Plusieurs cas de dommages causés par le ver-gris (Capitale-Nationale et Chaudière-Appalaches). Légionnaire uniponctuée : un autre insecte à surveiller. Canola : dépistage recommandé des altises, piégeage de la cécidomyie du chou-fleur et impact de la sécheresse. Jaunissement du soya : les causes possibles.
En raison de la crise de la COVID-19, le Québec pourrait faire face à une perturbation de son approvisionnement d’équipements de protection individuelle (EPI) au cours de l’été 2020, laquelle perturbation pourrait mener à une pénurie. En toute circonstance, le respect des étiquettes des pesticides et le port d’EPI approprié sont obligatoires (article 36 du Code de gestion des pesticides). La meilleure protection contre l’exposition aux pesticides est de porter un équipement de protection individuelle. Si vous n’êtes pas en mesure de vous procurer un EPI :
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PLUSIEURS CAS DE DOMMAGES CAUSÉS PAR DES VERS-GRIS
DANS LES RÉGIONS DE LA CAPITALE-NATIONALE
ET DE CHAUDIÈRE-APPALACHES
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les papillons
DANS LES RÉGIONS DE LA CAPITALE-NATIONALE
ET DE CHAUDIÈRE-APPALACHES
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les papillons
Le RAP a été informé de plusieurs champs très endommagés par des vers-gris. Le premier est une prairie, située à Saint-Jean-Port-Joli (Chaudière-Appalaches), dans laquelle des larves de ver-gris, mesurant de 1 à 4 cm, ont été observées vers le 11 juin. Le second est un champ d’avoine-pois complètement ravagé à Saint-Urbain (Charlevoix, région de la Capitale-Nationale) par du ver-gris moissonneur; les dommages ont été constatés le 15 juin. D’autres observations de vers-gris dans des prairies de légumineuses et des champs d’avoine ont été faites dans le même secteur, cette semaine. Des papillons de plusieurs espèces de vers-gris (ex. : ver-gris noir, ver-gris moissonneur, ver-gris du trèfle, ver-gris terne) ont été capturés dans le réseau de piégeage du RAP Grandes cultures, au cours des dernières semaines.
Les vers-gris peuvent s’alimenter sur les feuilles ou les collets des plants, générant ainsi des fentes dans les feuilles, le flétrissement ou la mort des plants (plants coupés).
- Les champs établis sur un retour de prairie, de pâturage ou d’engrais vert, en particulier ceux où l’enfouissement de la culture a été effectué depuis moins de 2 ou 3 semaines.
- Les champs ou les secteurs de champ précédemment infestés de mauvaises herbes annuelles, en particulier ceux où ces dernières ont été détruites moins de 2 ou 3 semaines avant le semis.
- Les champs où les mauvaises herbes se sont établies en abondance, après le semis, et qu’on vient tout juste de désherber.
L’objectif est d’observer la présence de symptômes (grignotement, brèches dans les feuilles) pour éviter des dommages importants. D'autant que si un traitement est justifié, ce dernier doit être réalisé avant que la taille moyenne des larves n’atteigne 2,5 cm. Au-delà de cette taille, le traitement n’est plus efficace.
À la vue des premiers symptômes, il peut être pertinent de creuser dans le sol, au pied des plants grignotés. Les chenilles se cachent dans le sol le jour et sortent la nuit pour s’alimenter.
Il est aussi important de faire identifier les larves de l’espèce, car certaines espèces, comme le ver-gris moissonneur, ne produisent qu’une génération par année, alors que d’autres peuvent en produire deux ou trois. Dans le cas de ces dernières, il sera alors important de faire le suivi du champ en tenant compte du cycle de l’espèce. Pour en savoir davantage sur le nombre de générations et la période d’activité des différents vers-gris présents au Québec, veuillez vous référer à la fiche technique Les vers gris dans les cultures maraîchères. Vous pouvez également consulter le Guide d’identification des vers-gris ravageurs des cultures dans les Prairies canadiennes.
Il est également important d’identifier l’espèce pour connaître les insecticides homologués dans chacune des cultures ciblées (SAgE pesticides). Pour plus d’information sur le ver-gris noir, consultez la fiche technique du RAP Grandes cultures.
Dans les cas d’infestations dans des prairies, la stratégie pourrait être de devancer la fauche et limiter les pertes de rendement occasionnées par les larves. Il serait également possible d’exploiter les faiblesses du ravageur en intervenant à des moments bien précis de la journée, par exemple le soir. Dans le fourrage récolté, il sera possible de retrouver une certaine quantité de larves. Toutefois, les modes de conservation (foin sec ou ensilage) vont rapidement tuer ces dernières. Par conséquent, l’impact de la présence de larves sur l’alimentation du bétail n’est pas à craindre. Il est suggéré de visiter de nouveau les prairies lorsque le regain a commencé sa croissance, et ce, pour évaluer les populations de larves et s’assurer que les larves demeurées au champ n’occasionnent pas de dommages de nouveau.
LÉGIONNAIRE UNIPONCTUÉE : UN AUTRE INSECTE À SURVEILLER
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les papillons
Groupe de travail du RAP Grandes cultures sur les papillons
Si l’on considère que les œufs auraient été pondus au moment des différentes dates de pics de captures, et si l’on tient compte de la vitesse de développement de l’insecte, le RAP estime qu’il est temps de dépister les larves dans les champs de prairies, de maïs et de céréales. Plusieurs cas d’infestations par des larves de légionnaires uniponctuées ont été rapportés en Ohio, dans l’État de New York et dans le sud de l’Ontario. Des dommages ont été rapportés également dans un champ de maïs sucré, en Outaouais.
Attention, les quantités de papillons capturés dans les pièges ne sont pas forcément le signe d’une forte infestation de larves. À l’inverse, il est possible de voir des champs atteints près de pièges dans lesquels il y a eu peu de captures. Les papillons pondent dans les champs ayant les caractéristiques idéales pour la ponte et le développement de leur progéniture. C’est la raison pour laquelle le dépistage des larves est recommandé dans les champs à risque.
Les champs à risque qui devraient être surveillés en priorité sont :
- Les champs de céréales de printemps et de maïs semés tardivement et mal désherbés (particulièrement les endroits où il y a eu présence ou avec présence de chiendent).
- Les peuplements denses de céréales et de graminées vivaces.
- Les prairies situées à proximité des cours d'eau.
Attention de ne pas confondre les larves de la légionnaire uniponctuée avec les larves d’autres espèces comme le ver-gris (voir ci-dessus). Les larves de légionnaire possèdent des bandes longitudinales le long du corps et un Y inversé sur la tête. Des larves de légionnaire uniponctuée à différents stades de développement ainsi que différentes couleurs peuvent être observées au même moment, dans un même champ.
Pour obtenir une bonne estimation des populations, il convient d’évaluer les densités de larves de légionnaire tôt le matin ou en soirée, aux moments où elles sont le plus actives. Pendant la journée, elles se cachent dans la végétation dense et sous les débris. Par temps nuageux, les larves se retrouvent parfois à l’intérieur du cornet des plants de maïs et sur les épis des céréales.
Que faire si vous trouvez des larves ?
Certaines larves peuvent être parasitées (les photos ci-dessous montrent des cas de parasitisme). Si un grand nombre de larves est parasité, cela signifie qu’un contrôle naturel des populations est réalisé par des ennemis naturels de la légionnaire uniponctuée et qu'il faut éviter de traiter avec un insecticide. De même, il est inutile de traiter quand les larves sont très grosses (> 2,5 cm), car l’insecticide n’est plus efficace à ce stade. Lorsqu’elles atteignent cette taille, elles sont très voraces et causent 80 % des dommages jusqu’à ce qu’elles arrivent à maturité (3,5 cm), d’où l’importance d’effectuer un dépistage fréquent des champs à risque.
Les conditions météorologiques influencent le développement des larves. Le temps sec et les températures plus élevées que 25 oC leur sont défavorables.
Pour en savoir plus sur les champs, la méthode de dépistage et les seuils d’intervention, consultez l’avertissement N° 6 du 21 juin 2019.
Si vous trouvez des larves de légionnaire uniponctuée, merci de contacter le CÉROM et de leur en faire parvenir des spécimens, afin d’évaluer la présence d’ennemis naturels.
CANOLA : DÉPISTAGE RECOMMANDÉ DES ALTISES,
PIÉGEAGE DE LA CÉCIDOMYIE DU CHOU-FLEUR ET
IMPACT DE LA SÉCHERESSE
PIÉGEAGE DE LA CÉCIDOMYIE DU CHOU-FLEUR ET
IMPACT DE LA SÉCHERESSE
Groupe de travail sur les ravageurs du canola
Altises
Depuis le dernier avertissement (12 juin dernier), deux sites du réseau Grandes cultures, un situé à Cacouna (Bas-Saint-Laurent) et un autre à Nédelec (Témiscamingue), ont dépassé le pourcentage de défoliation de 25 %, soit le seuil à partir duquel un traitement insecticide foliaire peut être justifié. Le dépistage des altises est recommandé dans les champs de canola situés au Bas-Saint-Laurent et au Témiscamingue, et dont le stade de développement est inférieur à 5 feuilles. Au Saguenay–Lac-Saint-Jean, les populations sont en augmentation dans deux champs situés à Saint-Félicien et à Alma, mais les surfaces foliaires défoliées demeurent sous la barre des 25 %. Il est donc justifié de demeurer à l’affût dans cette région, car le risque de défoliation est présent lorsque les plants sont au stade sensible. Le reste des champs suivi par le RAP se situent bien en dessous du seuil de défoliation (5 %). Cliquez ici pour accéder aux données de dépistage des champs suivis par le RAP.
Pour évaluer la pertinence d’appliquer ou non un traitement insecticide, le suivi du canola doit se faire jusqu’au stade 5 feuilles, après quoi, les plants sont moins sensibles aux dommages d’altises. Si des dommages sont observés au premier dépistage, un suivi aux deux (2) jours sera nécessaire pour suivre de près l’évolution. Un traitement peut être indiqué seulement si le pourcentage moyen de la surface foliaire affectée atteint 25 % et que les altises sont présentes et s'alimentent.
Les altises sont très actives par temps ensoleillé, peu venteux et relativement sec, et lorsque les températures moyennes quotidiennes dépassent 16 °C, sans être trop élevées.
Pour obtenir plus de détails sur le dépistage, dont les illustrations du pourcentage de surface foliaire affectée et les stratégies d’intervention contre les altises, consultez la fiche technique Altises du navet et altise des crucifères.
Cécidomyie du chou-fleur
Compte tenu des stades de croissance actuels dans les champs de canola à travers la province, il est toujours temps pour les producteurs de se procurer du matériel pour piéger la cécidomyie du chou-fleur. Ce suivi est particulièrement recommandé dans les champs semés tardivement. Pour en savoir davantage sur le sujet, veuillez vous référer à l’avertissement No 7 du 12 juin dernier. Cliquez ici pour accéder aux résultats de piégeage de ce ravageur dans les champs suivis par le RAP.
Impact de la sécheresse sur le développement du canola
L’impact des conditions sèches sur le développement des plants a notamment été constaté dans un champ suivi par le RAP au Bas-Saint-Laurent; les plants situés dans les zones bénéficiant de plus d’humidité étaient beaucoup plus développés (stade 4 feuilles) que dans les zones plus sèches (stade cotylédons). Les zones sèches accusent un retard de croissance important. Si cette différence de stade se maintient, la situation rend ce champ à risque plus longtemps pour chacun des ravageurs du canola qui pourraient s’y attaquer.
SOYA JAUNE EN DÉBUT DE SAISON : LES CAUSES POSSIBLES
Brigitte Duval, agr. (MAPAQ) et Yvan Faucher, agr. (MAPAQ)
Brigitte Duval, agr. (MAPAQ) et Yvan Faucher, agr. (MAPAQ)
Il n’est pas rare que le soya soit vert pâle ou même jauni en début de saison. Outre l’effet variétal, plusieurs facteurs peuvent être en cause. Certains ne portent pas à conséquence, tandis que d’autres peuvent être plus graves. Voici quelques causes possibles liées aux carences minérales et aux herbicides.
Carences minérales
Azote (N)
Avant que les nodules du soya suffisent à la demande en N de la plante, il est possible que les plants de soya subissent temporairement une légère carence. La carence en N se manifestera d’abord sur les feuilles du bas, l’azote étant mobile dans la plante et donc relocalisé vers les nouvelles feuilles. À mesure que le système racinaire se développe et que les nodules se forment, la couleur vert foncé du soya revient généralement d’elle-même en peu de temps, et il n’y a pas d’impact sur le rendement.
Potassium (K) - Figure 1.A
Cette carence peut être observée particulièrement en sols légers organiques. Généralement, elle est attribuable à une faible teneur du sol en K, mais plusieurs autres causes sont possibles, dont la sécheresse. À l’échelle d’un champ, la distribution des plantes carencées n’est généralement pas uniforme (zones affectées plus ou moins rondes, parfois avec une variation importante dans la hauteur et la couleur des plants, et ce, sur une courte distance). Le K étant mobile dans les plantes, les symptômes de la carence en K apparaissent d’abord sur les plus vieilles feuilles, mais il arrive parfois qu’ils soient visibles sur l’ensemble des feuilles d’un même plant. La carence en K se manifeste principalement par une chlorose (jaunissement) sur la bordure des folioles, en commençant par le bout de celles-ci. Une carence en K chez le soya peut se corriger entre autres par une application de 0-0-60 à la volée, avant une pluie. Pour en savoir plus : La carence en potassium chez le soya : diagnostic et correction.
Manganèse (Mn) - Figure 1.B
La carence en Mn apparaît le plus souvent dans un sol ayant un pH élevé et/ou une faible teneur en Mn disponible. Les symptômes d’une carence en Mn se présentent principalement par une chlorose entre les nervures (feuilles jaunies et nervures demeurant vertes) d’abord sur les jeunes feuilles d’une plante, car le Mn n’est pas mobile dans la plante. À l’échelle d’un champ, la distribution des plantes carencées n’est généralement pas uniforme (symptômes par ronds ou par zones). Pour prévenir la carence en Mn, il faut éviter de surchauler les sols dont la teneur en Mn disponible est faible, ainsi que les sols très riches en matière organique. L’application de Mn au sol n’est généralement pas recommandée. Dans certains cas, on peut obtenir une réponse intéressante en faisant une application de Mn sous forme foliaire. Il est recommandé de faire ses propres essais à la ferme. Pour en savoir davantage : La carence en manganèse dans les céréales à paille et le soya.
Herbicides
Figures 1.C et 1.D
Certains herbicides homologués pour le soya peuvent aussi causer un jaunissement de la plante peu après l’application (yellow flash). Ce jaunissement sera plus prononcé dans les zones où la dose d’herbicide était plus élevée (ex. : bout de champ, zones de chevauchement). Des conditions climatiques défavorables à la croissance du soya peuvent contribuer à cet effet. Généralement, le soya devrait retrouver sa couleur normale environ une semaine après l’application de l’herbicide, si les conditions météorologiques sont favorables.
Dans d’autres cas, le jaunissement du soya peut être dû à une mauvaise application d’herbicide : dérive, résidu dans le sol (carryover), dose trop élevée, application effectuée lors de conditions météorologiques extrêmes, etc.
Toute intervention de contrôle d’un ennemi des cultures doit être précédée d’un dépistage et de l’analyse des différentes stratégies d’intervention applicables (prévention et bonnes pratiques, lutte biologique, physique et chimique). Le Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) préconise la gestion intégrée des ennemis des cultures et la réduction des risques associés à l’utilisation des pesticides. |
Pour des renseignements complémentaires, vous pouvez contacter l’avertisseuse du réseau Grandes cultures ou le secrétariat du RAP. La reproduction de ce document ou de l’une de ses parties est autorisée à condition d'en mentionner la source. Toute utilisation à des fins commerciales ou publicitaires est cependant strictement interdite. Le Réseau d'avertissements phytosanitaires (RAP) a pour mission d'informer les producteurs et autres intervenants du domaine agroalimentaire québécois au sujet de la présence et de l'évolution des ennemis des cultures dans leurs régions respectives, et des meilleures stratégies pour les gérer. Les communiqués du RAP Grandes cultures sont diffusés gratuitement par ces trois canaux : par courriel, via le site Web d’Agri-Réseau et via Twitter.