus amples informations concernant les fongicides homologués pour la pourriture à sclérotes, leur efficacité et leurs indices de risques, vous pouvez vous référer à l’avertissement N° 11 du 7 juillet 2023 et le tableau Principaux fongicides homologués (en répression) contre la sclérotiniose dans la culture du soya au Canada. Pour de plus amples informations concernant la maladie, vous pouvez vous référer à la fiche technique sur la pourriture à sclérotes et l’avertissement N° 11 du 5 juillet 2024.

*L'information tirée des modèles prévisionnels ne prend pas en compte le stade de développement de la culture. Il appartient au producteur ou au conseiller d'évaluer si la culture est à un stade propice pour l'infection, soit entre les stades R1 et R3. L’utilisation d’un modèle pour la prévision des risques de l’infection d’un champ est un outil d’aide à la décision, mais ne peut se substituer au jugement du producteur ou du conseiller. Le RAP Grandes cultures et le CÉROM ne peuvent être tenus responsables de tout dommage de quelque nature que ce soit.
 
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Apothécies de Sclerotinia sclerotiorum qui ont germé à partir d’un sclérote
Photo : Tanya Copley (CÉROM)



FUSARIOSE DE L’ÉPI DANS LE BLÉ DE PRINTEMPS : PEU DE RISQUE SAUF DANS LES CHAMPS SEMÉS TARDIVEMENT OU PEU DÉVELOPPÉS
T. Copley1, H. Brassard2, et V. Samson2
1. Chercheuse (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)

Actuellement, les stades de développement des céréales de printemps varient selon la région et la date de semis. Pour la majorité des régions, les champs de blé de printemps ont atteint le stade de floraison et ont donc dépassé les stades à risque d’infection pour la fusariose de l’épi. Pour les champs semés tardivement ou peu développés, les céréales n’ont pas encore atteint le stade de floraison ou d’épiaison et il est important de suivre et de continuer d’évaluer le niveau de risque d’infection par Fusarium. Les cartes interactives des niveaux de risque sont accessibles par ce lien. Pour plus d’information, consultez la fiche technique La fusariose de l’épi chez les céréales.


VERS-GRIS OCCIDENTAL DU HARICOT (VGOH) : PRÉPAREZ-VOUS À DÉPISTER LES MASSES D'OEUFS ET LES JEUNES LARVES
J. Saguez1, A. Akpakouma2, B. Duval2, S. Mathieu2 et V. Samson2
1. Chercheur (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)

Les captures de papillons de VGOH sont encore faibles dans la province. Rappelons que seuls les papillons mâles sont capturés et représentent seulement un indicateur de la présence de l’espèce dans un secteur. Plusieurs champs de maïs approchent ou ont atteint le stade de la sortie des panicules, soit le stade de développement idéal pour débuter le dépistage des masses d’œufs de VGOH. Il faut donc penser à planifier le dépistage des masses d’œufs dans les prochaines semaines.

Reconnaître les masses d’œufs du VGOH
Les masses d’œufs contiennent généralement plusieurs dizaines d’œufs semi-sphériques pondus en une seule couche. Elles sont déposées sur la face supérieure des 3 à 4 feuilles situées en haut des plants, près de la panicule. Les masses d'œufs nouvellement pondues sont de couleur blanc/crème et elles deviennent de plus en plus foncées au fur et à mesure qu'elles maturent et sont violacées, quelques jours avant l’éclosion.
 
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Masse d'oeufs de VGOH

Photo : J. Saguez (CÉROM)



Le dépistage des masses d’œufs consiste à observer 100 plants de maïs répartis dans 10 stations à travers le champ (10 plants par station). Il faut observer la totalité des plants en priorisant les feuilles supérieures. Les masses d’œufs sont plus faciles à observer quand on regarde les plants à contre-jour. Le dépistage devrait être réalisé tous les 5 à 7 jours.
 
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Même masse d'oeufs vue à contre-jour (à gauche) et à la lumière (à droite)

Photo : J. Saguez (CÉROM)



Il est important de ne pas confondre les masses d’œufs de VGOH avec les masses d’œufs de punaises qui ont une forme de tonneau et contiennent moins d’œufs.
 
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Oeufs de punaise brune

Photo : J. Saguez (CÉROM)

 
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Oeufs de punaise soldat

Photo : J. Saguez (CÉROM)



Enfin, les masses d’œufs de VGOH peuvent être parasitées. Dans ce cas, la couleur des œufs peut varier du gris au noir.
  
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Évolution d'une masse d'oeuf de VGOH parasitée

Photo : J. Saguez (CÉROM)



Pour en savoir plus sur le dépistage du VGOH
  • Fiche technique Ver-gris occidental des haricots dans le maïs (grain et ensilage)
  • Vidéo Le Ver-gris occidental des haricots : biologie, dépistage et stratégies d’intervention
 

CHRYSOMÈLES DES RACINES DU MAÏS : AVEZ-VOUS OBSERVÉ DES PLANTS DE MAÏS EN FORME DE COLS D’OIE ?
 J. Saguez1, S. Mathieu2 S. Boquel1, V. Samson2
1. Chercheur (CÉROM); 2. Agronome (MAPAQ)

Des plants de maïs présentant des cols d’oie et des dommages racinaires ont été rapportés en Montérégie-Est, dans un champ de maïs continu. Les cols d’oie se forment à la suite de la verse des plants. Ils sont dus au fait que les plants, couchés vers le sol, ont repris leur croissance verticale. La courbure des plants est souvent liée à un système racinaire affaibli ou un moins bon ancrage des plants dans le sol. Les causes peuvent être multiples (ex. : précipitations abondantes, vents, dommages d’herbicides, etc.), mais souvent, les problèmes de cols d’oie sont associés à des dommages au système racinaire faits par les larves des chrysomèles des racines du maïs (CRM). Les CRM sont actuellement au stade larvaire dans plusieurs régions et se nourrissent sur les racines du maïs. Elles vont bientôt se transformer en pupes, puis en adultes. Ces derniers sortiront du sol et se nourriront des parties aériennes des plants (feuilles, panicules, soies et grains en développement).
 
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Larve de chrysomèle des racines du maïs
Le spécimen mesure moins de 1 cm.
Photo : J. Saguez (CÉROM)

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Pupe de chrysomèle des racines du maïs
Le spécimen mesure moins de 1 cm.
Photo : J. Saguez (CÉROM)



Si vous observez des plants présentant des cols d’oie, l'évaluation des dommages aux racines permet de valider si les chrysomèles des racines du maïs en sont la cause et d’anticiper les pertes, selon une méthode d’évaluation américaine. La surveillance est notamment suggérée dans les champs en maïs continu depuis au moins deux années consécutives. Surveillez également les dommages dans les champs qui sont continuellement semés avec la technologie Bt-chrysomèles, puisque des cas de dommages sévères et de résistance ont été observés en 2020 en Ontario. Au Québec, des données indiquent qu’une résistance serait en cours de développement.

Évaluation des dommages racinaires
À l’aide d’une pelle, prélevez le système racinaire des plants qui présentent des cols d’oie. Lavez les racines dans une chaudière pour éliminer la terre entourant les racines. Cette opération permet également de libérer les larves et les pupes de CRM, qui flottent à la surface de l’eau. Pour en savoir plus sur la méthode, consultez cette vidéo (en anglais seulement).

Lorsque les racines sont propres, observez chaque nœud racinaire afin de déceler la présence de trous, de galeries ou de portions de racines nécrosées ou manquantes.
 
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Dommages racinaires causés par les larves de chrysomèles des racines de maïs
À gauche : présence de trous, de galeries et de zones nécrosées sur les racines.
À droite : plants avec différents niveaux de dommages (de gauche à droite : cote 0, cote 1,75 et cote 3).
Photos : J. Saguez (CÉROM)



Il est possible de se baser sur l’échelle de dommages développée aux États-Unis pour déterminer les risques de pertes (en anglais). L’échelle varie de 0 (aucun dommage) à 3 (3 nœuds complètement affectés). Selon une étude américaine, une cote moyenne de 0,25 correspond à un début de pertes économiques dans le maïs grain, et chaque nœud endommagé correspond à une perte de rendements de 15 % approximativement.

Si l’hydride de maïs possède la technologie Bt-chrysomèle et que des dommages aux racines sont constatés, cela pourrait signifier que l’insecte est résistant à la technologie Bt utilisée. Notez qu’il est possible d’observer un faible pourcentage de plants avec des dommages dans les champs Bt-chrysomèle, puisqu’en général, 5 % des grains semés sont un refuge non-Bt intégré dans le sac de semences. Pour connaître les technologies offrant une protection contre la chrysomèle des racines du maïs, consultez le tableau Maïs exprimant des protéines insecticides disponibles au Canada (Avril 2024).

Si vous observez des cols d’oie dans vos cultures de maïs ou que vous soupçonnez de la résistance au Bt-chrysomèle dans votre champ, contactez votre fournisseur de semences, votre responsable régional du MAPAQ en grandes cultures, le RAP Grandes cultures (rapcerom@cerom.qc.ca) et Julien Saguez au CÉROM (julien.saguez@cerom.qc.ca). Des plants et des insectes seront récoltés pour évaluer la résistance au Bt.

Pour réduire les risques de dommages aux plants causés par les CRM, la rotation des cultures est la stratégie d’intervention la plus efficace, puisqu’elle prive les CRM des racines du maïs qui sont nécessaires pour compléter leur cycle de développement.

Pour plus d’information
  • Fiche technique Stratégie de prévention contre la résistance de la chrysomèle des racines du maïs au maïs Bt
  • Vidéo Comment gérer les chrysomèles des racines du maïs dans le maïs grain et ensilage
  • Avertissement N° 21 du 19 novembre 2021, section « Comment atténuer le développement de la résistance des chrysomèles au maïs Bt? »


CÉCIDOMYIE DU CHOU-FLEUR : LES STADES DE CROISSANCE SENSIBLES SONT DÉPASSÉS POUR LA PLUPART DES CHAMPS
 S. Boquel1, A. Akpakouma2, H. Brassard2 et V. Samson2
1. Agronome (MAPAQ); 2. Chercheur (CÉROM)

Les stades sensibles du canola sont dépassés pour la plupart des sites suivis par le RAP Grandes cultures puisque les stades de floraison (BBCH 60 et plus) sont atteints ou en voie de l’être. Pour consulter le tableau des résultats des captures des adultes et des stades de croissance du canola en date du 11 juillet 2024, cliquez ici.

Le canola est le plus à risque du stade rosette (BBCH 30) au stade où les boutons floraux des inflorescences secondaires sont individuellement visibles, mais encore fermés (BBCH 58). Les champs qui n’ont pas dépassé ces stades nécessitent une attention particulière jusqu’à ce que ces stades sensibles soient dépassés.

La grande capacité de compensation du canola peut réduire l’impact de ce ravageur sur le rendement, même en présence d’une population abondante. D’ailleurs, au Québec, une légère tendance à la baisse du rendement a été observée avec des captures supérieures à 40 CCF/piège/jour.

Pour en savoir davantage sur la méthode de dépistage, l’identification de l’insecte, les dommages qu’il occasionne et les stratégies à adopter pour lutter contre ce ravageur, consultez l’avertissement N° 11 du 5 juillet 2024, la fiche technique La cécidomyie du chou-fleur ou encore le Guide des ravageurs et des ennemis naturels du canola au Québec.
 
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Arrêt de l'élongation de la tige causé par la cécidomyie du chou-fleur, résultant en la formation de bouquets de siliques

Photo : S. Boquel (CÉROM)

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Arrêt de l'élongation de la tige causé par la cécidomyie du chou-fleur, résultant en la formation de bouquets de siliques

Photo : S. Boquel (CÉROM) 

 
   
LE DÉPISTAGE ET LE DÉSHERBAGE DE MAUVAISES HERBES EN PRÉRÉCOLTE ET POSTRÉCOLTE DES CÉRÉALES D’AUTOMNE

V. Samson1, S. Mathieu1, B. Duval1, J. Breault1 et M.-E. Cuerrier1
Mise à jour 2024 : M.-E. Cuerrier1 et B. Duval1
1. Agronome (MAPAQ)

La récolte des céréales d’automne est sur le point de débuter dans certaines régions. Les semaines qui suivront seront donc propices pour réprimer efficacement les mauvaises herbes annuelles hivernantes (bourse-à-pasteur, vergerette du Canada), bisannuelles (armoise bisannuelle, petite bardane) et vivaces (pissenlit, plantain).

Qu’on opte pour le travail du sol ou l’emploi d’herbicides, le suivi des champs et le dépistage des espèces présentes sont primordiaux. Leur identification et l’observation de leur système racinaire permettent, par exemple, d’ajuster la profondeur du travail de sol en fonction des mauvaises herbes à réprimer. La fiche Répression du laiteron des champs, du chardon des champs et du tussilage fournit de l’information à cet effet.

Les applications d’herbicides en postrécolte offrent souvent une meilleure efficacité pour le contrôle des mauvaises herbes, comparativement aux applications en prérécolte. En effet, les applications en prérécolte de la culture principale permettent la répression (contrôle partiel) de certaines mauvaises herbes annuelles, bisannuelles et vivaces, et non leur suppression. L’application d’un herbicide de type dessiccant en prérécolte (ex. : carfentrazone-éthyl) a pour objectif de détruire la partie aérienne des adventices, ce qui facilite la récolte, mais n’assure aucune suppression des mauvaises herbes vivaces.

À cette période de l’année ou plus tard à l’automne, comparativement au printemps, l’efficacité des herbicides en postrécolte est augmentée, puisque la surface foliaire des mauvaises herbes est plus importante et que la translocation des hydrates de carbone vers les racines leur permet d’atteindre ces parties de la plante. Les mauvaises herbes doivent cependant être en croissance active et ne pas avoir été affectées par un gel mortel (pour les interventions automnales), par le travail du sol ou par un autre stress. Si la répartition des mauvaises herbes est en foyers, les traitements localisés sont un moyen efficace de diminuer les quantités de pesticides utilisées.

Le contrôle d’automne des mauvaises herbes comme le pissenlit, permettra d’éviter, dans plusieurs cas, l’étape du brûlage au printemps suivant. Vous pouvez consulter le tableau présentant les différentes options de désherbage en prérécolte dans la culture du blé d'automne, incluant certaines mises en garde en lien avec les marchés, l’effet résiduel de certains produits, l’homologation pour certains usages seulement, etc. La liste des produits de ce tableau n’est pas exhaustive et des mélanges sont aussi possibles. Consultez les étiquettes des fabricants en ce qui concerne les cultures, les doses, les modes d’application et les renseignements supplémentaires afin d’éviter, entre autres, un dépassement de la limite maximale de résidus (LMR) autorisée dans le grain. Notez par ailleurs que le glyphosate n’est pas homologué comme traitement d’aide à la récolte (défanant) et qu’aucun des herbicides mentionnés dans le tableau n’est homologué en traitement de prérécolte dans la culture du seigle.

La paille traitée au glyphosate ne doit pas servir au paillage des champs, par exemple de fraises, car cela endommage les fraisiers et ralentit leur croissance.

Le respect du stade de la culture au moment d’un traitement en prérécolte, s’il y a lieu, est important et les étiquettes des herbicides doivent être consultées à cet effet. Un bon indicateur de la maturité des grains de céréale est lorsque le pédoncule, c’est-à-dire l’entre-nœud supérieur de la tige qui supporte l’épi, passe du vert au jaune.
 
Les cultures de couverture sont un moyen à privilégier pour couvrir les sols et faire compétition aux mauvaises herbes de fin de saison et de la saison suivante. L'Initiative ministérielle de rétribution des pratiques agroenvironnementales et le projet Agrisolutions Climat offrent des aides financières pour cette pratique. Le Guide des cultures de couverture en grandes cultures contient des informations pratiques sur le choix des espèces, les avantages et inconvénients, les taux de semis, etc. Également, la page Facebook Cultures de couverture Québec est une source d’information et d’échanges très dynamique. Une application mobile a aussi été développée par AGRINOVA (projet financé par le MAPAQ) : vous pouvez la télécharger sur Google Play ou l’App Store en recherchant le nom Cultivert.
 
Pour plus d’information sur les stratégies en matière de mauvaises herbes en fin de saison, consultez la fiche technique Le dépistage des mauvaises herbes et le désherbage de fin de saison.
 
Image Agri-Réseau

Champ de céréales approchant la maturité avec présence de mauvaises herbes

Photo : M.-E. Cuerrier, agr. (MAPAQ)

  

 

Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.


 

Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseure du sous-réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc., Lise Bélanger et Sophie Bélisle (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite.