Solanacées, Avertissement No 8, 11 juillet 2024

Chaleur bénéfique à la croissance. Aucun diagnostic de mildiou au Québec; nouveaux cas en Ontario dans la tomate. Fortes pluies. Tomates : règles générales pour la fréquence des traitements fongicides. Maladies fongiques et bactériennes en légère augmentation. Punaises, cicadelles, altises présentes. Ennemis naturels actifs. Taches fantômes. Phytotoxicité.

 
CONDITIONS MÉTÉO ET SITUATION ACTUELLE
 

Les températures élevées de jour comme de nuit ont favorisé la croissance des plants. Les précipitations ont été beaucoup moins abondantes dans la dernière semaine, et ce, dans l’ensemble des régions. La période est critique pour limiter les désordres de carence en calcium; une bonne maîtrise de l’irrigation est le facteur clé. Quelques collaborateurs mentionnent des cas de pourriture apicale dans la tomate et le poivron.  

L’ouragan Beryl a fait son entrée au Québec et a déjà déversé jusqu’à 100 mm de pluie par endroits et entraîne des températures plus fraîches jusqu’à vendredi.

Voici les liens d'Agrométéo Québec pour cette semaine : 

  • Précipitations des sept derniers jours
  • Sommaire Cucurbitacées/Solanacées



TOMATE

Les cultures se développent rapidement et les fruits sont en grossissement dans les plantations hâtives, dans l’ensemble de la province. Sur certains sites sableux, on peut observer des carences dues au lessivage par les pluies passées et l’irrigation.
 

Règle générale des fréquences de traitements fongicides dans la tomate : 
Règle générale de la fréquence des traitements fongicides :
  • 5 à 7 jours : Pression élevée de la maladie, temps pluvieux, rosées abondantes favorisant le déplacement et la germination des spores; 
  • 7 à 10 jours : Pression modérée de la maladie, temps variable; 
  • 10 à 14 jours : Pression faible de la maladie, temps chaud et sec. 
 

Maladies  

Mildiou (Phytophthora infestans)
Aucun cas n'a été diagnostiqué au Québec à ce jour. La semaine dernière, le mildiou a été détecté dans la tomate en Ontario, dans le comté de Kent. S’il advenait qu’on en trouve au Québec, nous publierions une alerte pour vous en informer. Consultez l'avertissement N° 1 du 24 avril 2024 pour de plus amples informations sur la prévention de la maladie. 

Il est possible que les vents et les pluies aient transporté des spores avec eux. Il est important de rapprocher les dépistages pour détecter les premiers symptômes et intervenir tôt, s'il y a lieu, afin de stopper le développement de la maladie.

Alternariose
La maladie est présente en Chaudière-Appalaches et en Montérégie, principalement sur les feuilles du bas et elle ne remonte pas beaucoup dans les plants. Les collaborateurs rapportent que des traitements répressifs et préventifs sont faits dans toutes les régions, selon les conditions météorologiques.

Botrytis
La moisissure grise est présente dans les champs en Montérégie. Certains collaborateurs signalent quelques taches fantômes sur les fruits. 
 
Chancre bactérien et moucheture bactérienne
On note la présence de ces maladies bactériennes en Montérégie. Les deux bactéries sont souvent observées dans les mêmes champs. L’évolution est variable, mais stable selon les sites. Des symptômes sur les fruits sont observés en Montérégie.
 
Image Agri-Réseau

Chancre bactérien sur une tomate au champ

Photo : Riva Khanna, agr. (MAPAQ)



Insectes
Les doryphores, les punaises ternes et brunes, les pucerons, les altises et les cicadelles sont observés, mais causent peu de dommages pour l’instant.


Désordre abiotique
Sur quelques sites, on observe des carences de calcium qui causent de la pourriture apicale. Une bonne régie d’irrigation permet d’éviter ce phénomène. Pour plus d’information, référez-vous à la fiche Pourriture apicale du poivron et de la tomate de champ

On rapporte des plants avec les feuilles enroulées. Lors d’épisodes de fortes chaleurs et humidité, il arrive que les plants de tomates enroulent ainsi leurs feuilles. Ce sont d’abord les feuilles du bas qui s’enroulent. Certaines variétés sont plus susceptibles que d’autres.
 
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Enroulement physiologique

Photo : D. Blancard (INRA)



Phytotoxicité
De la phytotoxicité attribuable au glyphosate a été observée dans la tomate. L’herbicide avait été appliqué trois semaines avant la transplantation.
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Symptômes de phytotoxicité au glyphosate

Photo : Marie-Laure Marcotte, agr. (Groupe ProConseil)

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Symptômes de phytotoxicité au glyphosate

Photo : Marie-Laure Marcotte, agr. (Groupe ProConseil)

 
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Symptômes de phytotoxicité au glyphosate

Photo : Marie-Laure Marcotte, agr. (Groupe ProConseil)

 

POIVRON


Maladies
Taches bactériennes
Elles sont observées dans Montréal-Laval-Lanaudière et en Montérégie avec une pression qui varie selon les sites.  

Phytophthora capsici
Aucun cas n’a été rapporté encore. Des fongicides préventifs sont appliqués sur les sites avec important historique à cause des pluies actuelles et à venir.


Insectes

Pucerons
Leur présence est rapportée dans la plupart des régions, mais aucun traitement n’a été recommandé malgré la présence de miellat sur certains sites, car les ennemis naturels étaient bien actifs. On observe entre autres plusieurs pucerons momifiés.

Punaises 
On rapporte la présence d'adultes et de larves dans la plupart des régions, ce qui justifie parfois un traitement. Un dépistage demeure nécessaire.
 
Des chutes de boutons floraux ont été observées. Afin de différencier la chute physiologique des fleurs ou des jeunes fruits et les dommages de nutrition causés par les punaises ternes adultes, vous pouvez consulter l’avertissement Nº 7 du 9 juillet 2020.
 

Pyrale du maïs
Il n’y a pas de capture confirmée dans les pièges du réseau Solanacées. Nous n’avons pas les données du réseau Maïs sucré au moment d’écrire cet avertissement. Aucun traitement n’est justifié jusqu’à présent.

 

Cicadelle
On rapporte des cicadelles dans plusieurs régions et quelques dommages, mais les seuils n’ont pas été atteints.

Les dommages peuvent varier selon la culture. Dans le poivron, on rapporte un jaunissement général des plants ainsi qu'une déformation ou un gaufrage des plus jeunes feuilles. Les plants fortement affectés cesseront de se développer normalement. Les dommages peuvent être confondus avec des carences en azote, une phytotoxicité causée par un herbicide ou avec la verticilliose dans l’aubergine.


Dépistage et seuils d’intervention
Les seuils suggérés dans la pomme de terre semblent conservateurs, mais appropriés étant donné les toxines injectées par l’insecte, ce qui perturbe la croissance normale des plants. Le seuil est de 0,2 à 0,3 cicadelle adulte avec nymphe/feuille. Intervenez lorsque ce seuil est atteint et que vous observez l’apparition des nymphes. Inspectez 4 feuilles bien développées dans la moitié supérieure des plants sur 25 à 30 plants répartis en W ou en X, afin de bien couvrir la surface du champ.

Dommages abiotiques
Certains collaborateurs rapportent des symptômes de pourriture apicale.



AUBERGINE

 

Maladies
Verticilliose, alternariose et taches bactériennes
Ces maladies commencent à apparaître, mais sont peu abondantes. Pour différencier les dommages de cicadelle des symptômes de la verticilliose dans l’aubergine, veuillez consulter l'avertissement N° 7 du 13 juillet 2022.
 

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Symptômes d'alternariose dans l'aubergine

Photo : Marie-Laure Marcotte, agr. (MAPAQ)



Insectes
 

Doryphore de la pomme de terre 
Les dommages et les stades de développement sont très variables. Malheureusement, plusieurs cas de résistances sont documentés aux néonicotinoïdes, aux diamides et au spinosad. Il est important de traiter lorsque les larves sont jeunes et d’effectuer des rotations de produits. Avec les températures élevées, le développement est plus rapide et c’est pourquoi il faut dépister régulièrement pour cibler le bon stade. Pour une technique de dépistage, consultez l’avertissement N° 3 du 5 juin 2024.

Punaises ternes 
Leur présence est relevée dans quelques régions, mais ne justifie pas de traitement; un seul collaborateur a observé des boutons coupés.

Pucerons 
Ils sont présents dans la majorité des régions. Quelques cas ont justifié un traitement, mais les populations sont faibles en général et les auxiliaires suffisent parfois à les contrôler. Un dépistage demeure important.
 

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Chrysope dévorant un puceron

Photo : Marianne Lefebvre, agr.

 

Tétranyques
Avec la chaleur, ces acariens sont présents dans quelques champs, mais n’ont pas nécessité de traitement.

Cicadelle de la pomme de terre 
De faibles populations de cet insecte sont rapportées dans quelques régions, sans toutefois causer de dommages pour l’instant.
 
Dépistage et seuils d’intervention
Bien que conservateurs, les seuils suggérés dans la pomme de terre seraient transposables à l’aubergine si des dommages sont constatés. L’insecte peut injecter des toxines qui perturbent la croissance normale des plants. Le seuil pour la pomme de terre est de 10 nymphes/100 feuilles. Inspectez 4 feuilles bien développées dans la moitié supérieure des plants sur 25 à 30 plants répartis en W ou en X, afin de bien couvrir la surface du champ.
 
Altise
L’insecte est rapporté dans plusieurs régions. Il peut devenir problématique dans la culture, surtout s’il est combiné avec des dommages d’autres insectes. Pour l’aubergine, un traitement peut être considéré si les dommages affectent 10 à 20 % de la surface foliaire.

Autre
Plusieurs collaborateurs rapportent des scarabées japonais, même dans des zones où ils n’avaient pas été observés jusqu’à présent.

Les thrips sont aussi présents sur quelques sites, sans dommage associé.



CERISE DE TERRE

 

Maladies
Aucun nouveau cas de maladie n'est rapporté cette semaine.


Insectes 
Chrysomèle trirayée de la pomme de terre, tétranyques, pucerons et scarabées japonais
Ces ravageurs sont présents, mais sous contrôle.
 

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Prédation d'une chrysomèle trirayée de la pomme de terre

Photo : Services agronomiques Catherine Thireau, agr.

 

Tous les seuils d'intervention sont tirés du Recueil des seuils d'intervention contre les insectes et maladies en cultures maraîchères (Nadia Surdek)


 

Toute intervention envers un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des pesticides et de leurs risques.
 

 
Cet avertissement a été rédigé par Riva Khanna, agr. (MAPAQ). Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter les avertisseurs du sous-réseau Solanacées ou le secrétariat du RAP. Édition : Marianne St-Laurent, agr., M. Sc. et Lise Bélanger (MAPAQ). La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite. 
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